Que ça soit à la montagne ou à l'étranger, le Conseil fédéral aussi se repose en été. Pas de séances, peu de rendez-vous, et beaucoup de temps pour réfléchir à sa propre vie. Cela pourrait-il favoriser des changements de carrière ou des démissions?
Les rumeurs autour des démissions des conseillers fédéraux sont régulièrement réactivées, et cet été ne fait pas exception. La présidente de la Confédération Viola Amherd en a-t-elle assez après son année présidentielle? Combien de temps le ministre de l'Economie Guy Parmelin restera-t-il en selle? Souvent, les conseillères et conseillers fédéraux annoncent en automne leur départ pour la fin de l'année, afin que leur successeur puisse être élu en décembre.
Il n'est pas rare que des spéculations folles fassent le tour du Palais fédéral. Mais il y a aussi des considérations stratégiques qui entrent en jeu lors d'une décision de démissionner. Qui aurait dû faire ses valises depuis longtemps? Et qui, pour le bien du parti, ne repliera ses affaires que dans quelques années, malgré un mandat plus long? Blick s'est penché sur la situation des sept magistrates et magistrats.
Viola Amherd: bientôt seule face à tous
Les rumeurs vont bon train: Viola Amherd serait déjà sur le départ. Beaucoup s'attendent à sa démission fin 2024, à la fin de son année présidentielle – ou au plus tard après le championnat d'Europe de football féminin de 2025. Son Département fédéral de la défense (DDPS) ne cesse de démentir.
L'année dernière, la conseillère fédérale du Centre a dû faire face à de nombreux ennuis. Après des querelles sur les chars Leopard et la politique de neutralité, l'ancienne directrice de Ruag, Brigitte Beck a dû quitter son poste. Jean-Daniel Ruch, déjà élu secrétaire d'État à la politique de sécurité, a également dû se retirer. Depuis lors, deux hauts responsables militaires ont échoué au contrôle de sécurité personnelle. Tout cela ne donne pas une bonne image de son département. En revanche, elle peut considérer la conférence sur l'Ukraine au Bürgenstock comme un succès.
Mais la raison la plus importante expliquant les rumeurs d'un éventuel départ est sa plus proche confidente, Brigitte Hauser-Süess. Celle-ci va bientôt prendre sa retraite. Beaucoup sont convaincus que Viola Amherd ne continuera pas seule.
Probabilité de départ: 4/5
Guy Parmelin: attendre jusqu'en 2026
C'est en septembre dernier que les rumeurs de démission de Guy Parmelin (UDC) ont circulé pour la dernière fois dans la Berne fédérale. Mais le conseiller UDC est toujours en fonction, il a été confirmé en décembre avec le meilleur résultat de tous les candidats.
Depuis le départ d'Alain Berset, Guy Parmelin est le conseiller fédéral le plus ancien, puisqu'il a été élu en 2015. Il n'aurait donc plus à se justifier s'il faisait bientôt ses valises. D'autant plus qu'il atteindra l'âge de la retraite en novembre et qu'il a récemment fêté un succès avec l'accord de libre-échange avec l'Inde. Mais en 2026, il pourrait aussi devenir président de la Confédération pour la deuxième fois. Il ne devrait pas s'en priver. Un revers pourrait survenir si son chef de la communication Urs Wiedmer devenait effectivement le nouveau porte-parole du Conseil fédéral, comme le chuchote la rumeur.
Probabilité de départ: 3/5
Ignazio Cassis: sur un siège éjectable
Le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis connaît la lutte pour le Conseil fédéral. Le libéral-radical y est depuis 2017, et son siège a déjà été attaqué deux fois par les Vert-e-s – sans succès. Mais le deuxième siège du PLR vacille, le parti du Centre a rattrapé son retard. Ainsi, «La Liberté» a déjà spéculé qu'en cas de démission de Viola Amherd, le PLR demanderait à l'un de ses conseillers fédéraux de céder lui aussi sa place. Car il est peu probable que le Parlement élise deux conseillers fédéraux du Centre le même jour.
La question est de savoir si Ignazio Cassis serait d'accord. Son dossier le plus important au département des Affaires étrangères est celui des relations avec l'UE. Les négociations sont en cours. Si elles sont conclues comme prévu cette année, l'accord devra être défendu devant le Parlement et, plus tard, devant le peuple. Ignazio Cassis n'aurait donc pas de raisons de partir avant cela.
Probabilité de départ: 3/5
Elisabeth Baume-Schneider: après 65 ans, bye bye
Dès son élection, Elisabeth Baume-Schneider a précisé qu'elle ne voulait pas être conseillère fédérale trop longtemps. «J'arrêterais d'être conseillère fédérale à 65 ans», a déclaré la socialiste lors de l'annonce de sa candidature. Si cela s'avérait vraiment nécessaire, elle pourrait s'imaginer y passer encore un ou deux ans – mais pas plus longtemps. Elisabeth Baume-Schneider devrait donc rester au maximum six ans en fonction.
Il y a suffisamment à faire dans l'important département de l'Intérieur: elle doit introduire la 13e rente et s'attaquer immédiatement après à une grande réforme de l'AVS. De plus, les primes d'assurance maladie devraient continuer à augmenter. Alors qu'elle était sous forte pression en tant que ministre de l'Asile, elle semble mieux s'en sortir au département de l'Intérieur – même si elle a dû récemment affronter son propre parti à plusieurs reprises.
Probabilité de départ: 2/5
Karin Keller-Sutter: pleine d'énergie
Démissionner? La conseillère fédérale PLR Karin Keller-Sutter n'a pas le temps pour cela. La ministre des Finances semble pleine d'énergie, elle étudie des dossiers même pendant les vacances. Elle ne pas lâche pas prise! La ministre des Finances se bat sans relâche pour un budget équilibré et contre la frénésie de dépenses de ses collègues du gouvernement et du Parlement.
De plus, Karin Keller-Sutter, en poste depuis 2019, est devenue la figure de proue du Conseil fédéral, au moins depuis la démission d'Alain Berset. Un rôle qui semble plaire à cette femme de pouvoir. Elle a tout autant apprécié d'avoir été classée fin 2023 parmi les 25 femmes les plus influentes du monde par le magazine britannique «Financial Times». Son «action déterminée» dans la gestion de la chute de Crédit Suisse a sauvé l'économie suisse.
Probabilité de départ: 1/5
Beat Jans: des débuts en fanfare
Le Bâlois Beat Jans a eu 60 ans en juillet, mais comme il n'est en fonction que depuis le début de l'année, il a encore beaucoup à faire. Une démission est encore loin. C'est justement en annonçant sa volonté de sévir dans le domaine de l'asile que le politicien socialiste a reçu beaucoup d'éloges de la droite et de critiques de ses propres rangs.
Dernièrement, l'UDC a également fait souffler un vent contraire sur le dossier européen. Le Département de justice et police n'était pas le département qu'il souhaitait. En tant que paysan et politicien économique de formation, il devrait déjà lorgner sur le fauteuil de Guy Parmelin.
Dans ses bagages de vacances, Beat Jans a peut-être emporté quelques candidatures qu'il doit encore examiner. Car avec la direction du Secrétariat d'Etat aux migrations et le poste de chef de l'Office fédéral de la police, il aura bientôt deux postes clés à repourvoir dans son département.
Probabilité de départ: 0/5
Albert Rösti: à l'aise dans son nouveau poste
Albert Rösti n'est au Conseil fédéral que depuis un peu plus d'un an et demi. C'est l'une des raisons pour lesquelles il est loin de démissionner. A 56 ans, l'UDC est encore jeune. De plus, il peut s'occuper des thèmes de son choix au Département de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC).
Qu'il s'agisse du loup, de l'approvisionnement en électricité ou des redevances radio et télévision, Albert Rösti a déjà planté de nombreux jalons au cours de ses premiers mois. Sans jamais oublier son parti. Le travail semble lui plaire, et c'est pourquoi il est peu probable que ce dernier soit sur le départ.
Probabilité de départ: 0/5
Voilà pour les on-dit et les analyses stratégiques. Seuls les sept conseillères et conseillers fédéraux et leurs proches savent vraiment s'ils prévoient de faire leurs valises. Un coup du sort peut en plus toujours venir contrecarrer une planification déjà toute tracée. A voir donc quelles prévisions se révèleront justes ou fausse après les vacances.