Après les sondages sur son initiative à 200 francs
L'UDC reste confiante: «Nous ne voulons pas supprimer la SSR»

La violente coupe dans les redevances de la SSR demandée par l'Union démocratique du centre (UDC) se heurte à la résistance de la population suisse. Les initiateurs ne se laissent pas décourager pour autant: le tournant décisif reste encore à venir, estiment-ils.
Publié: 29.06.2024 à 10:03 heures
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Le conseiller national UDC Thomas Matter fait partie du comité d'initiative pour l'initiative à 200 francs.
Photo: keystone-sda.ch
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Lea Hartmann

200 francs, ce n’est pas assez. Le grand sondage SSR commandé par Blick montre clairement que l’initiative «200 francs, ça suffit!» de l’UDC va trop loin pour beaucoup de Suisses: 55% des personnes interrogées se disent plutôt ou certainement prêtes à rejeter l’initiative qui vise à réduire la redevance TV et radio pour les ménages de 335 francs actuels à 200 francs. Même dans le camp libéral-radical, l’initiative populaire ne parvient pas à convaincre une majorité.

Pour Mark Balsiger, directeur de l’alliance Pro Medienvielfalt, le sondage met en évidence la crédibilité dont jouit l’entreprise de médias publique auprès de la population. «Trois personnes interrogées sur quatre ont reconnu l’importance de la cohésion des quatre régions linguistiques pour la Suisse et ce que la SSR met en place pour cela», estime-t-il. L’alliance interpartis se bat, elle aussi, contre l’initiative de l’UDC.

«No Billag» encore trop présente dans les esprits?

Le député zurichois Thomas Matter fait partie du comité d’initiative. Il refuse d’admettre que celle-ci a été trop loin. Le conseiller national UDC a une explication pour la majorité de non: la population ne s’est tout simplement pas encore penchée sur le sujet. L’élu estime que «les gens ont encore trop en tête l’initiative No Billag». Cette initiative populaire, balayée en 2018, voulait supprimer complètement la redevance.

Aujourd’hui, l’UDC tente sa chance avec une revendication un peu moins drastique. «Nous ne voulons pas supprimer la SSR», souligne Thomas Matter. Nous demandons plutôt à ce qu’elle «se réduise à une taille économiquement saine», précise encore le politicien de droite.

La décision d’Albert Rösti pourrait sauver la SSR

Le ministre des Médias Albert Rösti a déjà fait un pas dans la direction de ses collèges en annonçant la réduction de la redevance à 300 francs d’ici 2029. Cette mesure rencontre une large approbation au sein de la population et devrait en dissuader certains de voter pour l’initiative plus extrême de réduction de moitié.

«Le sondage confirme les prévisions du Conseil fédéral concernant la SSR», constate le président du Centre, Gerhard Pfister. La position de son parti, tout comme celle du Parti libéral-radical (PLR), sera déterminante pour l’issue de l’initiative pour une redevance à 200 francs.

Le Parlement saura alors s’il doit se mettre d’accord sur un contre-projet qui va encore plus loin que le programme d’économies d’Albert Rösti. Gerhard Pfister lui-même a déjà flirté publiquement avec l’initiative «200 francs, ça suffit!», mais ne souhaite pas s’exprimer davantage sur le sujet.

L’UDC pourrait proposer un contre-projet

De son côté, Thomas Matter ne s’avance pas non plus sur la question d’un éventuel contre-projet. L’UDC le soutiendrait-elle au risque de faire perdre des voix à son initiative? Le président de l’UDC Marcel Dettling n’a pas exclu que son parti puisse éventuellement se tourner vers un contre-projet.

Quant à Mark Balsiger, il n’en pense pas moins de la démarche d’Albert Rösti. Cela n’a «aucun sens», car «un ménage ne sent pas s’il a trois francs de plus par mois à sa disposition». Mais pour la SSR, la réduction de la redevance a pour conséquence qu’elle doit réduire sensiblement son offre. Le directeur de l’alliance en est convaincu: les menaces de toutes parts sont programmées.

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