Pour Marianne Binder, le foulard n'est pas un signe de liberté religieuse, mais plutôt l'expression de la soumission et de la discrimination des jeunes filles musulmanes. Ce n'est pas la première fois que la conseillère nationale argovienne vise les foulards d'enfants dans les écoles et les jardins d'enfants, et la députée du Centre compte bien arriver à ses fins.
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Dans son intervention, elle désire faire examiner la possibilité d'une interdiction par le Conseil fédéral. Pas si simple, la Constitution garantit tout de même la liberté de religion. C'est précisément pour cette raison que la politicienne du Centre veut faire clarifier si le droit religieux ne devrait pas être subordonné au droit étatique.
«Pas dans l'esprit de la Constitution»
Selon elle, il faut garantir à tous les enfants les mêmes droits et libertés ainsi que la protection de l'enfance. «Dans nos établissements d'enseignement, le libre épanouissement de tous les enfants sans foulard doit être garanti, souligne Marianne Binder. Invoquer la liberté de croyance et de conscience pour justifier la subordination ne peut pas être dans l'esprit de la Constitution.»
Pour elle, il est clair que le foulard est le plus souvent imposé aux jeunes filles par leurs parents. De plus, l'école doit défendre l'Etat de droit et donc la liberté et les mêmes droits pour tous, déclare-t-elle. «C'est pourquoi le foulard des jeunes filles musulmanes, à caractère sexualisant et discriminatoire, ne doit pas y avoir sa place.» Car selon Marianne Binder, «il entrave le développement et la liberté de mouvement des filles et contredit l'objectif pédagogique d'égalité des droits et des chances.»
Même si seule une petite minorité est concernée, celle-ci ne doit pas être ignorée, tonne encore la politicienne. Il ne s'agit pas ici de droits spéciaux contre des minorités, mais de droits pour une minorité.
La conseillère du Centre n'est pas seule dans sa revendication. Elle a reçu le soutien de plusieurs membres de partis bourgeois. Parmi eux, son président de parti Gerhard Pfister, la Vaudoise Jacqueline de Quattro (PLR), le Valaisan Philipp Bregy (le Centre), mais aussi la cheffe du Parti Evangélique Suisse Lilian Studer et la conseillère nationale UDC Esther Friedli.
Pour le Conseil fédéral, la balle est dans le camp des cantons
Jusqu'à présent, le Conseil fédéral a réagi tout autrement: le gouvernement a clairement rejeté les demandes antérieures d'interdiction du foulard à l'école. Le Département de justice et police, compétent en la matière, ne voyait pas la nécessité de légiférer. Mais surtout, la Confédération a fait remarquer que l'enseignement était de la compétence des cantons.
Le Conseil fédéral est convaincu que cette approche fédéraliste a globalement très bien fonctionné, «notamment au vu des grandes différences confessionnelles et culturelles entre les cantons et de leur approche de la religion marquée par les traditions locales.» De telles solutions, adaptées à chaque cas, permettent en effet d'obtenir de meilleurs résultats qu'une interdiction nationale du foulard à l'école, argue-t-il.