Des expertes mettent en garde
Pourquoi il est dangereux de publier des photos d'enfants sur Internet

Poster des photos de ses enfants sur les réseaux sociaux est de plus en plus courant au sein des familles. Deux expertes expliquent quels risques les parents prennent et pourquoi les photos peuvent encore avoir des conséquences des années plus tard.
Publié: 07.08.2023 à 22:01 heures
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Dernière mise à jour: 09.08.2023 à 10:35 heures
Un cliché attendrissant peut avoir de fâcheuses conséquences pour un jeune enfant, même des années plus tard.
Photo: Getty Images
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Jana Giger

Par fierté ou pour obtenir des likes, de nombreux parents publient des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux. Ce phénomène s’appelle le «sharenting», un mot-valise composé de «share» (en français: partager) et «parenting» (en français: éducation parentale). Le sharenting part d’une bonne intention – en général. Mais rendre des photos d’enfants accessibles par tout en chacun sur Internet peut se révéler extrêmement dangereux. Les parents doivent prendre des précautions: en voici une liste.

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Même des photos inoffensives peuvent se retrouver sur le darknet

Des photos du quotidien qui peuvent paraître inoffensives – fêtes d’anniversaire, vacances d’été ou tournoi de football – se retrouvent toujours plus fréquemment dans la ligne de mire des prédateurs sexuels. C’est ce que montre une analyse de données faite par la télévision allemande. Les auteurs enregistrent des photos d’enfants à partir de profils privés sur les réseaux sociaux et les mettent à disposition sur des forums où l’on trouve également des images montrant des abus graves.

Les photos sont ensuite commentées de manière obscène. Parfois, les auteurs mentionnent même le nom et l’âge de l’enfant et partagent un lien vers les comptes d’où proviennent ces images. Sur l’une des plus grandes plateformes de photos illégales pour pédophile, au moins une image sur quatre provient à l’origine de Facebook ou d’Instagram. «Au moment où les parents postent une photo de leur enfant en ligne, ils en abandonnent le contrôle pour toujours», assène Regula Bernhard Hug, directrice de la fondation Protection de l’enfance Suisse.

Selon Bernhard Hug, les enfants devraient tout au plus être visibles de profil sur les photos.
Photo: Getty Images
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Les images anonymisées ne sont pas toutes sûres

Afin d’éviter que des photos se retrouvent entre de mauvaises mains, certains parents cachent le visage de leur enfant avec un émoji. «Il s’agit d’une mesure de sécurité illusoire», souligne Regula Bernhard Hug. Selon elle, les émojis peuvent être supprimés à l’aide de programmes informatiques. «Pixelliser les photos peut encore être une bonne solution actuellement», ajoute-t-elle. Mais au vu du développement rapide de l’intelligence artificielle, elle le déconseille. «Pour rendre l’enfant le plus méconnaissable possible, le plus sûr est de ne le voir sur la photo que de dos ou de profil.»

Les parents doivent également être conscients qu’en acceptant les conditions générales des plateformes et des applications, ils les autorisent à utiliser leurs données personnelles à des fins publicitaires ou à les transmettre à des tiers.

Les parents devraient toujours se demander avant de poster: «Est-ce que je mettrais cette photo de mon enfant sur une affiche dans un lieu public pour toujours?»
Photo: Getty Images/Westend61
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Les photos peuvent influencer la recherche d’emploi

L’empreinte numérique que l’on laisse en publiant des photos d’enfants peut, dans certaines circonstances, avoir un effet négatif lors d’un éventuel processus de recrutement à un stade ultérieur de leur vie, souligne Rita Jedelhauser, avocate bâloise, spécialiste des questions relatives aux enfants. Par exemple, si des problèmes de santé comme des troubles de la vue sont visibles sur les photos, ou sont thématisés. «L’employeur peut refuser un candidat sur la base de photos et d’informations, même si le problème en question appartient au passé.» Pour aider à savoir si l’on devrait poster une photo ou non, il est utile, selon Rita Jedelhauser, de se poser la question suivante: «Est-ce que je mettrais cette photo de mon enfant sur une affiche dans un lieu public pour toujours?»

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Les enfants peuvent être gênés par les photos

«Une photo que les parents trouvent attendrissante ou qui les remplit de fierté peut provoquer un sentiment de honte chez des enfants de six ans déjà», rappelle Rita Jedelhauser. C’est pourquoi elle conseille aux parents de toujours demander à leurs enfants, à partir de l’école primaire, s’ils sont d’accord de poster les images en question. Il faut accepter un refus, insiste l’experte. «C’est non seulement respectueux, mais cela apprend aussi aux enfants à gérer les limites et leur propre vie privée sur les réseaux sociaux.»

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Les bébés ont déjà le droit à l’image

Le droit à l’image fait partie du droit de la personnalité. «Les bébés et les jeunes enfants y ont droit au même titre que les adultes», explique Rita Jedelhauser. Pour les bébés, ce sont les parents qui sont responsables du respect de leur droit à l’image, car les nourrissons ne peuvent pas encore donner leur consentement.

Mais les parents doivent être conscients que le droit à l’autodétermination peut être revendiqué de manière rétroactive. Cela signifie que les enfants, arrivés à l’âge adulte, peuvent intenter une action en justice contre leurs parents qui ont publié une photo d’eux bébé. A partir de trois ans environ, les enfants sont capables de signaler à leurs parents qu’ils ne veulent pas être photographiés en se détournant. «Les parents ne devraient pas ignorer ces signes.»

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