Depuis plus d'un siècle, l'armée suisse est présente au col du Simplon, en Valais. La place de tir en montagne qui s'y trouve est la seule en Suisse où l'artillerie peut tirer sur les longues distances. Depuis quatre ans, le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) tente d'agrandir l'infrastructure de la place de tir pour un montant de 30 millions de francs. C'est ainsi que les planificateurs de l'armée se sont mis à dos les propriétaires de chalets de la région.
Adrian Balmer et Roland Schmid font partie de ceux-là. Ils regardent vers la Spittelmatte, l'endroit du col où l'artillerie devrait augmenter sa circulation à l'avenir. Les familles des deux hommes possèdent depuis de nombreuses années des chalets à proximité directe du champ de tir. «Nous sommes tendus et vigilants», avoue Roland Schmid à Blick. Adrian Balmer acquiesce. Ils considèrent que leur paradis montagnard est en danger. Notamment en raison des nuisances sonores en augmentation.
Une deuxième tentative pour le champ de tir
Retour sur les faits: en 2019, le DDPS fait une première tentative d'extension de la place de tir existante sur le Simplon. Au cœur des plans de l'époque, une piste circulaire sur laquelle les obusiers blindés et les mortiers 16 devraient s'entraîner aux manœuvres et au tir. Le tout en plein milieu du col, obstruant complètement le paysage.
Les oppositions pleuvent alors. Notamment de la part de Roland Schmid et Adrian Balmer. «On a essayé de nous prendre par surprise à l'époque», dit Adrian Balmer. La demande de permis de construire est mise à l'enquête au milieu de l'été. Sans préavis. Sans explication.
En raison des critiques massives, la ministre de la Défense Viola Amherd annule le projet en 2019, pour le reprendre l'année dernière. En octobre 2022, l'armée réunit les habitants de Simplon dans le gymnase du village. Elle leur apprend alors que l'extension de l'infrastructure de tir aura bien lieu. Adrian Balmer et Roland Schmid apprennent alors que la piste de chars n'est plus d'actualité.
Questions après questions sur le projet
Les représentants du DDPS s'efforcent de démontrer à quel point le nouveau projet est meilleur. Mais leur tentative de charme n'a aucun effet sur Adrian Balmer et Roland Schmid. «En 2019, on a voulu nous prendre de court. Par la suite, on a voulu nous enfumer», commente Roland Schmid.
Les principales critiques des riverains par rapport au champ de tir persistent. Adrian Balmer est loin d'être convaincu: «Au lieu d'une piste ronde, il y a maintenant simplement une route droite avec des stands de tir. Ce n'est pas une amélioration.» Pour le reste aussi, des questions subsistent. Pourquoi faut-il une nouvelle place d'atterrissage pour les hélicoptères? Combien de tirs d'engins lourds sont prévus chaque année? L'ensemble du projet n'est-il pas encore trop important?
La réunion d'information a également marqué le lancement d'une procédure de participation. Adrian Balmer et Roland Schmid ont déposé des dossiers complets.
Qu'est-ce qui se passe?
Mais depuis, c'est silence radio. «C'est comme si nous avions jeté nos propositions dans un trou noir», déclare cyniquement Roland Schmid. Lui et les autres propriétaires de chalets n'ont plus de nouvelles du DDPS depuis des mois. Et ce n'est pas tout: le DDPS a également laissé passer la date qu'il avait lui-même annoncée pour la nouvelle mise à l'enquête d'une demande de permis de construire.
L'incertitude est grande, explique Adrian Balmer. Lui et les autres propriétaires de chalets ne savent pas pourquoi il y a un retard, ni quand le projet sera à nouveau mis à l'enquête. «La communication de l'armée est lamentable», déclare Roland Schmid, qui a lui-même été dans les rangs de l'artillerie. «Tout ce cirque est d'une telle arrogance. Les hauts gradés de l'armée ont manifestement encore l'impression de pouvoir faire ce qu'ils veulent».
Peu d'informations
Interrogé par Blick, le DDPS se montre très discret sur l'extension de la place de tir. Le Département de la défense s'est contenté de répondre: «Le DDPS analyse actuellement les suggestions reçues dans le cadre de la participation publique et examine une réalisation décentralisée des bâtiments d'exploitation et de logistique nécessaires sur le Simplon.» La mise à l'enquête publique des documents de demande de permis de construire s'en trouve retardée.
Entre-temps, il n'est pas étonnant que les propriétaires sur le Simplon partent déjà du principe qu'ils feront à nouveau opposition lors de la nouvelle mise à l'enquête du projet. Il leur semble irréaliste que le DDPS prenne en compte leurs suggestions. Ils l'assurent: «Nous sommes prêts à nous battre à nouveau pour préserver le paysage de notre col.»