Dans le secteur de l'immobilier, être propriétaire est habituellement considéré comme plus sûr qu’être locataire. Une certitude qui risque d’être chamboulée par la récente augmentation du taux directeur de la Banque nationale suisse (BNS).
Jeudi, la BNS a relevé ce chiffre, le faisant passer de -0,75% à -0,25%. Les taux d’intérêt hypothécaires avaient déjà augmenté au cours des derniers mois et le changement de ce taux directeur risque de faire encore augmenter la cadence.
Une nouvelle hausse à l’automne?
Les hypothèques à taux fixe dépassent depuis longtemps les 3%. De nombreux propriétaires ont donc récemment opté pour des hypothèques Saron à court terme. Il s’agit d’hypothèques variables sur de courtes durées. Le Saron est recalculé chaque jour et la décision de la BNS concernant le taux directeur aura donc des répercussions sur sa valeur.
Actuellement, le Saron est inférieur à 1%. Comme ce dernier est étroitement lié à la valeur du taux directeur, un saut d’intérêt d’un demi-point de pourcentage est à prévoir.
L’expert immobilier Donato Scognamiglio de la société de conseil Iazi appelle à la prudence dans la «SonntagsZeitung»: «La prétendue sécurité de tous ceux qui ont fui les hypothèques fixes pour des hypothèques à court terme pourrait s’avérer être un risque. De nombreux propriétaires vont avoir un problème.»
La BNS devrait à nouveau relever son taux directeur en septembre. C’est ce que le président de la BNS Thomas Jordan a laissé entendre cette semaine. Les taux d’intérêt des hypothèques Saron pourraient ainsi également augmenter à 3% voire plus.
600’000 propriétaires sur la sellette
Dans son rapport sur la stabilité financière, la BNS estime qu’avec un taux hypothécaire de 3%, 20% des propriétaires de logements ne remplissent plus les règles de viabilité de leur banque. Avec un taux de logements en propriété d’environ 40%, cela concerne tout de même plus de 600’000 personnes en Suisse!
Avec la hausse des taux d’intérêt, les frais de logement dépassent le tiers de leur revenu. Ceux qui continuent à payer sagement leurs dettes hypothécaires sont certes surveillés par leur banque, mais n’ont pas à craindre directement pour leur logement. En revanche, ceux qui prennent du retard dans leurs paiements risquent, dans le pire des cas, de perdre leur logement.
Une baisse des prix en contrepied
Outre les variations des taux d’intérêt, la baisse du prix des logements risque également de poser problème aux propriétaires. Alors que pendant des années, les prix de l’immobilier n’ont connu qu’une seule direction (la hausse), cette tendance s’est récemment inversée. En moyenne en Suisse, les prix de l’immobilier ont baissé de 0,4% au premier trimestre, rapporte la «SonntagsZeitung» en se référant aux chiffres de l’Office fédéral de la statistique.
Selon le lieu de résidence, le recul est encore plus marqué: à Glaris, Davos (GR) et Zermatt (VS) par exemple, les prix ont baissé de plus de 4%. En revanche, à Zurich, Genève, Bâle et Berne, les prix continuent d’augmenter. La BNS s’attend à une correction des prix encore bien plus forte.
«Le changement de taux d’intérêt sonne la fin de la spéculation avec de l’argent gratuit. L’époque des prix absurdement élevés est révolue», précise à ce sujet Donato Scognamiglio dans la «SonntagsZeitung».
Les locataires aussi sont concernés
Ces variations de taux et la situation fluctuante ne concernent pas seulement les propriétaires de logement. À l’avenir, les locataires risquent également d’en pâtir.
Sur le long terme, la hausse du taux directeur pourra également entraîner une augmentation du taux de référence, et donc des loyers. Cette hausse des loyers ne devrait toutefois pas être ressentie avant deux ou trois ans.