Bataille pour les départements
La démission de Sommaruga redistribue les cartes au Conseil fédéral

La démission de Simonetta Sommaruga rend l'élection du Conseil fédéral plus captivante. Mais surtout, il permet de nouvelles opportunités dans la répartition des départements. Cela induit des difficultés pour le PS, qui devra peut-être prendre ce qui reste.
Publié: 03.11.2022 à 10:03 heures
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Karin Keller-Sutter veut changer de département, selon ses collègues du département de la justice.
Photo: Keystone
Sermîn Faki, Pascal Tischhauser

Plusieurs personnes au sein du Département de la justice l'affirment: Karin Keller-Sutter voudrait changer d'air. Depuis ce mercredi, les chances de la conseillère fédérale PLR saint-galloise de changer de crémerie dès l'année prochaine ont augmenté.

La démission de Simonetta Sommaruga ouvre en effet de nouvelles possibilités dans la répartition des départements. Deux d'entre eux sont en plus libérés en même temps: le département des Finances ainsi que celui de l'Energie et de l'Environnement.

De nombreux facteurs comptent

Ce double siège à pourvoir modifie également la dynamique de l'élection du Conseil fédéral elle-même. En plus de la répartition, d'autres éléments vont entrer en jeu. Lorsque les conseillers nationaux et les conseillers aux Etats se réuniront le 7 décembre au matin, ils le sauront pertinemment: le choix de l'Assemblée fédérale détermine les chances de chacun d'accéder, un jour, au gouvernement du pays.

Il est acquis que le PS ne proposera pas d'homme. Et dans les milieux de l'UDC, on entend dire que la seule candidate, Michèle Blöchliger, ne sera pas sur le ticket. En outre, il est clair que les Vert-e-s ne se présenteront pas.

Les plus âgés en premier

En premier lieu, les 246 aspirants conseillers fédéraux se prononceront sur le successeur d'Ueli Maurer à partir de 8 heures le jour venu. Ils savent qu'ils compromettent leurs propres chances en élisant un candidat plus jeune comme le cinquantenaire Hans-Ueli Vogt. Heinz Tännler, qui a lui dix ans de plus, ne devrait occuper le siège que pendant quelques années. Dans la course à la succession de Simonetta Sommaruga, des considérations similaires pourraient plaider en faveur de l'élection de la conseillère aux Etats socialiste Eva Herzog, âgée de 60 ans.

Mais du côté de l'UDC, le plus probable est que le Bernois Albert Rösti entre au Conseil fédéral. Ses chances et celles du deuxième candidat UDC bernois, Werner Salzmann, ont augmenté avec la démission de la socialiste, car l'argument selon lequel il y a déjà une Bernoise au Conseil fédéral ne tient plus.

Et si Albert Rösti est élu, il est peu probable qu'une socialiste bernoise se retrouve sur le ticket du PS. Il est en effet presque impossible que deux Bernois soient élus le même jour. Mais ce n'est toutefois pas irréaliste: le Bernois Johann Schneider-Ammann avait été élu le même jour que Simonetta Sommaruga.

La bataille des départements

Quant à la répartition des départements, qui se déroule à huis clos, elle sera tout autant passionnante que l'élection du Conseil fédéral. Certes, les deux nouveaux membres ne pourront diriger que les départements que les autres ministres voudront bien leur laisser. Mais des accords entre les partis pourraient apporter un peu d'aide.

Si, par exemple, le conseiller fédéral fraîchement élu Albert Rösti veut reprendre le Département de l'environnement et de l'énergie, en tant que politicien chevronné dans le domaine de l'énergie, il serait utile que l'UDC cherche à discuter au préalable avec le PLR.

Si la libérale-radicale Karin Keller-Sutter souhaite succéder à Ueli Maurer au Département des finances, les deux peuvent s'aider mutuellement. Avec quatre membres du Conseil fédéral, l'UDC et le PLR ont la majorité au gouvernement.

Tout cela pourrait rendre la tâche difficile à la future nouvelle conseillère fédérale socialiste: si elle récupère le dicastère de Karin Keller-Sutter, elle devra faire face à la prochaine vague de demande d'asile au Département de la justice et police.


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