«Absurde», «impitoyable», «déconnectée de la réalité»: les cantons enragent face à la nouvelle directive du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), qui prévoit de déplacer les réfugiés ukrainiens d'un canton à l'autre.
Les cantons s’insurgent contre le fait que des réfugiés, hébergés chez des particuliers depuis maintenant plusieurs semaines, doivent soudainement déménager dans un autre canton. En contactant des responsables de différents cantons, Blick a appris qu'il y avait de nombreux cas de ce genre partout en Suisse.
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Des réfugiés séparés de leurs proches en Suisse
«Nous avons eu le cas d’une femme avec un enfant en bas âge qui vit ici chez des proches à elle», explique par exemple un responsable d’un grand canton. Mais il y a trois semaines, la femme aurait dû soudainement déménager à Glaris.
Le responsable explique que, pendant trois semaines, il est intervenu à plusieurs reprises à Berne avant que le SEM ne cède finalement.
Dans le canton de Berne, une personne ukrainienne qui vit depuis mars chez deux membres de sa famille devait, selon la volonté du SEM, quitter sa famille et déménager à Fribourg.
Le SEM défend sa nouvelle directive
Le SEM se défend: cette nouvelle directive répond au souhait des cantons de répartir plus équitablement les réfugiés de guerre. En effet, Bâle, Berne, Zurich et le Tessin et ont dû héberger un nombre relativement disproportionné d'Ukrainiens.
La Confédération avait toutefois promis de faire preuve de discernement. Le SEM avait affirmé qu'aucune famille nucléaire ne serait séparée. La réglementation ne devait pas non plus être appliquée rétroactivement. Les cantons précisent que leur requête pour une répartition plus équitable des réfugiés de guerre a toujours porté sur les nouveaux arrivants et jamais sur ceux qui se sont déjà acclimatés à leur nouvel environnement.
Le SEM souligne que les réfugiés peuvent déposer une demande dans un délai de 30 jours après une décision de relocalisation. En d’autres termes, les réfugiés devraient donc agir contre leur pays d’accueil en envoyant des lettres de recours.
«On ne peut pas déplacer les réfugiés comme des meubles»
De nombreuses plaintes ont été déposées, le plus souvent rédigées par les familles d’accueil, qui cherchent à défendre les intérêts des réfugiés. Certains cantons se sont également engagés en faveur des familles ukrainiennes, tandis que quelques conseillers d’Etat souhaitent interpeller le Conseil fédéral pour exiger davantage de discernement dans l'application de cette nouvelle directive du SEM.
Le Département fédéral de justice et police (DFJP), compétent en la matière, n’a pas répondu aux questions de Blick. Sa cheffe, Karin Keller-Sutter, a remercié jeudi les cantons pour leur bonne collaboration. Mais certains cantons voient les choses différemment. «On ne peut pas déplacer les réfugiés comme des meubles», confie un conseiller d’Etat à Blick.
(Adaptation par Quentin Durig)