Après la manifestation des employés
Les salaires des vendeurs de publicité de la Poste pourraient augmenter

Johannes Cramer, membre de la direction de la Poste, promet d'augmenter les salaires des vendeurs de publicité des deux filiales Epsilon et DMC. Il appelle les syndicats à la table des négociations.
Publié: 11.06.2021 à 09:22 heures
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Le patron des syndicats Pierre-Yves Maillard a soutenu les manifestants contre les «salaires de misère» à la Poste.
Photo: Keystone
Pascal Tischhauser

Le géant jaune va augmenter les salaires horaires de sa filiale suisse romande Epsilon et de son équivalent suisse alémanique DMC. Pour l'heure, DMC rémunère les distributeurs de publicité non adressée à un taux horaire de 17,44 francs.

Ce système, en place en Suisse alémanique depuis un certain temps, était en train d'être adapté pour Epsilon en Suisse romande, où jusqu'alors la rémunération se faisait au nombre de dépliants publicitaires distribués. Ce changement de système aurait entraîné une baisse de revenus pour certains employés, raison pour laquelle les salariés d'Epsilon ont manifesté à Berne en compagnie des syndicats.

Leur révolte a fait des émules outre-Sarine et à présent, les employés de DMC menacent également de manifester si leurs salaires ne sont pas revus à la hausse. En effet, leurs collègues d'Epsilon à Genève reçoivent 23 francs de l'heure pour le même travail, grâce au salaire minimum du Canton de Genève. En outre, les vendeurs de publicités employés directement par la Poste jouissent d'un salaire supérieur à celui des distributeurs des deux filiales du géant jaune.

Le patron de la logistique promet des salaires plus élevés

La Poste est sortie de son silence et répond à la révolte du personnel. Johannes Cramer, membre de la direction du groupe, se dit prêt à faire des concessions. Dans un entretien accordé à Blick, il admet que le salaire horaire, qui serait d'environ 19 francs si on prend en compte les suppléments des vacances, des jours fériés et le 13ème salaire, n'est pas suffisant.

Toutefois, Johannes Cramer n'a pas manqué de souligner qu'Epsilon est dans le rouge et que le spectre du déficit plane sur DMC, cette dernière espérant équilibrer ses comptes d'ici la fin de l'année.

«Vous ne pouvez pas vous en sortir avec 19 francs de l'heure»

Malgré tout, il concède qu'avec «19 francs de l'heure, on ne peut pas s'en sortir.» Le patron de Post Logistics affirme sa volonté de vouloir revoir à la hausse ce taux horaire. «Sur ce point, nous sommes d'accord avec les syndicats», dit-il.

Il craint toutefois que des clients publicitaires de la Poste ne se désistent «si nous sommes les seuls à augmenter les salaires et, par conséquent, le coût de nos prestations.» En effet, une augmentation des salaires conduirait selon lui nécessairement à une augmentation des prix: «Si nous ne le faisons pas, nous serions contraint de compenser les pertes de ces filiales par des financements croisés, ce qui nous est interdit», a-t-il souligné.

Dès lors, il invite les syndicats à la table des négociations: «J'invite les syndicats à se joindre à nous pour mettre en place un groupe de projet, afin d'élaborer un plan pour une convention collective de travail qui puisse être d'application générale le plus rapidement possible. C'est dans ce cadre que nous pourrons définir des salaires plus élevés.»

La Poste doit faire une meilleure offre

Mais les syndicats ne veulent pas entendre parler de négociations tant que la Poste n'avance pas un autre chiffre que les fameux 17,44 francs de l'heure. «La Poste doit faire un premier pas en renonçant à introduire le salaire horaire de 17,44 francs à Epsilon», déclare Christian Capacoel, porte-parole du syndicat Syndicom.

Pour le syndicaliste, "la perspective d'une convention collective de travail dans le futur ne doit pas servir d'excuse pour continuer, entre temps, à payer des salaires aussi honteusement bas chez DMC et Epsilon.» Les salariés mobilisés n'accepteraient pas que leurs revendications soient mises en veilleuse.

Pas de temps à perdre

Johannes Cramer promet de s'investir personnellement pour une convention collective de travail dans le secteur d'occupation concerné. Pour autant, il n'avance pas d'offre plus élevée que 17,44 francs et reste muet sur la position de l'entreprise dans le cadre des négociations salariales et répond aux hésitations des syndicats en soulignant l'urgence de la situation: «Chaque jour que nous perdons - et nous avons déjà perdu des mois - coûte de l'argent aux employés.» C'est pourquoi il exhorte les représentants des travailleurs à entamer immédiatement des négociations, «parce que nous sommes unis par un objectif commun», précise-t-il.


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