Dimanche, jour de votations. Dans le bistrot Sternen à Berne-Bümpliz règne ce contre quoi les opposants à la loi Covid mettent en garde: une société divisée. Alors que dans la petite salle attenante, une douzaine de membres du comité référendaire suivent de près les résultats de la votation, les journalistes sont serrés comme des sardines dans la salle principale au rez inférieur du restaurant. La réunion à l’étage est une manifestation privée, explique Siegfried Hettegger, codirecteur de la campagne. L’accès est interdit aux journalistes. Les opposants ont ainsi pu contourner le certificat et le masque obligatoire.
De fait, les opposants avaient droit à un menu à cinq plats, mais Josef Ender n’en voit qu’à peine une miette. Submergé par les interviews, le porte-parole de la campagne pour le non ne parvient à digérer la défaite aux urnes que vers 14h30, en dégustant une simple soupe à la courge. La défaite est encore plus marquée que lors de la première votation sur la loi Covid en juin. Seuls Schwyz et Appenzell Rhodes-Intérieures ont réitéré leur non.
«Bon gré mal gré»
Le vote marque la fin d’une campagne particulièrement virulente, c’est le cas de le dire, avec manifestations, accusations complotistes et même menaces de mort à la carte. Mais si la campagne a été assourdissante, les opposants aux mesures ont accepté leur défaite sans bruit dimanche. «Bon gré mal gré», ils accepteront le résultat, avait déclaré Josef Ender. Plus tard, à peine 100 personnes se rassemblaient sur la Place fédérale pour protester. Encadrés par la police, ils se dirigeront rapidement vers la gare sous une tempête de neige.
Les opposants au Covid ne disparaissent pas pour autant de la scène. Mardi, ils veulent informer la population de leurs nouveaux projets. Selon le «SonntagsZeitung», les «Amis de la Constitution» et autres organisations similaires se sont regroupés en un mouvement appelé «Aufrecht Schweiz» (Debout la Suisse). Celui-ci veut se présenter aux élections cantonales pour tenter de se frayer ainsi un chemin vers les élections fédérales de 2023.
Pas de parti, mais un mouvement
Il est difficile de croire qu’ils parviendront à rester unis jusqu’aux élections fédérales. Josef Ender parle d’un prochain projet de référendum contre la nouvelle disposition sur le don d’organes. Werner Boxler, coprésident des Amis de la Constitution, quant à lui, rêve d’un «retour à la nature». «Nous cherchons une nouvelle manière de vivre ensemble», explique-t-il.
Les opposants aux mesures ne savent pas encore où cela va les mener. Une seule chose est sûre: ils ne veulent en aucun cas devenir un parti. «Nous perdrions alors immédiatement certains de nos membres», appuie Werner Boxler. Reste à savoir ce qu’il restera de ce mouvement lors des prochaines élections.
(Adaptation par Jessica Chautems)