Des centaines de raids dans huit pays
Cette gigantesque chasse à la mafia mène aussi en Suisse

C'est du jamais vu. Mercredi, plus d'un millier de policiers ont mené des centaines de raids contre une méga-mafia dans huit pays. La Suisse n'a pas participé à cette opération policière. Pourtant, les enquêtes prouvent que les mafieux ont aussi sévi dans notre pays.
Publié: 06.05.2023 à 18:59 heures
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Dernière mise à jour: 06.05.2023 à 19:27 heures
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Le 3 mai, la police de Hagen, dans l'ouest de l'Allemagne, arrête un suspect. Les autorités estiment qu'il appartient à la mafia calabraise.
Photo: AFP
Myrte Müller

Un gigantesque effort a permis mercredi de mener une traque sans précédent contre la ’Ndrangheta, une organisation mafieuse de la région de Calabre, située dans le sud de l’Italie. Plusieurs parquets européens ont coordonné des méga-raids dans huit pays. Le coup de filet contre cette mafia a été réalisé par une cellule d'enquête internationale à laquelle ont participé Europol ainsi que l'Agence de l’Union européenne pour la coopération judiciaire en matière pénale (Eurojust). Nom de code: Opération Eurêka. Fedpol et le Ministère public de la Confédération n'y ont pas pris part. Pourtant, le réseau mondial du crime organisé ’Ndrangheta s'étend également à la Suisse.

Mercredi, plus d'un millier de fonctionnaires, dont des unités spéciales et des brigades cynophiles (chiens policiers), ont pris d'assaut des bureaux, des magasins, des restaurants, des glaciers, des stations de lavage de voitures et des logements privés en Italie, en Allemagne, en Belgique, en France, au Portugal, en Roumanie, en Slovénie et en Espagne. Ils ont saisi des biens d'une valeur de 22,3 millions d'euros et ont mis la main sur 23 tonnes de cocaïne. La perte pour la 'Ndrangheta s'élève à 2,5 milliards d'euros. Deux clans de la mafia calabraise de la commune italienne de San Luca sont concernés dans cette affaire.

Des téléphones cryptés pas si secrets

Les enquêteurs européens ont réussi à pirater les téléphones portables cryptés de l'organisation criminelle. Ils ont ainsi pu écouter des conversations que la mafia pensait confidentielles. Les preuves sont suffisantes pour que les mafieux soient désormais accusés de blanchiment d'argent, d'évasion fiscale en bande organisée, d'escroquerie par métier ainsi que de trafic de stupéfiants et de contrebande.

Même si la Suisse n'a pas fait les gros titres dans le cadre de cette vague d'arrestations historique, elle n'en est pas moins épargnée par le crime organisé. Comme le rapporte la RSI, des enquêteurs auraient écouté des conversations téléphoniques portant sur l'achat d'armes et le trafic de drogue en Suisse.

Séjour douteux à Zurich

Il ressort ainsi du dossier d'enquête que deux mafieux calabrais de 48 et 49 ans ont commandé dix pistolets semi-automatiques de marque Glock à un armurier établi en Suisse. Le commerçant avait déjà fourni des armes à feu helvétiques à la 'Ndrangheta par le passé. En outre, les enquêteurs ont entendu un Calabrais de 26 ans qui voulait acheter 300 kilos de haschisch en Suisse. Mais le prix de 3000 francs le kilo était trop élevé pour lui.

Un autre individu mis sur écoute faisait de la publicité pour des «affaires légales». Dans une conversation interceptée, il raconte son séjour à Zurich, où il aimerait conclure quelques contrats, notamment avec des hôpitaux. L'homme de 59 ans dit qu'il est entrepreneur pharmaceutique et qu'il voyage à l'international, de l'Espagne à la Corée du Sud. Parmi ses pratiques – les enquêteurs en sont sûrs – figure la contrebande de substances illicites.

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