CarPostal botte en touche: ses bus n'ont pas de problème de sécurité. Et pourtant...
Il est près de 2h du matin, le 5 novembre, lorsqu'un chauffeur de CarPostal appuie sur le frein. Catastrophe! Engagé sur les routes de Zurich, son autocar perd immédiatement une roue côté gauche. Cette information sera très vite confirmée par la filiale de la Poste.
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Heureusement, aucune personne n'a été blessée et le véhicule n'a subi que des dommages mineurs, souligne toutefois CarPostal. Le trajet a ensuite été interrompu et les passagers ont dû finir leur trajet... à pied.
Depuis 2019, les cars postaux ont perdu six fois une roue arrière
Ce n'est pas un cas isolé: depuis 2019, les cars postaux ont perdu six fois une roue arrière. Ce qui n'est pas sans danger, surtout quand on imagine une des deux roues avant ou l'une des deux roues jumelles à l'arrière se déboulonner pour s'écraser sur le pare-brise d'un véhicule à proximité. Le risque est également important pour la trentaine de passagers assis, de même que pour les 20 à 60 passagers debout.
L'entreprise de transports publics nie toutefois avoir un problème de sécurité: «CarPostal ne fait pas d'économies au détriment de la sécurité. La sécurité est centrale dans l'exploitation quotidienne des cars postaux. De plus, nous respectons les prescriptions légales, nous avons des procédures standardisées et des spécialistes qui s'occupent de ces questions» selon son porte-parole Urs Bloch.
Seulement voilà: les procédures de contrôles n'ont pas été respectées! Et ça, même CarPostal l'avoue. Ainsi, selon nos informations, des pneus d'hiver ont été montés début octobre sur le bus accidenté et auraient parcouru plus de 9000 kilomètres sans aucun contrôle depuis. Carpostal se défend: «Chaque véhicule fait l'objet d'un contrôle de sécurité quotidien avant sa mise en service, lequel comprend notamment un tour complet du véhicule et un coup d'œil sur les roues. À cela s'ajoute des contrôles de sécurité mensuels.»
Les chauffeurs se plaignent d'une charge de travail trop élevée
Le changement de pneus du bus en question avait été effectué par une entreprise externe. En principe, les écrous de roues doivent être resserrés après un certain nombre de kilomètres, indique CarPostal. Ainsi, selon les informations de Blick, le resserrage aurait dû être effectué au bout de 500 kilomètres, au plus tard. Or «ces contrôles manquaient sur le véhicule concerné», admet Urs Bloch. «Nous sommes en train de clarifier comment tout ceci a pu se produire.»
Le chauffeur lui-même aurait dû constater les failles de sécurité lors de son contrôle quotidien, en début de service. Problème: les chauffeurs doivent effectuer tellement d'opérations lors de leur prise de fonction que les contrôles de sécurité sont manifestement insuffisants. Beaucoup se plaignent de problèmes de sécurité en raison d'une charge de travail trop élevée, ce que dément CarPostal.
CarPostal dans le collimateur des services de contrôle
Sust, le Service suisse d'enquête de sécurité, s'est désormais saisi de l'affaire et se penche sur les éventuels manquements de CarPostal. En 2022, 85 accidents ont été enregistrés. 71 autres ont eu lieu cette année. Mais ces chiffres sont à nuancer, car depuis 2018, le nombre d'accidents de l'entreprise a légèrement baissé, grâce notamment à la baisse des trajets durant la pandémie.
Les cars postaux ont aujourd'hui retrouvé leurs passagers: en juillet, leur nombre a augmenté de 12% par rapport à l'année précédente. Et l'on se dirige vers une année record, selon les prévisions de la filiale du géant jaune.