La «2G» éthiquement défendable?
Les cantons ne veulent pas isoler les non-vaccinés

Malgré la montée des cas Covid, ni la Confédération ni les cantons ne veulent restreindre davantage les personnes non vaccinées. La «2G» ne correspond de fait pas à la voie jusqu'ici empruntée par la Suisse.
Publié: 21.11.2021 à 06:07 heures
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Dernière mise à jour: 21.11.2021 à 08:51 heures
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"Aucune nouvelle mesure n'est nécessaire pour le moment", a déclaré le conseiller fédéral Alain Berset jeudi lors d'une conférence de presse.
Photo: keystone-sda.ch
Fabian Eberhard et Camilla Alabor

Confinement en Autriche! À partir de lundi, notre voisin mettra sa vie publique en hibernation. En outre, Vienne annonce la couleur pour la suite: la vaccination sera obligatoire à partir de février 2022. En Allemagne aussi, des événements similaires s'enchaînent. Alors que les hôpitaux se remplissent, de plus en plus de Länder misent sur la «2G» - l'accès à de nombreux endroits y étant interdit aux personnes non vaccinées.

La Suisse reste quant à elle prudente. «Aucune nouvelle mesure n'est nécessaire pour le moment», a déclaré le conseiller fédéral Alain Berset jeudi lors d'une conférence de presse. La 2G n'est pas non plus à l'ordre du jour, a-t-il ajouté.

Mais si les sept sages ne semblent pour l'heure pas tentés par des mesures aussi radicales que celles de nos voisins du nord et de l'est, il n'en est pas moins que les chiffres des contaminations s'envolent chez nous également: 6169 nouvelles infections ont été recensées vendredi - un chiffre encore jamais atteint cette année.

Si la situation dans les hôpitaux n'est pas encore aussi tendue qu'en Allemagne ou en Autriche, une surcharge potentielle du système de santé reste possible. Virginie Masserey, de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), a ainsi mis en garde la population mardi: «Nous devons nous préparer à une nouvelle augmentation de l'incidence et à une menace de surcharge des unités de soins intensifs».

Les cantons excluent tout durcissement

Néanmoins, les cantons excluent des restrictions supplémentaires pour les personnes non vaccinées. «Un changement de système vers la 2G n'est pas à l'ordre du jour», souligne Lukas Engelberger, directeur de la santé, à SonntagsBlick. Ce modèle «ne correspondrait pas à la voie suivie jusqu'à présent par la Suisse».

Le directeur de la santé de Lucerne, Guido Graf, fait lui aussi barrage: «La 2G n'est pas à l'ordre du jour en Suisse, je ne pourrais pas non plus la défendre». Au cas où les hôpitaux seraient touchés dans les semaines à venir, Guido Graf comme Lukas Engelberger envisagent d'autres mesures - une obligation de porter un masque à l'intérieur des bâtiments ou des restrictions de rassemblement, par exemple.

2G, 2G+, 3G: de quoi parle-t-on?

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

Le monde germanophone a trouvé une astucieuse manière de parler des différents niveaux de protection sanitaire qui composent les mesures. Il s’agit de la règle des 3G, 2G ou 1G.

3G: geimpft, genesen, getestet; vacciné, guéri, testé.

Chaque statut permet de disposer du certificat Covid pour une durée limitée spécifique. Les personnes ne voulant pas du vaccin peuvent prouver par un test qu'ils sont négatifs au Covid. Il s’agit de l’application pratique la plus répandue, bien qu'elle tende à être remplacée par la 2G.

2G: geimpft, genesen; vacciné, guéri.

Prouver par un test que l’on est négatif au Covid ne suffit plus à se rendre librement en intérieur, dans les restaurants ou commerces: il faut être guéri ou vacciné. Après l'Allemagne et l'Autriche, cette application s'est récemment généralisée dans de nombreux commerces en Suisse, sur indication du Conseil fédéral.

2G+: vacciné, guéri + testé.

Les personnes doivent être guéries ou vaccinées et prouver par un test qu'elles sont négatives au coronavirus.

1G: geimpft; vacciné.

Cette application n’a lieu quasiment nulle part. Pour être considérées comme vaccinées, les personnes qui n’ont pas attrapé le Covid doivent recevoir deux injections et les personnes déjà guéries une seule. L'Autriche a prévu la vaccination obligatoire dès février prochain. Le Costa Rica a imposé cette mesure pour ses hôtels et ses restaurants.

Éthiquement problématique

Dominique de Quervain, professeur de neurosciences à l'université de Bâle et ancien membre de la taskforce coronavirus de la Confédération, est quant à lui favorable à des restrictions supplémentaires pour les personnes non vaccinées. «Nous nous trouvons dans une situation où la liberté individuelle de ne pas se faire vacciner met en danger le système de santé et l'économie». Selon lui, il faudrait également discuter de l'obligation de se faire vacciner - surtout dans le secteur de la santé, dans les maisons de retraite et dans l'enseignement.

Mais un modèle 2G est-il éthiquement défendable? Andrea Büchler, présidente de la Commission nationale d'éthique, est sceptique: «La 2G est problématique d'un point de vue éthique, car elle résulte en une exclusion de fait des personnes non vaccinées de la vie sociale».

Andrea Büchler plaide plutôt pour une mise en œuvre encore plus efficace de la 3G, par exemple en réintroduisant des tests gratuits ou en permettant aux personnes vaccinées de se faire tester avant de se réunir en grands groupes dans des espaces fermés.

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

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