La situation politique en Érythrée a fait des remous jusqu'à Genève ce samedi 23 mars. Après une manifestation annoncée sur le coût des logements, la police a dû gérer la protestation non autorisée d'une soixantaine d'Erythréens dans la rue du Vieux-Billard qui mène à la plaine de Plainpalais.
Sujet de leur contestation? La tenue d'un repas avec invités, organisé par une association de femmes érythréennes. Les manifestants y ont vu un soutien au régime dictatorial en place dans leur pays, indiquent «La Tribune de Genève» et «20 minutes», présents sur place. Le consul d'Érythrée en Suisse aurait été convié au dîner, selon des opposants.
Les organisatrices assurent à nos confrères n'avoir «aucun lien avec leur gouvernement», bien qu'elles avouent «n'avoir rien non plus contre lui». Par cette fête, elles affirment au quotidien genevois avoir voulu célébrer la journée des femmes du 8 mars. Reste que la question érythréenne a débordé dans la Genève internationale.
«Un gros bordel»
Une témoin de passage le soir à Plainpalais décrit «un gros bordel» à Blick: «On était au feu rouge et on a vu plein de lacrymogènes s'enfumer. Un groupe de jeunes ont commencé à foutre des panneaux par terre, à jeter des sacs-poubelle. Il y avait plein d'ordures partout sur la route, des grosses barrières et des panneaux de chantier au sol.»
Le dispositif policier a également étonné l'observatrice venue manger au restaurant avec des amis: «Il y avait vraiment des flics partout. Ils étaient au moins 30, je pense. Certains en uniforme normal et d'autres tout en noir avec des boucliers.»
La police prise à partie
Dimanche matin, le porte-parole de la police cantonale genevoise Alexandre Brahier est revenu pour Blick sur le déroulé des événements, qui ont débuté à 17h. «Il y a eu un début de bagarre un peu avant 18h, commence le communicant. Puis peu avant 20h, les manifestants ont foncé vers les invités près du club Le Moulin Rouge. Ils ont forcé la chaine formée par la police, qui par conséquent a dû utiliser la contrainte et lancer des lacrymogènes.»
Des jets de pierre et de barrières de chantier se dirigent contre les policiers. «Certains opposants ont sans doute pensé que la police avait pris parti et ont donc dirigé leur colère contre les agents présents», analyse le porte-parole.
Une heure plus tard, le calme était revenu. Sur la cause de cet affrontement, Alexandre Brahier reste en retrait: «La police ne prend pas parti. Elle fait en sorte qu'il n'y ait pas plus de troubles. Nous sommes restés tout le long de cette fête, pour assurer la sécurité et éviter des confrontations entre opposants.» A 23h, tout le monde était dispersé et la police a mis fin à son intervention.
Rejoints par d'autres groupes
Au moment du climax, les manifestants érythréens n'étaient pas seuls. «Plusieurs petits groupuscules les ont rejoints, dont certains des black blocs de la manifestation sur le logement et quelques groupes venus de l'Usine (ndlr: une boîte de nuit) à proximité», ajoute Alexandre Brahier. Un peu plus tôt dans la journée, le cortège annoncé dénonçant les hausses de loyer avait réuni 1200 personnes au centre-ville.
«Les forces de police ont dû gérer les deux évènements en même temps. Mais à Genève, nous avons l'habitude de le faire», justifie le porte-parole. A sa connaissance, les dégâts engendrés sont «minimes» et «les troubles à l'ordre public se sont avérés peu conséquents».
En quelques semaines, il s'agit du second affrontement sur fond de politique érythréenne. Le 17 février dernier, des dizaines de ressortissants érythréens s'étaient retrouvés dans le canton de Fribourg, à Villars-sur-Glâne, ce qui avait donné lieu à un affrontement entre partisans et opposants du dictateur érythréen Isaias Afewerki. De son côté, la police genevoise annonce qu'elle «continuera à rester attentive aux manifestations impliquant la population érythréenne».