«Tu n’es pas seul.» C’est avec ces mots que des policiers suisses sont accueillis depuis quelques jours sur un nouveau site internet. «Wir für euch», «Nous pour vous», se veut une plateforme d’échange à l’abri des «craintes d’exclusion et de conséquences». Mais des conséquences de quoi, exactement?
«Nous considérons que les restrictions des droits fondamentaux sur la période actuelle sont en contradiction avec la proportionnalité et le bien suprême d’une démocratie: la liberté», déclarent les policiers du mouvement sur le site. La cible est claire: les mesures anti-Covid.
Les créateurs du mouvement, qui se décrivent comme une «association de policiers de tous les cantons suisses», expriment des critiques sévères à l’égard des mesures sanitaires et de la Confédération. «Nous avons un devoir envers l’État de droit», disent-ils.
À l'occasion du 1er août, un message sur le site et lié au nom de l'avocat zurichois Philipp Kruse donne le ton: «Les politiciens suisses des pouvoirs exécutif et législatif à tous les niveaux appliquent servilement les directives de Big Pharma en un temps record, avec le soutien massif des médias.»
De la désobéissance civile de la part de policiers?
Dans une lettre ouverte adressée en allemand à la Fédération Suisse des Fonctionnaires de Police (FSFP) en février dernier, les représentants prévenaient que des policiers membres du mouvement pourraient refuser de faire appliquer un certain nombre de mesures sanitaires, comme le rapport «20 Minuten». Ce texte long de quatre pages liste une série de revendications et se justifie avec des éléments juridiques.
«De nombreux policiers ne sont plus disposés» à faire appliquer des mesures qui vont à l’encontre «des intérêts d’une majorité responsable» et touche à la restriction de droits fondamentaux de manière disproportionnée. Seules des mesures «compréhensibles et proportionnées» sont acceptables.
Le message du mouvement a été bien accueilli par de nombreux coronasceptiques alémaniques sur Telegram. La lettre a été et est toujours partagée avec diligence dans de nombreux groupes concernés et accompagnée d’applaudissements.
La FSFP prend ses distances
La Fédération Suisse des Fonctionnaires de Police déclaré à «20 Minuten» qu’elle prenait ses distances par rapport à ce qu’elle considère comme des «menaces d’insubordination».
En outre, il n’est pas tout à fait clair si le groupe a effectivement été fondé par des policiers. «Wir für euch» ne représenterait qu'une petite minorité des 26’500 membres affiliés à la FSFP.
Faire respecter le droit au-delà de ses convictions politiques
Bien que les policiers aient un devoir de réserve envers leur employeur, ils sont des citoyens à part entière et sont autorisés à avoir leurs propres opinions. «Un ordre donné dans le cadre du service doit cependant être garanti d’être suivi en tout temps», indique la FSFP.
La police doit avant tout faire respecter le droit, rappelle la Conférence des commandants des polices cantonales de Suisse (CCPCS). Cela vaut pour chaque agent et se fait «indépendamment des convictions politiques de chacun».
Si un agent de police refuse d’appliquer la loi, il est passible de poursuites et doit s’attendre à des «conséquences en vertu du droit du personnel».