Les Suisses sont férus de sports d'hiver. Pas moins de 62% d'entre eux font régulièrement du ski. Et les parlementaires font d'ailleurs partie du lot: chaque mois de janvier, les élus suisses et britanniques se retrouvent durant une semaine pour aller skier ensemble. Cette année, l'événement s'est carrément conclu par un slalom qui a vu la conseillère nationale Vert'libérale Barbara Schaffner et son collègue du Parti évangélique suisse (PEV) Marc Jost écraser la concurrence.
Cet événement prouve à lui seul que le ski est un véritable sport national. Mais cela pourrait bientôt changer. En cause, la hausse des prix des forfaits dans nos domaines skiables, qui empêche de plus en plus de gens de se défouler sur les pistes. Le modèle des prix dynamiques, qui consiste à faire payer moins cher les clients qui achètent leur forfait en avance, est d'ailleurs fortement critiquée par Monsieur Prix.
Avec ce modèle, plus vous achetez votre forfait tard, plus les prix pour une simple journée de ski auront tendance à s'envoler. «Les prix dynamiques sont voulus par les fournisseurs: il s'agit uniquement d'augmenter les recettes» et en aucun cas de garder un contrôle sur l'utilisation des domaines skiable, estime Sara Stalder, directrice de la Fondation alémanique de protection des consommateurs.
«Chercher le dialogue»
Et nos parlementaires titrés en slalom alors? Que pensent-ils de ce phénomène? Marc Jost estime lui aussi que le modèle des prix dynamiques est problématique. «Le ski ne doit pas passer du statut de sport populaire à celui de sport pour la classe moyenne et les riches.»
La conseiller national du PEV estime toutefois que c'est aux domaines skiables et non aux politiques d'agir. «Chercher le dialogue avec les associations hôtelières et touristiques serait tout de même une étape importante», précise-t-il. Et si la tendance ne s'inverse pas à moyen-terme? alors des mesures politiques concrètes devront être envisagées, assure Marc Jost.
Des mesures difficiles à faire passer
Le point de vue n'est pas le même du côté de Barbara Schaffner. Pour la championne vert'libérale de slalom, le prix des forfaits de ski n'est pas question politique. «Il s'agit ici d'une offre de loisirs relevant de l'économie privée. Elle estime d'ailleurs qu'il faut garder un certain contrôle sur l'utilisation des installations :«Je trouve donc que les prix dynamiques se justifient.»
Contrairement à Marc Jost, elle juge la hausse constante des prix comme un phénomène normal, qu'elle l'impute aux multiples investissements opérés par les remontées mécaniques suisses. Elle appelle néanmoins à ce que les prix restent transparents.
Le combat politique contre la hausse des prix du forfait de ski, ce n'est donc pas pour tout de suite. Sara Stalder, de la Fondation alémanique de protection des consommateurs, le reconnait volontiers: des mesures seraient difficiles à faire passer avec la majorité actuelle au Parlement. Elle tient toutefois à sensibiliser les skieurs à la question: «Le modèle de prix dynamique n'est pas donné, et il faut faire part de son mécontentement aux domaines skiables.»