Sosa D.* est désespérée. L'Argovienne s'inquiète pour la santé de ses quatre enfants âgés de quatre à douze ans. Sa famille de six personnes a emménagé en août 2023 dans un appartement de 4,5 pièces à Oberentfelden, en Argovie. Mais rapidement, un colocataire indésirable a pris ses quartiers chez eux: la moisissure, laide – et dangereuse pour la santé.
La mère de famille nous fait visiter les pièces concernées. «La moisissure est apparue dans plusieurs pièces à partir de la mi-octobre», explique l'assistante en soins de profession. La famille aurait informé la régie début novembre. «Cela fait huit mois que nous patientons dans cet appartement. J'ai peur que la moisissure rende ma famille malade», déclare Sosa D.*
D'autres témoignages
Le papier peint s'effrite du mur
La maman s'arrête dans une pièce: «La chambre des enfants est la plus touchée. L'humidité du mur a même fait tomber le papier peint. La moisissure s'est également attaquée à la structure du lit, au matelas et aux vêtements.» Lors de la visite de Blick, le papier peint est invisible – seule la moisissure qui s'était formée en dessous a été retirée de manière provisoire. Des photos montrent à quoi ressemblait la pièce avant le traitement. On y voit un mur humide et de larges taches noires.
Mais pour la régie, la faute revient aux locataires. «Les experts ont mesuré une humidité trop élevée dans l'appartement, glisse Sosa D.* Ils supposent que le bien n'est pas correctement isolé.» La mère de famille parle aussi d'une isolation insuffisante: «Quand il pleut, de l'eau tombe du plafond dans notre chambre.» Elle nous montre des photos prises avec son téléphone, dans lesquelles des gouttes tombent du plafond. Plus loin, elle désigne les cadres de fenêtres: «Ils ont l'air vieux et ne sont probablement pas étanches.»
Ce qui dérange le plus Sosa D., c'est que «le bailleur nous laisse tomber». On peut ainsi lire dans des courriels que la gérance donne des instructions à la famille sur la manière de lutter elle-même contre la moisissure, par exemple avec un spray acheté en droguerie. A un moment donné, la régie cède et propose de faire venir un peintre. «Il a vaporisé brièvement les endroits concernés, puis a encore passé une petite couche par-dessus», explique la maman. Mais la moisissure est vite revenue. Lorsque le peintre doit à nouveau intervenir, la régie est catégorique: l'intervention sera aux frais de la famille!
Un séchoir contre l'humidité
Fin juin, un «rendez-vous difficile» a eu lieu auprès de l'autorité de conciliation, explique la Croate d'origine. «Comme nous ne parlons pas très bien allemand, nous avons signé un document. Nous ne savions pas qu'il y était stipulé que nous reconnaissions notre responsabilité. Ma sœur a traduit la lettre pour nous puis nous avons réagi dans les délais pour tout révoquer.»
Blick a pris connaissance de ces deux lettres. Sollicité, le bailleur précise sa prise de position par écrit: «La faute de la mauvaise qualité de l'appartement incombe uniquement au locataire.» La famille aurait mal aéré et placé des meubles contre les murs extérieurs. De plus, «la locataire ou ses enfants ont enlevé le joint en silicone près de la baignoire», ajoute-t-on encore.
Entre-temps, des séchoirs – mandatés par la gérance – sont utilisés pour lutter contre l'humidité. Celle-ci a pu être quelque peu réduite en l'espace de deux semaines. Mais lors de la visite de Blick, l'appartement était toujours humide et sentait mauvais. «Comme les câbles électriques traînent ici et que les séchoirs sont bruyants, nous sommes hébergés chez ma sœur pendant quelques jours. Pour pouvoir au moins prendre une douche, explique la maman en détresse. Mais nous ne pouvons pas y rester longtemps: nous sommes neuf personnes dans un appartement de 3,5 pièces.»
Les propriétaires ne veulent pas investir
Entre-temps, l'assurance de protection juridique de la famille a été impliquée dans l'affaire. L'annonce faite à la gérance est la suivante: il existe «un problème général d'humidité dans cet appartement», où «apparemment, de l'eau pénètre également dans l'appartement lors de pluies». L'assurance écrit: «Il n'est pas professionnel de vouloir simplement reporter le problème sur les locataires, juste parce que les propriétaires n'ont probablement pas envie d'investir.» Conclusion: «Vous devez agir immédiatement et faire examiner l'ensemble de l'appartement pour détecter les fuites ainsi que les ruptures de canalisations.»
Aujourd'hui, Sosa D. ne sait pas comment les choses vont évoluer. «Je souhaite que l'administration mette à notre disposition une solution transitoire équitable et qu'elle prenne en charge les dégâts occasionnés jusqu'à présent.»
Aucune solution n'est en vue à ce jour. Et le bailleur n'est pas près d'abandonner: il a indiqué à Blick vouloir rendre la famille responsable des dommages causés par les moisissures – y compris devant la justice. Pour l'instant, une seule chose est sûre pour la famille argovienne: ce n'est qu'une question de temps avant que les moisissures ne reviennent.
*Nom connus de la rédaction