En Suisse, avoir des origines étrangères peut vous coûter cher. C'est littéralement le cas concernant le prix de l'immobilier. Du moins, c'est ce que montrent les statistiques choquantes de la Confédération pour l'année 2019. Selon l'étude nationale, un couple non issu de l'immigration sans enfant paie en moyenne 1'550 francs de loyer pour un appartement de 100 mètres carrés. Or, les couples dont les grands-parents, les parents ou eux-mêmes viennent de l'étranger doivent payer en moyenne 190 francs de plus par mois pour un appartement de même taille. Cela est d'autant plus surprenant que la population étrangère compte parmi elle plus de personnes pauvres que la population suisse: 13,6% contre 6,8% selon la statistique fédérale de la pauvreté de 2020.
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Pour le conseiller national socialiste bâlois Mustafa Atici, une chose est sûre: «Certains propriétaires immobiliers profitent de la détresse des gens, notamment des étrangers.» Le politicien bâlois s'insurge du fait que dans le débat sur la pénurie de logements, les migrants ne sont cités que comme facteurs de coûts alors même qu'ils sont particulièrement touchés par cette crise. Le conseiller national socialiste prêche désormais le sujet de la discrimination des migrants sur le marché du logement aux discussions du Parlement.
Moins de surface pour un prix plus élevé
Aujourd'hui, les chiffres montrent aussi que les personnes issues de l'immigration ne paient pas seulement plus cher au mètre carré, mais qu'elles habitent en outre dans des logements plus petits en moyenne. Leur logement fait en moyenne 8 mètres carrés de moins. Les différences sont particulièrement importantes en Suisse orientale et sur le Plateau. Une étude a d'ailleurs montré en 2014 que c'est aussi dans ces cantons que la discrimination des personnes qui n'ont pas un nom typiquement suisse est la plus forte.
C'est pourquoi, Mustafa Atici demande au Conseil fédéral comment il explique cela et ce qu'il compte faire pour y remédier. De l'avis du conseiller national PS, il est nécessaire que la Confédération agisse. Elle doit notamment améliorer les données sur le sujet et veiller à ce qu'il soit plus facile pour les locataires d'agir juridiquement contre la discrimination sur le marché du logement.
Le Conseil fédéral doit tenir ses promesses
Il y a quatre ans, le conseiller aux États genevois PS Carlo Sommaruga avait déjà déposé une intervention similaire. Le Conseil fédéral avait alors affirmé que la discrimination dans le domaine du logement devait être combattue.
Mais ce n'étaient apparemment que des paroles en l'air, puisque le Conseil fédéral avait déclaré plus tard qu'il ne jugeait pas utile de lancer des campagnes de sensibilisation pour les bailleurs. D'autres mesures et d'éventuelles sanctions n'entraient pas non plus en ligne de compte pour le gouvernement. Mais le Conseil fédéral a vaguement promis qu'il réexaminerait la question «en temps voulu». Le conseiller national Mustafa Atici veut maintenant qu'il respecte sa promesse.
Le fardeau d'avoir un nom de consonance étrangère
Une étude parue y a quelques années avait mis en évidence le fait que les personnes portant un nom avec une consonance étrangère avaient plus de mal à obtenir un logement. L'étude, menée conjointement par plusieurs universités romandes à la demande de l'office fédéral du logement en 2018 et relayée par "Le Temps", indique notamment que les personnes portant un nom turc ou kosovar devaient fournir en moyenne 30% d'effort en plus que le reste de la population pour trouver un logement.