Etiquette rouge et logo blanc, la bouteille de Coca-Cola standard, tout le monde la connaît. Sauf que depuis une poignée de semaines, la boisson a quelque peu changé. Le logo n'est plus blanc mais noir et une partie de l'étiquette est en... polonais. Dans la succursale Coop de Heiden en Argovie, on peut même trouver des bouteilles «Made in Ukraine».
La raison: le prix. En effet, ces produits sont 5 voire 10 centimes moins cher que les Coca-Cola mis en bouteille en Suisse. Mais alors, un parcours de quelque 2'000 kilomètres en camion pour finir dans les rayons suisses, cela en vaut-il vraiment la peine? Et qu'en est-il de la démarche écologique que Coop promeut depuis des années? Le débat est ouvert, notamment sur Twitter.
Proposer divers produits à des prix attrayants
«Coop s'est toujours engagée à offrir des prix équitables à ses clients, explique Rebecca Veiga, directrice du service médias Coop, à nos confrères alémaniques. En plus des bouteilles de Coca-Cola de 45 cl en provenance de Suisse, nous proposons également des bouteilles de 50 cl dans notre gamme depuis fin février. Ceux-ci proviennent principalement de Pologne. La part en provenance d'Ukraine est faible et n'est donc disponible que dans quelques points de vente.» Quant à savoir le nombre de bouteilles en provenance de l'étranger disponibles à la Coop, l'entreprise se veut discrète et explique qu'en principe, elle ne communique pas de chiffres. La seule chose que Coop veut bien nous dire: on peut se procurer des Coca d'Europe de l'Est et ce, jusqu'à épuisement des stocks.
Les clients ont donc la possibilité de choisir entre la bouteille de 45 cl en provenance de Suisse et la bouteille de 50 cl en provenance de l'étranger. «Les importations parallèles sont temporaires. Quant à la durabilité, c'est une priorité dans nos relations commerciales avec les fournisseurs de nos marques.» poursuit Rebecca Veiga.
«L'entreprise se moque de la crise climatique»
De son côté l'association Greenpeace se dit choquée: «Les agissements de Coop ne correspondent pas du tout à leur promesse de durabilité. Quiconque transporte des bouteilles remplies d'eau, de sucre et d'arômes par camion à travers l'Europe n'est pas dans une démarche écologique», déclare Georg Klingler, expert climatique chez Greenpeace.
«L'entreprise se moque de la crise climatique et des personnes habitant à proximité des routes qui doivent supporter le bruit sans oublier la pollution émise par ces trajets». Selon les calculs de Greenpeace, chaque bouteille d'un demi-litre produit 100 grammes de CO2. «En train, ce serait environ dix fois moins», précise Georg Klingler.
«D'un point de vue écologique, il est totalement incompréhensible que Coop ait choisi cette option plutôt que la variante produite localement, surtout aujourd'hui», signale Kai Landwehr, porte-parole de Myclimate. Le long trajet de livraison contribue considérablement à l'empreinte carbone émise par ces bouteilles».
Par ailleurs, les émissions seraient encore plus élevées lors de la production, en raison du mélange de sources énergétiques beaucoup plus néfaste pour le climat et de la proportion plus faible de plastique recyclé dans la bouteille.
Coca-Cola Suisse joue la carte de la diplomatie
Coca-Cola Suisse regrette de son côté la démarche de la Coop mais se veut toutefois plus conciliant: «D'un point de vue écologique, nous pensons qu'il est insensé de transporter un produit à travers la moitié de l'Europe. Surtout s'il est disponible en Suisse. De plus Coca-Cola Suisse contribue à la valeur ajoutée locale et garantit des emplois aux locaux. Bien sûr, les détaillants sont libres d'acheter des marchandises où ils le souhaitent.»