Conflit d'intérêt et indépendance
Les Big pharma sponsorisent plusieurs médecins genevois

Les Big pharma subventionnent à hauteur de plusieurs centaines de millions de francs par années la santé en Suisse. Notamment en sponsorisant des médecins, des congrès et des hôpitaux. Voici le top cinq des médecins qui reçoivent le plus avec un Genevois en tête.
Publié: 14.09.2023 à 17:00 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2023 à 19:19 heures
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Pharmagelder.ch est un projet du Ringier Axel Springer Research Network. L'analyse a été effectuée par «Beobachter», «Handelszeitung», «Blick» et «Sonntags-Blick».
Photo: Keystone
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Otto Hostettler

Les entreprises pharmaceutiques ont versé en 2022 environ 7,5 millions de francs directement aux médecins: un million de plus que l'année précédente. La pharma finance ainsi les frais de congrès des médecins et les paie pour des conférences et des activités de conseil. En tête de liste, on trouve cinq professeurs qui ont perçu ensemble pas moins de 279'000 francs.

Le montant le plus élevé a été versé à Jean-Yves Reginster, spécialiste de l'ostéoporose résidant sur les bords du lac Léman. Ce spécialiste est notamment professeur associé à l'Université de Liège (Belgique) et directeur du Centre collaborateur de l'OMS pour les aspects de santé publique de la santé musculosquelettique et du vieillissement.

75'000 francs d'une seule entreprise

Jean-Yves Reginster a publié des centaines d'articles sur différents aspects de l'ostéoporose, de l'arthrose et de la fragilité des os. Il est également président de la Société européenne pour l'ostéoporose et l'arthrose et cofondateur et membre du conseil d'administration de la Fondation internationale pour l'ostéoporose.

Le médecin a reçu l'année dernière 75'240 francs versés par une seule entreprise: Mylan Pharma GmbH basé à Steinhausen (ZG), qui appartient au groupe international Viatris. Mylan est active sur le marché, entre autres, avec des médicaments dans le domaine de l'ostéoporose.

Une illustre société académique

En deuxième position, on trouve Luc Biedermann (55'677 francs), médecin-chef à la clinique de gastroentérologie et d'hépatologie de l'hôpital universitaire de Zurich (diagnostic et traitement des maladies du tractus gastro-intestinal). Vient ensuite le directeur de la clinique de Luc Biedermann, Gerhard Rogler (53'309 francs), qui est aussi directeur du centre de l'obésité à l'hôpital universitaire.

La quatrième plus grosse somme est allée à Alfredo Addeo, médecin-chef en oncologie à l'Hôpital universitaire de Genève (53'237 francs), suivi de Roger Lehmann, directeur adjoint de la clinique d'endocrinologie, de diabétologie et de nutrition clinique de l'Hôpital universitaire de Zurich (41'326 francs).

Ces grosses sommes offertes aux différents praticiens laissent planer un certain doute quant à leur autonomie face aux entreprises pharmaceutiques. Le journal «Beobachter» a donc voulu savoir dans quelle mesure les activités des cinq médecins sont influencées par l'industrie pharmaceutique et si les revenus financiers qui en découlent affectent leur indépendance médicale. Jean-Yves Reginster, Luc Biedermann et Alfredo Addeo ont laissé une demande sans réponse.

«Tout à fait approprié à ma position»

Roger Lehmann, qui traite en tant que responsable des patients souffrant de diabète, de troubles hormonaux et de surpoids, souligne: «Comme je donne des conférences pour pratiquement toutes les entreprises pharmaceutiques actives dans le domaine du diabète, je suis indépendant sur le plan médical. Je donne généralement ces conférences pendant mon temps libre et les prépare chez moi.» Il est indemnisé par des honoraires de 100 à 150 francs, «ce qui est tout à fait adapté à ma formation et à ma position», estime le médecin.

Le directeur de la clinique, Gerhard Rogler, dit de lui-même qu'il est d'ailleurs plutôt considéré comme un «pharmacien critique». Les activités de conseil n'affecteraient pas son indépendance médicale «selon mon sentiment».

De plus, il semble conscient des «conflits d'intérêts potentiels et réels. Je les rends donc publics et transparents et peux ainsi faire vérifier à tout moment s'ils influencent ma pratique de prescription».

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