Recevoir une lettre de l'administration n'augure généralement rien de bon. Mais pour une fois, la plupart des locataires ont dû être soulagés lorsqu'ils ont trouvé la lettre de la société immobilière Crowdhouse dans leur boîte aux lettres. «Pour nous, c'était comme Noël et un anniversaire en même temps. La lettre nous a beaucoup surpris, mais nous sommes très reconnaissants que quelque chose se passe enfin», déclare Michelle Lanz, 32 ans.
Cette Suissesse habite dans un immeuble collectif géré par Crowdhouse à Staufen (AG). Début septembre, une nouvelle administration prendra le relais. En effet, la société se retire complètement des affaires dans la gestion technique, annonce-t-elle dans sa lettre.
Depuis l'automne dernier, la société immobilière basée à Zurich a effrayé de nombreux locataires à travers le pays en leur réclamant des sommes exorbitantes pour les charges. Dans certains cas, les montants s'élèvent à 5000, 6000 ou même 8000 francs pour plusieurs années. A Huttwil (BE), il faudrait même payer 18'000 francs par foyer pour trois ans, comme l'avait rapporté Blick. Plusieurs procédures de conciliation sont en cours à cause de ces décomptes.
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Certains espèrent une amélioration
Ces derniers mois, de nombreux locataires en ont eu assez et ont quitté leurs appartements Crowdhouse, comme l'a appris Blick. «Nous n'avions tout simplement plus envie de Crowdhouse», explique un ancien locataire de la commune de Hornussen (AG), qui souhaite rester anonyme. «Si le changement d'administration était intervenu plus tôt, nous serions peut-être restés», avoue-t-il.
Manuela Karov préférerait, elle aussi, déménager. «Je n'ai plus la force de me battre avec cette administration. Cette situation est tout simplement intolérable», explique la locataire de Hornussen. Selon elle, la douche est cassée, le chauffage est défectueux et cela dure depuis des mois. «Ce serait bien que la nouvelle administration emploie des gens avec qui on peut parler!»
Léon Dossé habite dans un immeuble de la régie à Huttwil (BE) et doit payer plus de 7600 francs de charges pour trois ans. «La procédure de conciliation avec Crowdhouse se poursuit. Espérons qu'une gérance qui s'occupe de l'immeuble de manière plus professionnelle prendra le relais», dit-il avec résignation.
Comment se défend Crowdhouse?
Sont-ce les gros ennuis avec les locataires qui ont conduit à l'abandon de l'activité de gestion? Interrogé à ce sujet, Crowdhouse répond par la négative. L'abandon actuel du secteur de la gestion technique «fait partie d'une réorientation stratégique qui a été mise en place il y a longtemps déjà», dit-on.
Depuis la création de l'entreprise en 2015, Crowdhouse a fait de la démocratisation des investissements immobiliers son cheval de bataille. Ainsi, les investisseurs ne sont pas obligés d'acheter des appartements entiers, mais peuvent acquérir des parts d'un immeuble. Comme l'a appris Blick, certains investisseurs ont parfois reçu du courrier de locataires en colère après que les demandes exorbitantes de frais supplémentaires ont été rendues publiques.
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Avec la «focalisation sur les compétences clés», Crowdhouse lance également une nouvelle offre. Au lieu de mettre leur argent dans des parts inscrites au registre foncier, les investisseurs placeront dans des actions de copropriété. Lors de l'acquisition d'un lotissement, une société anonyme est créée. Les développeurs de projets doivent ainsi disposer d'une alternative de financement avec laquelle Crowdhouse «veut lutter activement contre la pénurie de logements».
Les locataires se réjouissent de la nouvelle gestion. Crowdhouse a trouvé plusieurs prestataires régionaux indépendants, précise-t-elle. Mais la régie ne souhaite pas les communiquer. Michelle Lanz voit beaucoup de travail à venir pour la nouvelle gestion à Staufen. «Il y a quelques dysfonctionnements techniques dans le lotissement qui n'ont jamais été résolus. La nouvelle administration aura du pain sur la planche.»