Les États-Unis semblent bien décidés à se payer la Suisse. Ces derniers mois, ils ont multiplié les pressions contre Berne, affirmant que la Suisse était trop laxiste en matière de lutte contre l'argent des oligarques russes et qu'elle faisait même les affaires de la Russie en s'opposant à la livraison de chars à l'Ukraine.
Plus récemment, une commission américaine, dite commission d'Helsinki, a tiré à boulets rouges sur la Suisse. Les membres de la commission ont mis en doute l'intégrité de la justice suisse, en parlant de corruption tout en souhaitant notamment sanctionner trois Suisses, dont l'ancien procureur général de la Confédération Michael Lauber.
Le Département des affaires étrangères intervient
En juillet, la Confédération a rejeté en bloc toutes ces accusations. Comme le rapportent les journaux de «Tamedia» vendredi, le Département des affaires étrangères (DFAE) – désormais habilité à intervenir au niveau diplomatique – aurait ainsi réagi pour faire part de son désaccord avec la Commission d'Helsinki. Le DFAE renvoie ainsi d'un revers de main le reproche selon lequel la justice suisse serait molle et défaillante: «La Suisse est un État de droit qui fonctionne et dans lequel la séparation des pouvoirs est respectée.»
La Suisse a également fait savoir qu'elle suivait scrupuleusement les sanctions, en bloquant 7,5 milliards de francs. «Les affirmations selon lesquelles la Suisse en fait moins que d'autres pays et qu'elle héberge toujours des fonds de personnes sanctionnées sans les geler sont infondées.»
La Suisse doit agir immédiatement
Il n'est toutefois pas certain que l'intervention du DFAE atténue la pression américaine. L'ancien ambassadeur Thomas Borer a ainsi déclaré à la SRF: «Il s'agit pour l'instant d'un petit problème. Mais si on ne fait rien, tout ceci peut se transformer en une crise plus grave.» Selon lui, la Suisse doit agir immédiatement si elle ne veut pas se retrouver sur le banc des accusés.
Thomas Borer conseille donc au Conseil fédéral d'adhérer à la Taskforce G7, qui traque l'argent des oligarques russes. Berne doit pareillement montrer un peu plus les muscles afin que les Etats-Unis comprennent que «la Suisse est un pays exemplaire quand il s'agit de geler les fonds des oligarques russes».
L'historien Sacha Zala est, lui aussi, convaincu de la gravité de la situation. Selon lui, la Suisse ne peut pas espérer rester sous le radar en raison de sa petite taille. Car la Suisse est certes une puissance économique, mais elle reste beaucoup plus faible que d'autres grands Etats. Et de conclure, non sans ironie: «Le secret bancaire vous salue.»