Vendredi soir à Thoune, le groupe parlementaire du Centre se réunissait à l'hôtel Seepark pour discuter tout en savourant un bœuf Stroganoff. Cependant, l'ambiance festive du bâtiment venait d'une autre manifestation: au même moment, la ville honorait ses sportifs, dont Christina Nigg, ancienne championne du monde de boxe. Du côté de la succession de Viola Amherd, l'issue semble moins incertaine, car Markus Ritter est pour l'heure seul sur le ring.
Pendant ce temps, un pianiste joue la Fantaisie-Impromptu de Chopin, comme un appel à plus d'imagination. Le parti, qui rêve d'un deuxième siège au Conseil fédéral, peine à trouver des candidats pour un seul siège, et l'absence de femmes et de figures urbaines se fait sentir.
Andrea Gmür, jusqu'à vendredi après-midi perçue comme un espoir féminin, s'est finalement retirée. Elle ne s'exprimera que mardi, tout comme Nicole Barandun, Marie-France Roth Pasquier et Elisabeth Schneider-Schneiter, qui ne se prononceront que lundi.
«Celui qui se présente doit assumer le DDPS»
Au bar de l'hôtel, Markus Ritter reste discret, tout comme le chef de parti Gerhard Pfister. Le conseiller national Reto Nause et la conseillère aux États Marianne Binder se tiennent devant l'hôtel, fumant leur cigarette. Marianne Binder fait référence à son rôle dans la commission de recherche et reste silencieuse. Reto Nause, quant à lui, pense que d'autres candidats se manifesteront d'ici lundi.
Il attribue les nombreux retraits et refus au bloc bourgeois UDC-PLR au Conseil fédéral et au «mode de crise permanent au Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) en raison de la guerre en Ukraine». «Celui qui se présente doit assumer le DDPS. Or, le Centre a plus de mandats que le PLR. Si le conseiller fédéral Ignazio Cassis se retire, il y aura une possibilité d'attaquer son siège. Ainsi, dans quelques années, le poste de conseiller fédéral sera plus attractif. Et c'est ce que certains attendent.»
Fabio Regazzi souhaite au moins pouvoir faire un choix: «Markus Ritter est un bon candidat. Mais un ticket unique serait regrettable». Le conseiller aux Etats tessinois souligne qu'il s'agit là de son opinion privée, et non de celle de l'Union suisse des arts et métiers qu'il préside. «Celui-ci a bien collaboré avec Markus Ritter jusqu'à présent, mais nous attendrons le hearing pour nous positionner en tant qu'association».
Darbellay cite du Shakespeare
Le conseiller national bas-valaisan Benjamin Roduit déclare à Blick: «Tout le monde attend de voir quelle sera la décision de Christophe Darbellay dimanche. D'ici là, personne ne prend de position. Je suis convaincu que Markus Ritter ne sera finalement pas le seul candidat».
Une comparaison sur Instagram montre que l'incertitude de la situation est gérée de manière différente. Christophe Darbellay s'est rendu vendredi dans une étable à vaches et a fait à cette occasion une allusion un peu étrange à Shakespeare: «To go or not to go? That is the question». En Valais, certains pensent qu'il ne se présentera pas, mais qu'il souhaite encore tirer quelques soutiens pour sa campagne au Conseil d'Etat. D'autres argumentent qu'il peut tout a fait battre Markus Ritter.
Elisabeth Schneider-Schneiter a posté jeudi des photos d'une coopérative de café à Nairobi où elle était en voyage parlementaire; Marie-France Roth Pasquier a publié un article sur le patrimoine culturel du château de Gruyères dans le canton de Fribourg, alors que le dernier post Instagram de Nicole Barandun date encore de Noël.
Tiana Moser se désiste
Les rumeurs selon lesquelles la conseillère aux États Tiana Moser pourrait se présenter contre Markus Ritter se sont vite avérés être un écran de fumée: «Je suis heureuse au Conseil des États et le siège revient au Centre», a déclaré Tiana Moser à Blick.
Et Markus Ritter? Il continue son parcours tout en étant observé de près. Beat Jans, alors conseiller national et non conseiller fédéral, avait déclaré il y a quelques années dans une vidéo de la SRF, que le PDC et l'UDC exauçaient pratiquement tous les souhaits des paysans: «Le Parlement est devenu un self-service pour l'Union suisse des paysans».
Comme Blick l'a reconstitué à l'aide de la loi sur la transparence, le président des paysans a reçu en 2022 un total de 83'262 francs de paiements directs. Entre-temps, il a vendu la ferme à ses fils Adrian et Daniel, il n'y a donc plus de chiffres documentés pour 2023.
L'Ukraine doit recevoir des armes
Les déclarations de Markus Ritter faites avant les dernières élections au Conseil national, notamment sur l'approvisionnement en énergie, refont surface. À la question de savoir si la Suisse devrait construire de nouvelles centrales nucléaires, il a répondu: «Plutôt oui. Je suis pour l'ouverture technologique. Nous avons avant tout besoin de sécurité pour combler la pénurie d'électricité en hiver. Les énergies renouvelables ne suffisent pas, et les centrales à gaz à cycle combiné sont préoccupantes pour le climat.»
Concernant les relations avec l'Union européenne, sa réponse a été «plutôt non». Il s'est également distingué de l'UDC sur la réexportation d'armes suisses dans le cadre de la guerre en Ukraine, qu'il a soutenue. Markus Ritter a salué une collaboration avec l'OTAN «dans le respect de la neutralité suisse». Cela suscitera des discussions lors des auditions, mais la question reste: combien de candidats se manifesteront? Le Centre accepte les candidatures jusqu'à lundi à midi.