Elon Musk aurait perdu 13 kilos par ce moyen. Kim Kardashian n'aurait pu rentrer dans sa «robe Marilyn» qu'avec elle. La nouvelle génération de médicaments amaigrissants comme Ozempic ou Wegovy a suscité un tel engouement que les cliniques spécialisées ont des listes d'attente allant jusqu'à six mois et que Novo Nordisk, fabricant d'Ozempic, a du mal à suivre la production des seringues.
Pour l'entreprise danoise, les médicaments amaigrissants sont une mine d'or: en septembre, Novo Nordisk est devenue l'entreprise européenne la plus riche. Sa concurrente Eli Lilly, qui commercialise l'injection amaigrissante Mounjaro, vaut désormais plus que Roche et Novartis réunis.
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En Suisse, selon le rapport sur les médicaments d'Helsana, les coûts de la substance active Semaglutid ont triplé au cours des trois dernières années, passant de 15,7 à 51,6 millions de francs.
Des somptueux cadeaux
Novo Nordisk et Eli Lilly contribuent activement à cet engouement, en invitant des médecins et des hôpitaux à des congrès, en prenant en charge les voyages, les nuitées ou les repas, en payant des honoraires de consultants. L'année dernière, Novo Nordisk a dépensé 4,1 millions de francs pour cela, soit presque le double de l'année précédente (2,1 millions). Au cours des huit dernières années, cela a représenté un total de 22 millions de francs. Son concurrent Eli Lilly a versé au total 30 millions au cours des huit dernières années, et en 2022 également une somme record de sept millions de francs.
Novo Nordisk et Eli Lilly font toutes deux partie du top 20 des 65 entreprises qui rendent publiques leurs dépenses. Blick a donc pu les évaluer avec le «Beobachter» et la «Handelszeitung» par le biais de la plateforme pharmagelder.ch.
Un spécialiste de l'hôpital universitaire de Zurich en tête de liste
Pas moins de trois médecins-chefs — tous des diabétologues spécialisés et en partie reconnus au niveau international — figurent en tête de la liste des plus gros bénéficiaires de Novo Nordisk. Roger Lehmann, directeur adjoint de la clinique d'endocrinologie et de diabétologie de l'hôpital universitaire de Zurich, est celui qui a reçu le plus, avec un total de 63'000 francs depuis 2015. Un médecin-chef adjoint de l'hôpital cantonal de Zoug a reçu 46'000 francs et le médecin-chef de l'hôpital cantonal de Frauenfeld (TG) a empoché 44'500 francs en huit ans.
Mais ce n'est pas tout: le géant danois de l'amaigrissement soutient également activement les membres de la Société suisse d'endocrinologie et de diabétologie (SSED). Ces dernières années, 13 des 19 membres du comité directeur ont reçu de Novo Nordisk des montants à quatre chiffres au minimum. En tant que société spécialisée, la SGED jouit d'une grande crédibilité et a une fonction de leader d'opinion dans la branche.
Le problème? Il est évident. Des études montrent que même de petits montants versés à des médecins, par exemple pour un déjeuner, peuvent modifier leur comportement en matière de prescription. Ainsi, les médecins qui reçoivent des paiements ont davantage tendance à prescrire des médicaments originaux plus chers et à sous-estimer les effets secondaires.
Professeur et ancien délégué pharmaceutique
Le journal «Observer» a récemment révélé jusqu'où les géants de l'industrie pharmaceutique sont prêts à aller. Un professeur britannique a fait l'éloge du médicament Wegovy devant des millions de téléspectateurs à la radio BBC, sans mentionner le fait qu'il était également président de l'Association européenne pour l'étude de l'obésité, qui a reçu du fabricant de Wegovy plus de 3,6 millions de livres sterling en trois ans. Détail piquant supplémentaire: le professeur était auparavant conseiller de Novo Nordisk.
Dans le cas de Roger Lehmann, mentionné ci-dessus, on constate qu'il ne reçoit des paiements de Novo Nordisk que depuis sa nomination au poste de directeur adjoint. Une bonne partie de cette somme lui est versée pour des conseils et des exposés, par exemple lors de congrès. Roger Lehmann écrit qu'un voyage international coûte rapidement 15'000 à 20'000 francs. Il en ferait deux par an, ce qui explique les contributions.
Pour les conférences, Roger Lehmann se dit «complètement libre» quant au contenu. Il est indemnisé par un tarif horaire de 100 à 150 francs, «ce qui est tout à fait adapté à ma formation et à ma position», dit-il. Comme il donne des conférences pour pratiquement toutes les entreprises pharmaceutiques actives dans le domaine du diabète, il affirme être indépendant sur le plan médical. Les conférences profitent finalement à l'hôpital universitaire, car elles permettent d'augmenter le nombre d'admissions.
Novo Nordisk écrit pour sa part que les «prestations pécuniaires» aux spécialistes dépendent de leurs domaines d'activité. Or aujourd'hui, on investit davantage dans les domaines thérapeutiques qu'auparavant. Comme l'obésité.
Collaboration: Otto Hostettler, Simon Huwiler, Michael Heim et Seraina Gross