Des expatriés se confient
«Ce n'est pas facile de se faire des amis suisses»

La Suisse, réputée pour sa stabilité, peut être un défi pour les expatriés. Malgré sa qualité de vie élevée, l'intégration sociale y reste difficile. Des expatriés partagent leurs expériences et conseils pour s'adapter à la vie en Suisse.
Publié: 30.03.2025 à 22:02 heures
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L'Américaine Stacy Fiehler a osé traverser l'Atlantique il y a 15 ans par amour, comme elle le confie à Blick.
Photo: Stacy Fiehler
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Cédric Hengy

La Suisse est considérée comme un gage de stabilité et de prospérité bien au-delà de ses frontières. Dans le classement des villes les plus agréables à vivre, les localités suisses occupent chaque année les premières places. 

Les conditions de vie dans notre pays sont donc extrêmement attrayantes pour les expatriés issus d'autres pays. Mais une fois qu'ils se sont installés, le réveil est parfois difficile pour certains. En effet, de nombreux nouveaux arrivants ont du mal à s'intégrer.

La langue n'est pas le seul obstacle, certains ont également du mal avec la «gentillesse» suisse. Selon le rapport «Expat Insider» de l'année dernière, la Suisse n'est classée que 46e sur 53 dans cette catégorie. Le Danemark, dont la qualité de vie est très appréciée, n'arrive lui aussi qu'en 45e position. La thématique des expatriés en Suisse semble désormais susciter l'intérêt des pays voisins.

Arrivée en Suisse par amour

Le magazine «Zeit» s'est entretenu avec deux expatriés suisses. L'une d'entre elles est Stacy Fiehler. Cette Américaine de 44 ans a osé traverser l'Atlantique il y a 15 ans «par amour», comme elle le confie à Blick. «A l'époque, je sortais avec un danseur de tango argentin qui s'était installé en Suisse. J'ai décidé de le suivre». En arrivant, elle ne savait absolument rien de la Suisse, si ce n'est les clichés habituels. Elle n'a pu être motivée que par quelques cours d'allemand. «Mais ils ne m'ont pas vraiment aidée», dit-elle rétrospectivement.

Certes, elle n'est plus avec le danseur. Mais Stacy Fiehler est tout de même restée en Suisse. Aujourd'hui, elle vit à Zurich avec son mari – un Britannique – et sa famille. Au début, cela n'a pas été facile. «C'étais assez compliqué de se faire un cercle d'amis suisses quand on vient d'arriver», dit-elle. De par leur culture, les Suisses forment une communauté très soudée. Le facteur disponibilité joue également un rôle important. «Les Suisses sont des gens occupés», explique Stacy Fiehler.

Par la suite, elle s'est surtout constitué un cercle d'amis internationaux. L'Américaine confie à Blick: «Mais même cela n'a pas été une chose aisée, d'autant plus que beaucoup sont repartis au bout d'un certain temps et que j'ai dû recommencer à zéro.» Aujourd'hui, ce sont surtout les amis de son mari avec lesquels ils font des choses. «Cela rend les choses un peu plus faciles.»

«Il y a aussi beaucoup de gens ouverts ici»

Eduardo Aponte a quitté la lointaine Colombie en 2013 pour s'installer à Zurich afin d'obtenir un doctorat à l'EPFZ. Il rapporte des faits similaires, alors même que ce n'était pas sa première expérience en Suisse. Quelques années auparavant, il avait déjà fait un passage par Bâle et Genève. «Mais à l'époque, mon impression n'était pas la meilleure», confie-t-il à Blick. «Genève, en particulier, m'apparaissait surtout comme une ville pour les riches, les personnes âgées et les diplomates.» Zurich semble toutefois avoir séduit le Colombien.

Un avantage a certainement été que, contrairement à Stacy Fiehler, Eduardo Aponte n'a pas eu trop de mal à se faire des amis suisses au début. «A l'époque, je vivais dans une colocation avec d'autres Suisses, qui étaient tous très ouverts.» Mais il connaît aussi des expériences moins positives. «Bien sûr, on entend toujours dire que les Suisses veulent plutôt rester entre eux, mais il y a aussi beaucoup de gens ouverts ici.»

Aujourd'hui, il fréquente toutefois à nouveau de plus en plus les cercles d'expatriés, ce qui est sans doute aussi lié à son travail. «La majorité des collaborateurs de notre entreprise sont internationaux, c'est pourquoi on ne parle pratiquement que l'anglais.» Son allemand n'en souffre-t-il pas? «Si, bien sûr, il s'essouffle un peu.»

«Les Suisses ont un visage de joueur de poker»

Pour l'instant, un déménagement n'est pas à l'ordre du jour pour les deux expatriés. Stacy Fiehler et Eduardo Aponte se sentent tous deux chez eux ici. Ce dernier s'efforce même d'obtenir la nationalité suisse.

Que conseilleraient-ils aux expatriés qui s'apprêtent à déménager en Suisse ou qui viennent d'y planter leur tente? «Les Suisses arborent un visage de joueur de poker, mais il ne faut en aucun cas le prendre personnellement», dit Stacy Fiehler. Eduardo Aponte conclut: «Il ne faut pas partir du principe que l'on va se faire immédiatement des amis suisses. Pour cela, il faut un peu plus de temps en Suisse.»

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