Condamné à Genève à 15 ans de prison
Les avocats d'Erwin Sperisen minent le terrain du quatrième procès

L'ex-chef de la police du Guatemala, condamné à Genève à 15 ans de prison pour complicité d'assassinats sur sept détenus d'une prison de l'État d'Amérique central, attend son procès en appel. Sa défense veut récuser la magistrate chargée des débats.
Publié: 19.12.2023 à 20:59 heures
Erwin Sperisen entouré de ses avocats, Me Giorgio Campá (gauche) et Me Florian Baier, le 18 décembre 2023.

Erwin Sperisen doit être jugé une quatrième fois à Genève. Dans la perspective de ce procès, les avocats de l'ex-chef de la police nationale du Guatemala ont lancé, lundi, les hostilités. Ils ont commencé par demander la récusation de la juge qui a repris le dossier.

Selon les avocats Florian Baier et Giorgio Campa, la juge Gaëlle Van Hove, pressentie pour présider les débats lors de ce quatrième procès, entretient une trop grande proximité avec le premier procureur Yves Bertossa, qui a instruit l'affaire et porte l'accusation.

Reproches envers la juge verte

Les avocats reprochent aussi à la juge Van Hove d'être membre du parti des Vert-e-s, une formation qui, en 2007, avait déposé une interpellation au Conseil national, intitulée «Violations des droits de l'homme au Guatemala par un ressortissant double national suisse», et qui visait Erwin Sperisen.

Florian Baier et Giorgio Campa souhaitent aussi que leur demande de récusation soit traitée par des juges suppléants extraordinaires désignés par le Grand Conseil genevois, «en application de la loi d'organisation judiciaire genevoise».

En octobre dernier, Erwin Sperisen avait été libéré de la prison de Witzwil (BE), où il purgeait une peine de 15 ans de prison pour complicité d'assassinat. Le Tribunal fédéral avait annulé sa condamnation, à la suite d'une décision rendue par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH), en juin 2023.

Apparence de partialité

La CEDH estimait que la présidente de la Cour de justice genevoise avait donné une apparence de partialité avant le procès d'avril 2018 qui avait débouché sur la condamnation d'Erwin Sperisen pour complicité d'assassinat.

«J'espère que tout ce qui m'arrive va ouvrir les yeux de la population genevoise», a déclaré lundi Erwin Sperisen. Selon lui, les problèmes qu'il a rencontrés avec la justice du bout du lac peuvent toucher d'autres personnes. Il s'est plaint que la présomption d'innocence dans son affaire n'ait pas été respectée.

L'ancien chef de la police guatémaltèque est accusé par le Ministère public genevois d'avoir participé, au Guatemala, à l'élimination physique de sept détenus, en 2006, lors de la reprise en main par les forces de sécurité guatémaltèques d'un pénitencier qui était tombé sous la coupe de prisonniers influents.

Erwin Sperisen doit être jugé une quatrième fois. A l'issue des deux premiers procès, l'ex-chef de la police nationale du Guatemala avait été reconnu coupable d'assassinats et avait écopé de la prison à vie. A son troisième passage devant les tribunaux genevois, seule la complicité d'assassinat avait été retenue contre lui. Erwin Sperisen a déjà passé plus de 11 ans en prison.

(ATS)

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