Bitsch complotiste?
Un partisan de QAnon élu au conseil communal de ce village valaisan

L'issue de l'élection du conseil communal dans la petite commune valaisanne de Bitsch a créé la surprise. En tête d'affiche; un partisan des QAnon, réputé pour ses posts Facebook douteux.
Publié: 19.03.2022 à 10:57 heures
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Dernière mise à jour: 20.03.2022 à 13:00 heures
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Les élections communales de dimanche dernier ont fait couler beaucoup d'encre dans la paisible vallée. Un conseiller s'étant retiré, l'issue du vote quant à son remplaçant a pour le moins fait froncer des sourcils: Christian Schnarf, 43 ans, jusque-là inexpérimenté en politique, a remporté la course.
Photo: pomona.media
Cédric Hengy

Si vous en avez déjà entendu parler, c’est certainement en traversant le Valais pour vous rendre dans une station de ski, ou en Italie. Il faut l’admettre: son nom cocasse a retenu votre attention sur la route. Peut-être avez-vous même ralenti, sourire en coin, pour prendre une photo, avant de reprendre le cours de votre voyage. Bref, hormis pour son nom, le petit village de Bitsch n’a pas pour habitude d’attirer le feu des projecteurs.

Et pourtant. Les élections communales de dimanche dernier ont fait couler beaucoup d’encre dans la paisible vallée. Un conseiller communal s’étant retiré, l’issue du vote qui visait à le remplacer a pour le moins fait froncer des sourcils: Christian Schnarf, 43 ans, inexpérimenté en politique, a remporté la course.

Jusque-là, a priori, tout va bien. Mais le diable se cache dans les détails, comme le souligne le «Walliser Bote», après s’être intéressé de plus près au profil Facebook du candidat qui s’avère tenir des théories qu’on peut qualifier de conspirationnistes.

Opposant aux mesures et antivax

Le profil en ligne du nouveau conseiller communal est une véritable caverne d’Ali Baba: on y trouve toute une collection de contributions fumeuses et de théories du complot…

Christian Schnarf s’en est pris à la politique de lutte contre le Coronavirus du Conseil fédéral, ce qui n’a rien de grave, mais ça se gâte lorsqu’il se présente également comme un adepte de QAnon – un mouvement qui propage des théories du complot pour le moins fumeuses. Des théories aux conséquences parfois dramatiques: pour mémoire, ce sont, entre autres, des adeptes de QAnon qui avaient lancé l’assaut sur le Congrès américain, armes en main, à l’issue des élections.

QAnon, la référence du conseiller communal de Bitsch, va encore plus loin. Selon les sympathisants de ce groupe, des politiciens en vue et d’autres membres de «l’élite» tueraient des enfants et boiraient leur sang pour rester éternellement jeunes…

Compte tenu de tout ce qui précède, on ne s’étonnera pas que Christian Schnarf, dans sa critique sévère de la campagne de vaccination du Conseil fédéral, n’hésite pas à se lancer dans des comparaisons avec l’Holocauste.

Le conseil municipal voit rouge

Le fait qu’une personne qui soutient des théories complotistes ait remporté la course à Bitsch est un événement en soi. Avant l’élection, le conseil municipal avait soutenu une femme. Mais le plan n’a pas fonctionné, Christian Schnarf ayant été élu avec 20 voix d’avance. Une vraie gifle pour l’exécutif du village.

Edgar Kuonen, président de la commune de Bitsch, affirme à Blick que «le conseil communal était conscient que Christian Schnarf est un citoyen critique. Mais le conseil communal ne savait pas que ses positions étaient aussi extrêmes et qu’elles reposaient sur une vision du monde clairement condamnable dans une telle mesure».

Les membres du conseil communal vont devoir chercher le dialogue avec leur nouveau collègue un peu particulier… Bien que les idées défendues par le quadragénaire n’aient en réalité pas leur place au sein d’un conseil communal démocratique, comme le souligne son président.

Contacté par Blick, Christian Schnarf n’a pas souhaité s’exprimer sur ses posts Facebook, précisant tout de même que «mes posts ne sont qu’une petite partie de moi.» Le père du conseiller communal fraîchement élu relativise lui aussi, et demande à la population de Bitsch de donner une chance à son fils. «Qu’il montre d’abord ce dont il est capable. Ce n’est qu’ensuite que les gens pourront le critiquer.»

(Adaptation par Daniella Gorbunova)

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