«Quand vous êtes au milieu de Verdun avec le bruit et la poussière, personne n'a envie de venir manger chez vous!» Laurent Terlinchamp, président de la Société des Cafetiers de Genève, a le sens de l'image. Contacté par Blick, il réagit à la situation apocalyptique vécue par un restaurant genevois et décrite dans la «Tribune de Genève» du 21 novembre.
À l'angle du Boulevard du Pont-d'Arve et de la rue de Carouge, à quelques encablures d'UniMail, un restaurant, le Cap's BBQ, est caché au milieu de travaux d'envergure. La faillite guette. D'un côté, décrit le quotidien, l'accès est barré par des clôtures. L'entrée n'est possible qu'en empruntant un étroit chemin le long des machines de chantiers. Toujours selon la «Tribune», les fournisseurs et le camion qui vide le bac à graisse ne peuvent plus s'approcher.
Au moins deux mois de retard
L'ouvrage a démarré en juin dernier et devait durer quatre mois. Il se prolongera au moins jusqu'en décembre. Une catastrophe pour l'établissement de spécialités du sud des États-Unis. Le chantier servant notamment à poser de nouvelles canalisations sous la route, on imagine les odeurs durant l'été caniculaire.
La poussière, le bruit constant et les coupures d'eau ne se sont pas arrêtés après la belle saison. Les clients se font rares et le chiffre d'affaires est en chute libre.
Dernier clou dans le cercueil: il n'y a pas d'aide prévue. La Ville de Genève, qui organise l'ouvrage avec les services industriels, est catégorique dans un courrier que la Julie a consulté. Pas d'aide financière, car le chantier est d'intérêt public. «Les commerces sont ouverts pendant les travaux», indique un panneau aux passants qui se risqueraient dans ce qui reste de la rue.
Les élus veulent du changement
Bonne nouvelle, les choses pourraient un jour changer. Au Conseil municipal (législatif), une motion a été déposée pour mieux considérer les commerçants. Et surtout, les dédommager en conséquence en cas d'impact des travaux sur l'activité économique. Tout l'enjeu sera de corréler chiffre d'affaires en baisse et impact des travaux sur ce dernier.
Mais cela risque de coûter cher au contribuable genevois, vu que la ville est «un chantier à ciel ouvert, soupire Laurent Terlinchamp. Si demain, on indemnise tous les gens qui méritent de l'être, ça n'est pas tenable.» Le président des cafetiers rêve au bout du fil d'un texte de loi qui épargne la faillite aux commerçants. Tout en étant «respectueux de toutes les parties. Il n'y a pas de raison pour qu'une seule personne paye la facture d'un chantier 'd'intérêt général'. Mais c'est quand même avec les impôts des autres qu'on aide.»
Humain avant tout
Le représentant de la branche imagine que des dédommagements «à hauteur de quelques dizaines de milliers de francs» pourraient être inclus dans les budgets des travaux. Qui, eux, se chiffrent en centaines de millions.
«Ça serait humain avant même d'être commerçant.» Laurent Terlinchamp compte sur le «bon sens politique et le courage» des élus genevois pour que les choses changent. «Faites-le, on vous regarde», conclut-il.