Après avoir rêvé — sans succès — d’une grande alliance en vue des élections cantonales de ce printemps, la droite genevoise continue de se tirer dans les pattes. C’est cette fois le député au Grand Conseil du Parti libéral-radical (PLR) Cyril Aellen et le conseiller municipal (législatif communal) de l’Union démocratique du centre (UDC) Éric Bertinat qui ont en fait la superbe démonstration.
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Les mauvaises langues diront que la Saint-Valentin les aura probablement inspirés. Ce mardi 14 février, tel un vieux couple, les deux élus du bout du Léman se sont écharpés sans retenue sur Facebook. Le contexte de cet affrontement: la veille, le Conseil municipal a autorisé la baignade avec une tenue de bain longue — par exemple, un burkini — dans les piscines de la Ville de Genève.
Clash en deux temps
Une décision qui a engendré une prise de position piquante du PLR Cyril Aellen. Voici le passage le plus relevé qui, sur le fond, n'a rien à envier au discours de l'UDC: «Pris en tenaille entre l’islamo-gauchisme, mal assumé, des socialistes et des Verts genevois, d’une part, et une droite dure qui veut mettre tous les immigrés dans le même panier, le PLR et le PDC (sic) doivent incarner une position ferme et univoque qui consiste à affirmer qu’autoriser le port du burkini n’est destiné qu’à satisfaire une revendication politique intégriste, contraire aux droits fondamentaux de notre pays et, en particulier, au principe d’égalité.»
Des déclarations qui ont fait bondir Éric Bertinat, toujours sur Facebook, puisque son collègue bourgeois critique vertement son parti tout en reprenant sa rhétorique. Florilège: «Cyril Aellen a les pépins qui collent à l’emballage. Pourtant, le député Aellen n’a jamais craché sur les voix de la 'droite dure' lorsqu’il fallait soutenir ses propositions législatives ou combattre le budget aussi déficitaire que délirant de sa magistrate.»
«Faux-derche» et «droite molle»
La suite? «Ce faux-derche veut donc sortir l’UDC du Grand Conseil pour incarner la 'droite molle' avec ses amis du Centre et — ce qui est imaginable — avec ceux de Pierre Maudet. Au risque de perdre la majorité. Il vaut mieux être bien entouré, même au sein d’une minorité, que de trouver une majorité avec les infréquentables de l’UDC, voilà ce que nous explique cet élu bourgeois.»
Le conseiller municipal enfonce le clou: «Vous l’avez compris, on va s’occuper nous aussi de la campagne de cet 'ami' et de sa 'droite molle', à commencer par ne lui accorder aucune voix UDC! Et rallier quelques voix libérales qui n’attendent que ce genre de jérémiades pour nous rejoindre.»
Aïe. Cyril Aellen a eu beau essayer de se dépatouiller en affirmant que la lecture faite par Éric Bertinat de ses propos est erronée, qu'«il le sait parfaitement» et qu'«il joue manifestement un jeu politique», le mal est fait.
D’autant plus que ses mots polémiques n’auront servi à rien dans l'immédiat: ni le PLR, ni le Centre n’ont pour l'instant annoncé leur intention de lancer un référendum contre le burkini. Contrairement à l’UDC, qui est sortie du bois dans la foulée des débats dominés par une majorité de gauche au sein de l’organe délibérant de la cité de Calvin.