Montreux a beaucoup d'arguments pour attirer les médias internationaux: son festival, sa statue de Freddy Mercury, son bord du lac... Pourtant, c'est en raison d'un drame horrible que la cité vaudoise fait la Une depuis un communiqué de police publié jeudi matin: cinq personnes sont tombées du 7e étage d'un immeuble. Quatre d'entre elles sont mortes, seul le fils de la famille a survécu, grièvement blessé.
«C'est une histoire digne de celle de Xavier Dupont de Ligonnès», ose un journaliste français croisé devant les lieux du drame, vendredi matin. Des journalistes de nombreux pays sont présents sur les lieux pour essayer de comprendre ce qui s'est passé à l'Avenue du Casino. La police elle-même est encore en train d'investiguer.
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Au lendemain de l'impensable, le choc est encore très grand dans le quartier. Une enquête de voisinage permet de dresser le portrait d'une famille taiseuse, discrète et «vraiment bizarre», de l'avis global des habitants de cet immeuble à l'architecture particulière faisant face au casino de Montreux.
«Ils sortaient toujours à cinq»
La porte des époux H.* donne directement sur celle de Marc F.* et de sa famille. Difficile d'être davantage voisins de palier. Et pourtant, les rapports étaient peu développés. «Nous n'avons pratiquement jamais parlé avec cette famille. Ils étaient très claniques, ils sortaient toujours à cinq!», explique la voisine. Son mari ne se souvient que d'une interaction directe avec le père de famille. C'était au début de la pandémie, en mars 2020 environ. «Il portait un masque de canard, c'était très peu courant à l'époque. Nous lui avons demandé d'où il tenait ce masque et il nous a répondu que de toute manière nous n'en trouverions pas ici, cela venait d'Angleterre.»
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Quelle était la profession du quadragénaire? Mystère. Les réseaux sociaux donnent quelques maigres indices. Sur LinkedIn, il indique être indépendant, actif dans la commercialisation de billets. Il affiche un grand sourire sur sa photo de profil, ce qui étonne tous les voisins interrogés par Blick. «Nous ne l'avons jamais vu comme ça», s'étonne le couple H..
Les retraités, avenants, ne veulent de problèmes avec personne. Ils se sont toutefois vu contraints de signaler à la gérance le bal quotidien qui se trame devant leur porte: au fil de la journée, des dizaines de paquets s'amoncelaient devant l'entrée commune aux deux appartements. «Le facteur ne prenait même plus la peine de frapper, parce qu'ils n'ouvraient jamais. Le pauvre, il devait parfois faire des aller-retour. Au début, Marc F. se déplaçait lui même à la poste avec un diable, mais désormais, il se faisait tout livrer.»
Même ce vendredi matin, l'employé du géant jaune est passé pour déposer des paquets devant la porte de la famille F. Mais celle-ci est fermée par des scellés. «Je lui ai dit que ça ne servirait plus à rien», explique Henri H.
«Cela sentait l'encens sur tout l'étage»
Marc F.* «dormait toute la journée», selon l'ingénieur à la retraite. Ce ressortissant français n'avait que deux voisins de palier, mais les deux se sont plaints auprès de la régie. L'autre voisine, qui exploite un salon de beauté, avait signalé que «quelque chose n'allait pas» dans cet appartement. Après le drame, elle a rappelé la société pour dire que «c'était trop tard». Elle confie avoir «mauvaise conscience» depuis jeudi matin. Contactée par Blick, l'agence immobilière se contente de répondre qu'une enquête de police étant en cours, elle n'est en mesure de donner aucun détail.
L'habitante du 7e étage dit avoir «eu peur» de cette famille, avec laquelle on ne pouvait parler «qu'à travers la porte fermée». Une porte de laquelle s'est dégagée une odeur particulière, ces derniers jours. «Cela sentait l'encens sur tout l'étage. Surtout ce jeudi.»
Au lendemain du drame, aucune perturbation olfactive n'est à signaler. Le funeste appartement sous scellés ne comporte plus de nom sur la sonnette. Seule la décoration a été laissée par les nombreux agents de la police qui se sont succédés au 7e étage. «Jesus is the reason for the season», est écrit sur un rond qui cache le judas. La signification? L'une des nombreuses questions auxquelles l'enquête devra répondre.
Des proches des victimes sont arrivés jeudi soir sur les lieux, selon les voisins. De quoi faire davantage avancer l'enquête que les voisins, qui ne connaissaient par exemple pas le prénom des deux enfants du couple, un garçon de 15 ans et une fille de 8 ans. «L'adolescent était fluet lorsque la famille est arrivée en 2019, mais il a connu une sacrée poussée ces derniers mois. Il était presque aussi grand que son père», relève la voisine. La fillette de huit ans était «adorable», ajoute-t-elle. «On l'entendait chanter à travers la porte. Jamais ils ne se sont bagarrés.»
Interdite d'exercer
Dans le voisinage, les zones d'ombre sont telles que l'identité des deux jumelles (la mère et la soeur de celle-ci) a parfois été confondue, comme ce fut le cas de plusieurs médias ce jeudi, parce que sur la boîte aux lettres figurait le nom de la belle-soeur de Marc F., et non celui de son épouse. La soeur jumelle qui vivait avec le couple était une ophtalmologue de renom, tandis que l'épouse a connu plus d'accrocs dans sa carrière professionnelle. Selon les recherches de Blick, elle a reçu une interdiction de pratiquer à l'échelle de la Suisse en 2015. Détail particulier: celle-ci se déplaçait toujours avec une canne, relève son voisin de palier.
Aux autres étages, le son de cloche est identique quant à cette famille «nébuleuse», même si une habitante relève que «l'épouse de Marc F. semblait être la cheffe de famille». Le Français de 40 ans n'était pas présent lorsque les deux jumelles ont fait du porte-à-porte pour se présenter, à leur arrivée en 2019. «Elles étaient sympathiques et ont offert du chocolat à chaque appartement. Au fil des années, elles sont devenues de plus en plus effacées», raconte notre interlocutrice.
Ce vendredi, le seul signe de la famille à l'Avenue du Casino est une gerbe de fleurs et des bougies déposées à l'endroit du drame, où des tentes blanches masquaient l'impensable, jeudi. Que s'est-il passé? Personne ne le sait. La police ne peut pas non plus livrer de détails sur l'état de santé de l'adolescent de 15 ans ayant survécu. De nouveaux éléments doivent être communiqués dans le courant de la semaine prochaine.
*Noms d'emprunt