Des loyers en hausse, moins de logements
La classe moyenne est la principale victime de la nouvelle crise du logement

Les loyers augmentent, l'offre se fait rare et aucune amélioration n'est en vue. C'est ce que montre le moniteur du logement de la Confédération. Et c'est surtout la classe moyenne inférieure qui souffre de la situation tendue sur le marché du logement.
Publié: 05:25 heures
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Dernière mise à jour: il y a 10 minutes
Les personnes qui cherchent un logement doivent payer bien plus cher qu'auparavant.
Photo: Sven Thomann
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Lucien Fluri

En Suisse, il est difficile de trouver un logement bon marché. C'est ce que montre le moniteur l'Office fédéral du logement (OFL). Après une pause de deux ans, il vient d'être actualisé et publié sous une toute nouvelle forme.

Du point de vue des experts, la situation actuelle sur le marché du logement est «préoccupante». Le marché est «très tendu», en particulier en Suisse alémanique. L'offre de logements s'est encore raréfiée. Et contrairement au passé, cela ne concerne pas seulement le segment de prix le plus bas, c'est surtout la classe moyenne qui est touchée.

Ce que l'on sait de la situation

  • Les loyers et les prix d'achat ont nettement augmenté en raison de la pénurie d'offres. Les locataires ou les acheteurs n'en ont pas pour autant plus pour leur argent.
  • La situation est tendue en Argovie, en Suisse centrale et autour de Zurich. Selon la Confédération, la situation est même préoccupante dans certaines régions de montagne: dans l'Oberland bernois, dans les Grisons ou encore en Valais, où l'économie est en plein essor autour de Viège, mais où les logements manquent.
  • La situation est plus détendue en Suisse romande, et ceux qui cherchent un logement au Tessin ou dans le Jura ont peu de soucis à se faire.
  • Aucune amélioration en vue: il n'y a pas assez de nouveaux logements construits par rapport au nombre de nouveaux ménages. La pénurie va donc continuer.
  • Les personnes aux revenus faibles sont également impactées: comme il manque des logements pour la classe moyenne, cette dernière se rabat sur des logements moins chers. Cela rend donc la situation encore plus difficile pour les personnes à faibles revenus.

Quelles sont les conséquences?

  • Les familles et les grands ménages, en particulier, ont du mal à trouver un nouveau logement.
  • La majorité des ménages ne peut plus envisager de devenir propriétaire de son logement. De moins en moins de personnes peuvent se permettre d'acheter leur propre appartement ou maison. Le taux a baissé au cours des dernières années.
  • Le logement est surtout un défi financier pour les personnes à faibles revenus: 44,8% du budget du ménage de ces personnes étaient consacrés aux frais de logement en 2022. En 2018, ce chiffre était encore de 40,8%. En moyenne, cela représente 27% du revenu.
  • Les prix sont désormais si élevés dans le segment supérieur que la demande diminue. Cette tendance est observée depuis fin 2023.
Dans certaines parties du Valais, comme à Sion par exemple, la situation est tendue.
Photo: Sven Thomann

Quelles sont les solutions proposées par les politiques?

Moins d'obstacles: La Société suisse des entrepreneurs (SSE) aborde ce sujet en détail dans son Agenda 125.0. Pour les entrepreneurs, le point sur lequel il faudrait agir est clair: «L'activité de construction diminue en raison des surréglementations, des oppositions et des longues procédures d'autorisation.» L'association demande une densification, des procédures d'autorisation plus légères, des distances à la limite plus faibles et des coefficients d'utilisation plus élevés. En outre, les zones de travail et d'habitation ne doivent plus être séparées aussi strictement qu'aujourd'hui.

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Dans les villes, il est particulièrement difficile de construire, il y a d'énormes contraintes et il faut une éternité pour obtenir un permis de construire
Gregor Rutz, président de l'Association des propriétaires fonciers et conseiller national UDC
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L'immigration pointée du doigt par l'UDC: Gregor Rutz est président de l'Association des propriétaires fonciers et conseiller national UDC. En tant que politicien, il s'attaque notamment à l'immigration. «Dans les villes en particulier, la demande de logements a fortement augmenté en raison de l'immigration. Nous ne pouvons désamorcer ce problème qu'en la régulant.» 

Gregor Rutz, conseiller national UDC et président des propriétaires fonciers, estime qu'il faut limiter l'immigration et supprimer plusieurs réglementations.
Photo: keystone-sda.ch

En tant que président des propriétaires fonciers, Gregor Rutz demande aussi un climat plus favorable aux investissements afin que davantage de logements soient construits. «Dans les villes, il est particulièrement difficile de construire, il y a d'énormes contraintes et il faut une éternité pour obtenir un permis de construire», déplore-t-il. Gregor Rutz fait référence à la ville de Zurich: «Où veut-on densifier, si ce n'est en ville de Zurich?» Mais le Conseil municipal veut faire invalider une initiative qui demande des surélévations sur des bâtiments existants. Parallèlement, les trois quarts de la surface urbanisée de la ville sont protégés. Enfin, la ville aurait procédé à des achats de terrains qu'aucun particulier ne pourrait se permettre. «Cela aussi entraîne une hausse des prix.»

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Nous devons soutenir davantage les coopératives et les projets de logements d'utilité publique
Michael Töngi, vice-président de l'Association des locataires et conseiller national des Vert-e-s
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Plus de politique foncière, plus de coopératives: les solutions proposées par l'association des locataires (Asloca) n'ont rien à voir avec celles de l'association des propriétaires fonciers. La première a lancé une initiative visant à plafonner les rendements excessifs des loyers. 

Pour Michael Töngi, conseiller national des Vert-e-s et vice-président de l'association des locataires, la solution passe par davantage de coopératives et un plafonnement des rendements excessifs.
Photo: keystone-sda.ch

Michael Töngi, vice-président de l'Asloca et conseiller national des Vert-e-s, voit encore d'autres possibilités pour contrer la situation: «Nous devons soutenir davantage les coopératives et les projets de logements d'utilité publique.» Il peut aussi imaginer des zones pour des logements à prix modérés ou le droit de préemption des pouvoirs publics pour obtenir des terrains. «Dans les villes, il faut une politique foncière active», déclare le Lucernois. «Nous devons fixer des conditions cadres permettant à tout le monde de trouver un logement abordable, même si la population augmente.»

Le Conseil fédéral a déjà communiqué certaines mesures en avril 2024. Parmi elles, l'inscription obligatoire du loyer payé par les locataires précédents dans les contrats de location de certains cantons.

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