Place de la gare, Morges, 19 heures. C’est là que le site d'informations militant «Renversé» a donné rendez-vous à la population pour dénoncer une «bavure policière».
Pour rappel, lundi soir en gare de Morges, la police abattait un individu visiblement menaçant, le tout sous les yeux écarquillés de nombreux témoins. L’homme d'une trentaine d'années avait ensuite reçu un massage cardiaque de la part d’un professionnel de la santé qui se trouvait là par hasard, avant de décéder sur place.
Au départ de cette rencontre anti-brutalité policière, pas grand monde: des jeunes en trottinettes ou à vélo, des passants et quelques petits groupes bières en main. En tendant l’oreille on peut entendre une jeune fille s’enflammer: «Mais ce sont des flics! En théorie, il sont formés pour agir correctement!» La voix se dissipe, la bande s’éloigne pour rejoindre la cohue devant la gare.
Il est 19h20, on sort les enceintes et on déroule les banderoles «Police partout, justice nulle part» ou «Stop racism, abolish police» (stop au racisme, abolissons la police). Une femme brandit un drapeau «Black Lives Matter (BLM) qu’elle explique avoir fait elle-même. «J’ai malheureusement dû le ressortir et je ne pense pas que ce sera la dernière fois», nous confie-t-elle.
Deux femmes, volontairement cachées par quelques manifestants, parlent dans le micro et crient au scandale. Pour elles, la police tue et l’État, les politiques les couvrent. En face, une poignée de policiers regardent tout en gardant leur calme. Selon eux, moins de 100 manifestants sont sur les lieux. «Ils sont 50 plus une petite trentaine qui a rejoint la foule au passage», précisent-ils à Blick.
L’ambiance tourne au rassemblement anti-flics
Aux alentours de 20 heures, les manifestants décident de progresser en direction du commissariat de Morges. On quitte alors la gare et marche au rythme de musiques spécialement sélectionnées pour l’occasion. Les tubes de rap anti-flics «Flics et Stups» de Timal, «Bavure 3.0» de Jo Le Phéno ou encore le classique de N.W.A «Fuck Tha Police» résonnent dans les rues. Le ton est donné. Certains s’amusent même à insulter la police au passage. Arrivés devant le poste, les manifestants rebroussent chemin tandis que quelques ados semblant prêts à en découdre, continuent à avancer. Dès qu’ils remarquent que la foule s’en va, ils renoncent.
20h20 environ, on se dirige vers le passage de la Couronne, aux portes du centre-ville. Là, ça dégénère. En voyant les manifestants qui tentent de s’introduire en ville, la police dégaine les bombes lacrymogènes. Une personne est touchée. Ses amies l’emmènent à l’abri et lui demandent de garder son calme.
Jets d’œufs et bombes lacrymo
Constatant que la police ne les laissera pas franchir le seuil du centre-ville, les marcheurs décident de retourner en direction de la gare tout en faisant preuve d’un langage très fleuri… Face à une manifestante qui secoue une barrière de chantier derrière laquelle se trouvent des cailloux, les autorités ressortent leurs bombes lacrymo.
Vers 21 heures, alors que les manifestants semblent s’être dissipés, les ados qui s’étaient joints au rassemblement se mettent à jeter des œufs sur la police ainsi que sur certains journalistes présents sur les lieux. Les agents en sont persuadés: «la manifestation est une occasion de s’amuser et de semer le trouble.»
De leur côté, les forces de l’ordre se sont rassemblées et se tiennent prêtes à appeler du renfort. L'escalade de violence ne sera que de courte durée. Les quelques lanceurs d’œufs se sont vite découragés, ils prennent leur train et s’en vont. La place de la gare retrouve peu à peu son calme. La police reste encore un peu et jette parfois des coups d'œil aux coquilles écrasées et au jaune dégoulinant sur le sol. Heureusement, personne n'a été blessé.