Les plans d'économie de la ministre des Finances Karin Keller-Sutter agitent le monde politique à Berne. En cause: la première campagne de prévention contre la violence, annulée par le Conseil fédéral, avant même sa mise en œuvre.
La conseillère nationale PS bernoise Tamara Funiciello ne l'entend pas de cette oreille. Selon elle, un féminicide a lieu toutes les deux semaines en Suisse et plus de 50 cas de violence domestique sont enregistrés chaque jour. Il est urgent de faire quelque chose contre cela. «Le Conseil fédéral doit enfin sortir de l'argent de sa poche», tonne-t-elle. Avec une pétition et une lettre ouverte, le PS fait désormais pression sur le Parlement pour qu'il renverse la décision du Conseil fédéral.
L'objectif: prévenir la violence domestique et sexuelle
Sur X, le Département des finances de Keller-Sutter a qualifié le tollé de «fake news». Mais les recherches montrent que le Conseil fédéral a effectivement rejeté la proposition du Département de l'intérieur de débloquer un bon million de francs pour une campagne de prévention.
L'année dernière, le Conseil fédéral s'était pourtant engagé en faveur de cette mesure. Il avait recommandé l'adoption des interventions de Tamara Funiciello, de la conseillère aux Etats valaisanne Marianne Maret et de la conseillère nationale PLR Jacqueline de Quattro. Les deux chambres ont suivi le Conseil fédéral et ont donné l'année dernière – à une nette majorité – le feu vert à des campagnes de prévention régulières. De la même manière que la Confédération mène depuis des décennies un travail de prévention contre le sida, une campagne contre la violence domestique, sexuelle et sexiste devait être également lancée.
Le Département des finances se défend
Le Département des finances de Keller-Sutter se défend d'avoir supprimé des fonds. Mais la contestation est difficilement compréhensible. Et se référer au fait que la Confédération met chaque année trois millions de francs à disposition pour des campagnes de prévention de la violence en affirmant que ce budget ne sera pas réduit, ne tient pas la route.
En effet, cet argent n'est pas destiné à des campagnes propres, mais il est versé à des organisations et des cantons. Lors des débats parlementaires, Alain Berset a explicitement déclaré que pour des raisons juridiques, un budget supplémentaire était nécessaire pour une campagne de prévention organisée par la Confédération elle-même. Il faudrait «1,5 à 2 millions de francs supplémentaires», a-t-il souligné. Ce montant doit être intégré au budget fédéral. Le plan financier que Keller-Sutter a présenté n'est pas encore un budget, mais une base pour celui-ci. En fin de compte, c'est le Parlement qui décide de l'affectation des fonds.
«On économise au mauvais endroit»
Le Département des finances précise par ailleurs que les départements disposent, dans le cadre de leur budget, «d'une certaine flexibilité dans le financement des projets». Ce qui signifie qu'il serait possible d'aller chercher l'argent de la campagne ailleurs. Mais ce n'est pas réaliste.
Le PS demande au moins trois millions de francs pour les campagnes – ce serait la seule façon d'avoir un impact. La décision actuelle serait désastreuse. Au sein même du parti de Keller-Sutter, Jacqueline de Quattro, critique également les plans d'économie: «Bien sûr, la situation financière n'est pas rose. Mais ici, on économise au mauvais endroit», estime-t-elle. La violence devient un problème de plus en plus important dans la société, c'est pourquoi une campagne de prévention à grande échelle est nécessaire de toute urgence. «En fin de compte, ce n'est pas une dépense, mais un investissement dans l'avenir.»