Pas moins de 1,10 franc. C’est ce que valait un euro il y a exactement un an. Aujourd’hui, la parité a presque été retrouvée. La monnaie européenne vaut exactement la nôtre, parfois même moins, comme cela s’est produit mercredi et jeudi. Pendant un instant, l’euro ne valait plus que 0,9943 franc: un record cette année.
Doit-on y voir une alerte rouge pour la place industrielle suisse? Aucun signal n’a encore été décelé. Est-ce dû à une intervention de la Banque nationale suisse (BNS)? Là encore, il n'y a pas de preuves dans ce sens. Du côté des touristes suisses qui passent leurs vacances dans la zone euro, il y a de quoi se réjouir… En théorie.
En Allemagne, en Grèce ou en Espagne, le renchérissement de l’essence, du pain et de la bière est bien supérieur à ce qui se passe en Suisse. Et l’appréciation du franc ne suffira probablement pas à compenser ces hausses de prix.
Pas de surévaluation du franc selon la BNS
Malgré ces différences de renchérissement, l’euro devrait continuer à se déprécier à moyen terme par rapport au franc. Thomas Flury, spécialiste des devises à l’UBS en est convaincu: «Nous nous attendons à une oscillation autour de la parité au second semestre, puis à un glissement en dessous de la parité.»
L’expert avance encore que ce renforcement du franc face à l’euro pourrait découler des mesures courageuses prises par la BNS pour lutter contre l’inflation. La Banque centrale européenne (BCE), en revanche, se montrerait plus hésitante. «En outre, les effets de la guerre en Ukraine se font davantage sentir dans l’UE que chez nous en Suisse», analyse Thomas Flury.
Pas de limite inférieure stricte pour le cours
Pour la BNS, il n’y a pas de surévaluation actuelle du franc. L’institution se tiendrait sur la ligne de touche et n’aurait aucune raison de défendre la parité de l’euro par rapport au franc, estime l’expert d’UBS. «Elle n’a jamais annoncé une limite inférieure stricte du cours à la parité.» Mais elle maintient la stabilité de la monnaie dans certaines limites.
Pour la place industrielle suisse, l’appréciation du franc n’est pas une mauvaise nouvelle. Pour l’instant, elle est supportable pour les exportateurs, car ils peuvent profiter des prix plus élevés à l’étranger. «Les tendances de croissance sont plus importantes que le taux de change, mais elles s’assombrissent malheureusement un peu en ce moment», conclut Thomas Fury.