Vous désirez rénover votre maison? En l'état actuel des choses, il faudra vous armer de patience et mettre la main à la poche. En effet, depuis le début de la pandémie, les délais de livraison de matériaux de construction comme le bois, l'acier ou le plastique se sont grandement allongés. Et les prix ont grimpé en flèche. Les coûts augmentent si rapidement que même les professionnels de la construction n'en reviennent pas.
Les prix du bois ont quadruplé. Quant à l'acier, il peut parfois coûter 50% de plus qu'avant la pandémie. Même le verre, les appareils électriques et de cuisine ou les éviers sont touchés par une hausse des prix.
Les fabricants d'appareils de cuisine augmentent leurs prix
C'est ce que montre une nouvelle étude de la Banque cantonale de Zurich. Ainsi, tous les grands fabricants d'appareils de cuisine ont récemment augmenté leurs prix jusqu'à cinq pour cent. «Et ce, en cours d'année, ce qui n'arrive jamais en temps normal», nous explique Ursina Kubli, experte en immobilier à la ZKB.
Cette évolution entraîne inévitablement une hausse des coûts de construction. Et selon l'étude, ce ne sont pas les grands maîtres d'ouvrage ou les investisseurs institutionnels qui en souffrent, mais surtout les petits rénovateurs privés, comme les propriétaires de maisons individuelles. En particulier ceux qui vivent dans des maisons anciennes nécessitant des travaux de rénovation.
Les propriétaires manquent de pouvoir de négociation
«Au vu des ressources limitées, artisans et fournisseurs privilégient leurs gros clients, explique Urisna Kubli. Et si un propriétaire individuel arrive malgré tout à placer sa commande, il constatera que les prix sont plus élevés.»
Les petits propriétaires manquent souvent de pouvoir de négociation. C'est pourquoi ils sont beaucoup plus touchés par l'augmentation des coûts de construction. Et ce alors que la part des maisons individuelles plutôt anciennes (30 à 59 ans) vendues chaque année a plus que doublé, passant de 22 à 45%.
Les propriétaires de logements anciens paient la note
Il y a une très bonne explication à ce phénomène: on ne construit presque plus de nouvelles maisons individuelles. Ces dernières doivent souvent être rénovées dans la foulée. «La planification des coûts de tels projets de rénovation est actuellement difficile, explique Armin Brun, architecte et expert fiduciaire en construction de la Banque cantonale zurichoise. Il existe un risque latent de surcoût».
Armin Brun conseille donc aux maîtres d'ouvrage privés d'aborder le renchérissement de manière proactive avec les artisans participant à la construction. «Les éventuelles clauses de renchérissement dans les contrats devraient être examinées d'un œil critique», ajoute-t-il. Si la situation le permet, Brun conseille de repousser la réalisation d'un projet de construction jusqu'à ce que le marché se soit quelque peu calmé.
Seul problème: nul ne sait quand ce sera le cas. «J'avais espéré que les prix seraient revenus à la normale à l'automne», explique Armin Brun. Or, cela ne s'est pas produit. On ne sait pas non plus si la situation va se calmer d'ici le milieu de l'année prochaine. «Je conseille aux maîtres d'ouvrage privés de faire preuve de patience», conclut l'architecte.
(Adaptation par Jocelyn Daloz)