À l’occasion de la célébration de la Victoire le 9 mai, des jeunes garçons ont dû poser en uniforme militaire à l’ambassade russe à Berne. L’ambassadeur estime que ce choix n’est pas de la propagande.
Pour mettre son pays au pas, le dirigeant Vladimir Poutine commence par les plus jeunes. Lorsque la Russie a célébré le 9 mai la Victoire sur les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux écoliers ont dû poser en costume militaire. Des photos d’élèves de maternelle en uniforme ont suscité l’indignation dans le monde entier.
Le jour de la Victoire a également été célébré à Berne où des scènes similaires se sont déroulées lors d’une cérémonie à l’ambassade de Russie. Des garçons en primaire ont dû se présenter en uniforme de soldat.
Une école de l’ambassade
L’événement a eu lieu le 6 mai, trois jours avant l’anniversaire officiel de la victoire. Ce défilé militaire d’enfants a été organisé par l’école de l’ambassade, qui est gérée par le ministère russe des Affaires étrangères. Les élèves sont des enfants d’employés d’entreprises russes en Suisse.
Les commémorations du 9 mai sont une tradition en Russie. Le fait que des enfants se glissent à cette occasion dans le rôle de soldats de l’Armée rouge n’est pas nouveau. Mais ces manifestations sont depuis longtemps bien plus qu’un simple hommage. Poutine utilise l’occasion pour endoctriner toute une nouvelle génération.
Les vêtements sont «un choix volontaire des jeunes garçons»
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le 9 mai a pris cette année un caractère particulièrement significatif. Vladimir Khokhlov, porte-parole de l’ambassade russe à Berne, ne voit toutefois aucun problème avec le déguisement des petits garçons. «Nous ne considérons pas la célébration des fêtes russes comme de la propagande.», assure-t-il. La participation à l’événement était volontaire, tout comme le choix des vêtements. «Tous les enfants ne portaient pas d’uniformes militaires.» Vladimir Khokhlov assure en outre que la question de la guerre en Ukraine n’a pas été abordée lors de la manifestation.
Les recherches du SonntagsBlick montrent toutefois qu’un lien avec l’actualité a bien été établi pendant la cérémonie. Et ce, par l’ambassadeur Sergueï Garmonine en personne. Il a accueilli le public avec un discours dans lequel il a rappelé le «rôle décisif» de son pays dans la défaite du fascisme. L’ambassadeur a souligné la nécessité de préserver les «résultats incontestés» de l’époque. Il a appelé à tout mettre en œuvre pour lutter contre les «manifestations actuelles du néonazisme» dans un certain nombre de pays européens.
Le Kremlin justifie l’invasion par le fait que le pays doit être libéré des nazis. Sergueï Garmonine a été encore plus loin dans une lettre publiée le même jour sur le site Internet de l’ambassade de Russie. Il y affirme que le néonazisme a «complètement refleuri» en Ukraine. «Aujourd’hui, nos combattants, tout comme leurs grands-pères et arrière-grands-pères, doivent mener une lutte sans merci contre le néonazisme.» Il en est convaincu: «Notre cause est juste, la victoire sera nôtre!»être dirigé
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Une Zurichoise liée au pouvoir moscovite
L’ambassade à Berne est depuis longtemps devenue le centre de la propagande russe en Suisse. Elle diffuse la rhétorique de Vladimir Poutine sans filtre sur Twitter et Facebook. Les diplomates n’agissent pas avec retenue contre les critiques. Les dissidents sont publiquement cloués au pilori, les journalistes discrédités.
La Zurichoise Daria F.* joue également un rôle important dans la campagne de désinformation russe. Elle a des liens étroits avec l’appareil du pouvoir à Moscou. Elle est la porte-parole internationale de l’organisation Régiment immortel, à l’initiative de laquelle les élèves ont brandi des photos d’anciens combattants lors de la célébration à l’ambassade de Berne.
* Nom modifié
(Adaptation par Lliana Doudot)