Des critères strictes
En Suisse, seule une personne intéressée sur dix devient donneuse de sperme

Depuis 2021, les enfants conçus par don de sperme ont le droit de connaître leurs origines biologiques. Mais tout le monde ne peut pas devenir donneur. Le médecin spécialiste Peter Fehr explique quelles sont les règles pour les personnes intéressées et les familles.
Publié: 22.08.2024 à 22:02 heures
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Dernière mise à jour: 22.08.2024 à 22:05 heures
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En Suisse, les donneurs de sperme sont soumis à des conditions strictes.
Photo: Getty Images
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Olivia Ruffiner

De nombreux couples qui n'arrivent pas à avoir d'enfants viennent consulter Peter Fehr. Ce médecin spécialiste en médecine de la reproduction travaille dans l'une des huit cliniques de Suisse qui traitent les dons de sperme. En Suisse romande, seule Lausanne compte ce type de centres. 

Dans son travail quotidien, Peter Fehr ne s'occupe pas seulement des couples, mais aussi des donneurs. Il explique à Blick comment faire pour devenir donneur, et quels sont les droits et les obligations qui y sont liés en Suisse.

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Pas tout le monde ne peut devenir donneur

«Nous avons beaucoup de demandes de donneurs. Mais malheureusement, après vérification, nous ne pouvons accepter qu'environ une personne intéressée sur dix dans la banque de sperme», relève le spécialiste. 

La procédure commence par un enregistrement, dans lequel les personnes intéressées doivent répondre à un questionnaire. Elles y fournissent des informations sur leur apparence, leur profession et leurs antécédents médicaux.

Après un examen préliminaire positif, le donneur doit passer un spermogramme. La clinique teste alors le nombre, la mobilité et la forme des spermatozoïdes. Et là, environ 70% des candidats échouent à cet examen. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont stériles. «Comme le sperme est congelé puis décongelé, nous devons nous attendre à une perte de qualité», explique Peter Fehl. La clinique recherche donc des donneurs qui ont des résultats nettement supérieurs à la moyenne.

Le spermogramme est suivi d'une analyse sanguine détaillée. Il s'agit avant tout d'exclure les maladies infectieuses comme le VIH et l'hépatite, ainsi que les mutations génétiques.

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Un donneur peut avoir maximum huit enfants

Les dons de sperme sont limités. Un donneur peut légalement avoir au maximum huit enfants issus de ses dons. 

Certains couples qui font appel au don de sperme souhaitent par la suite avoir un deuxième enfant. Bien que la clinique ne puisse pas «réserver» de dons, elle n'utilise le sperme d'un donneur que pour quatre couples à la fois. Un couple peut donc recevoir un deuxième enfant du même donneur.

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Les donneurs ne sont pas anonymes en Suisse

En Suisse, la loi ne permet pas l'anonymat des donneurs de sperme. Depuis 2021, les enfants conçus par don de sperme ont le droit d'obtenir dès leur majorité des informations sur l'identité du donneur. Un registre national des donneurs à Berne compile les données. «Si un enfant est issu d'une fécondation, nous devons, en tant que clinique, le signaler au registre», explique Peter Fehr.

La consultation peut se faire en trois étapes. La première étape est une simple confirmation que l'enfant est inscrit dans le registre. La deuxième étape est la consultation de l'inscription au registre, mais sous une forme anonymisée. L'enfant peut y voir les caractéristiques personnelles, la profession et les hobbies du donneur. Il n'a toutefois pas accès aux photos, ni aux données personnelles. La dernière étape est la rencontre, l'office fournit les données nécessaires à cet effet. 

Chaque donneur accepte les trois étapes au moment du don. Les enfants nés d'un don de sperme avant la modification de la loi en 2001 n'ont pas droit à connaître l'identité de leur donneur.

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Les enfants et les couples sont toujours anonymes

À l'inverse, le donneur n'a pas le droit de savoir qui sont ses enfants. «Contrairement à ce qui se passe avec les donneurs privés, un couple qui a fait appel au don de sperme n'a pas à craindre, par ce biais, que quelqu'un veuille un jour s'immiscer dans sa vie de famille», explique Peter Fehr. La clinique peut toutefois informer les donneurs de la manière dont leur sperme a été utilisé et du nombre d'enfants qui en sont issus.

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Il n'y a pas de «catalogue de souhaits» pour les couples

Si le sperme est utilisé, on procède à ce que l'on appelle un «matching» pour les couples hétérosexuels. L'enfant doit ressembler le plus possible au père légal. Des critères tels que la couleur des yeux, la couleur des cheveux, la taille et le groupe sanguin jouent ici un rôle déterminant. «La formation, la profession ou d'autres critères de choix ne sont pas autorisés en Suisse», explique le médecin.

Lorsque la banque de sperme est devenue accessible aux couples de lesbiennes en 2021, la loi n'a pas imposé de conditions supplémentaires concernant la sélection des donneurs. Sur le conseil du médecin cantonal zurichois, la clinique s'oriente ici aussi vers les critères de «matching» habituels.

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Les donneurs de sperme reçoivent une compensation financière

Les donneurs reçoivent pour leur participation une indemnisation unique d'environ 2'000 francs. Ce montant couvre tous les dons et est indépendant du nombre d'enfants finalement conçus.

«Le recrutement d'un donneur est un processus coûteux», explique Peter Fehr. Outre les démarches administratives et les examens de laboratoire, les coûts s'élèvent à plusieurs milliers de francs pour s'assurer que le donneur remplisse toutes les exigences médicales.

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