La situation était à craindre: alors que la rentrée est amorcée partout en Suisse, le coronavirus fait rage sur les bancs des établissements scolaires. Depuis la fin des vacances d’été, des milliers d’écoliers ont dû être mis en quarantaine.
Les cas éclosent de manière disparate dans tout le pays. À Pully (VD), une classe de primaire a été mise en quarantaine la semaine dernière et dans le Haut-Valais, au moins 173 cas de Covid ont été détectés dans les écoles primaires et celles du cycle d'orientation.
Outre-Sarine, la situation n'est de loin pas meilleure. Mardi, l’ensemble d’une école primaire de Lenzbourg, en Argovie, a dû fermer, soit 29 classes. Près de 600 élèves doivent maintenant s’isoler à la maison.
À Zurich, plus de 1000 élèves ont été mis en quarantaine au cours des deux dernières semaines. En Thurgovie, ce sont 400 enfants et à Schwyz, 450. Dans le canton de Soleure, environ une infection Covid sur cinq a été détectée dans une école, selon le médecin cantonal.
Les cas passant sous le radar sont élevés
La nouvelle présidente de la task force Covid Tanja Stadler s’en inquiète. «Nous observons une vague prononcée d’infections chez les enfants et les jeunes», a-t-elle déclaré lors du point presse de situation Covid, ce mardi à Berne.
Alors que le nombre de cas chez les adultes stagne ou diminue légèrement, ceux des enfants sont en forte augmentation depuis le mois dernier. Le nombre de tests effectués a, en parallèle, fortement augmenté. Un taux de positivité d’environ 15% dans ces groupes d’âges indique d’ailleurs, en filigrane, que le nombre de cas non signalés doit être très élevé.
«Nous ne devons pas minimiser la situation», a déclaré Tanja Stadler. Bien que le virus ne soit pas particulièrement dangereux pour la plupart des enfants, des cas de jeunes tombés gravement malades existent aussi. De plus, des conséquences de Covid long pourraient aussi être à craindre. Quant aux mesures de confinement en tant que telles, elles sont une lourde charge psychologique pour eux.
Chaque canton prépare sa propre soupe
Tanja Stadler préconise dans les écoles, entre autres, le port du masque, l’utilisation d’appareils mesurant la qualité de l’air et une utilisation en masse des autotests Covid. Des mesures que les enseignants préconisent déjà depuis longtemps.
«Il y a un besoin évident de mesures de protection plus importantes dans les écoles», a déclaré Blick Fraziska Peterhans, secrétaire générale de l’Association faîtière des enseignants de Suisse LCH. «Seuls quelques cantons et communes agissent de manière vraiment exemplaire», dit-elle.
Alors que de nombreux cantons alémaniques (Argovie, Lucerne, Uri et Schaffhouse) ont décidé ces derniers jours de réintroduire ou d’étendre le port du masque obligatoire dans les écoles, d’autres cantons ne semblent pas pressés. Berne vient même d’arrêter de procéder aux tests hebdomadaires.
Des enseignants résignés
Dans le corps enseignant, la résignation est palpable. Cela fait un an et demi que nombre d’entre eux réclament davantage de coordination, selon Dagmar Rösler, présidente de la LCH. «La situation est incroyablement éprouvante tant pour les enseignants que pour les parents», dit-elle. «Au lieu de chercher un coupable, nous devons essayer de gérer cette situation ensemble.»
Elle tient également à souligner qu’une augmentation des cas dans les écoles ne signifie pas que l’infection y a eu lieu. «Les enfants sont en effet testés à l’école, mais le virus peut s’attraper partout», précise-t-elle.
Les cantons se déchargent de leurs responsabilités
De nombreux parents, experts et politiciens estiment qu’il est urgent d’agir. Le conseiller fédéral en charge de la santé Alain Berset a fait d’ailleurs savoir à plusieurs reprises que les cantons devraient faire davantage pour protéger les enfants.
Ceux-ci, cependant, tergiversent et hésitent et finissent souvent par se décharger de leur responsabilité. Silvia Steinger, directrice de l’éducation du canton de Zurich et présidente de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP) n’avait pas le temps de répondre à nos questions sur le sujet mardi, a répondu son service de communication. Une demande d’interview a déjà été refusée la semaine dernière.
Interrogée par Blick, Tanja Stadler indique sobrement que les épidémies dans les écoles «sont avant tout des infections locales.» Les écoles disposent d’un ensemble de mesures de protection et «savent les utiliser de manière ciblée».
Tout va pour le mieux donc — selon les cantons. Ce n’est certainement pas l’avis de nombreux parents.