En apparence, la SSR a de bonnes raisons de se réjouir. On apprenait vendredi que le groupe audiovisuel public se targuait d'un bénéfice de 2,2 millions de francs et d'un taux d'audience stable.
Mais le Conseil fédéral fait de l'ombre au tableau. Le ministre en charge de la SSR Albert Rösti poursuit inexorablement son objectif de faire baisser la redevance Serafe. Avant de rejoindre le gouvernement, il faisait partie du comité d'initiative pour sa réduction de moitié. Il veut maintenant réduire la redevance de 335 à 300 francs.
Parlementaires mécontents
Certes, la commission compétente du Conseil national s'est déjà prononcée contre, gauche et droite comprises. Et vendredi, son homologue du Conseil des États l'a suivie. Mais il ne s'agit en aucun cas d'une manifestation de sympathie envers les chaînes du service public.
En réalité, les parlementaires se sentent ignorés par Albert Rösti. Le magistrat UDC prévoit d'imposer sa baisse de redevance par voie d'ordonnance. Cela signifie que ni le Parlement, ni la population n'auront leur mot à dire.
Albert Rösti se place ainsi entre deux fronts. Ses collègues de parti visent un objectif bien plus ambitieux avec l'initiative «200 francs, ça suffit». Quant aux soutiens de centre-gauche du service public, ils sont irrités par les projets de démantèlement.
Du concret d'ici à l'été
D'ici au mois de juin, le conseiller fédéral bernois veut que l'affaire soit sous toit. Un cadeau amer avec lequel il enverrait les dirigeants de la SSR en vacances d'été.
Mais quelles sont les chances du projet au Conseil fédéral? En bref: plutôt bonnes. Outre le soutien de son collègue UDC Guy Parmelin, Albert Rösti devrait sans aucun doute réussir à rallier la ministre des Finances Karin Keller-Sutter, réputée extrêmement critique envers la SSR.
Son collègue libéral-radical Ignazio Cassis, en tant que Tessinois, devrait certes avoir un peu plus de réserves en ce qui concerne la garantie de couverture médiatique des régions latines, mais il est peu probable qu'il sorte du rang. Le chef des Affaires étrangères ne sait que trop bien qu'il aura bientôt besoin de l'approbation de ses collègues du gouvernement sur ses propres dossiers.
Viola Amherd rancunière?
Le cas de Viola Amherd est particulièrement intéressant. En tant que femme du Centre, elle devrait en principe soutenir la SSR, corps et âme. Pourtant, il semblerait que la cheffe de la Défense ne porte pas l'entreprise de médias dans son cœur.
Des sources proches du Conseil fédéral rapportent que la Valaisanne a réprimandé à plusieurs reprises le groupe audiovisuel. Les reportages critiques de la SRF sur les finances de l'armée en début d'année l'ont particulièrement énervée. En février, elle a publiquement remis en question les compétences d'un journaliste du service public.
Nouveau capitaine pour la SSR
Le soutien de Viola Amherd à son collègue Albert Rösti semble donc tout à fait envisageable. Si les deux représentants du Parti socialiste s'opposent au projet, le rapport de majorité au sein du Conseil fédéral sera donc de 5 contre 2.
Le sujet est d'autant plus brûlant que la SSR est actuellement à la recherche d'un nouveau chef. Le groupe audiovisuel souhaite présenter un nom d'ici au mois de juin. La personne retenue devra probablement commencer par avaler une couleuvre de bienvenue du Conseil fédéral.