Mi-juillet de l'année dernière, un train de la Südostbahn longeait le Walensee en direction de Sargans dans le canton de Saint-Gall. Peu après 11h, l'Interregio 35 de l'entreprise ferroviaire saint-galloise s'approche de la localité d'Unterterzen. Tous les signaux sont au vert. Avec 25 passagers à bord, le train était en réalité en train de foncer sur deux machines de chantier bloquant les voies devant la gare.
Le conducteur de la locomotive tire les freins, il a juste le temps d'éviter la collision: l'Interregio s'immobilise à moins de 200 mètres des machines de chantier. C'est une chance inouïe qu'il n'y ait pas eu d'accident grave, a déclaré le président du syndicat des mécaniciens de locomotive (VSLF), Hubert Giger à la SRF.
Selon les informations de Blick, après plusieurs incidents similaires, le syndicat est entre-temps intervenu auprès de la Confédération pour exiger des prescriptions plus strictes.
Le chef de la sécurité s'est trompé
Du point de vue de l'association, la quasi-collision d'Unterterzen illustre bien le problème de la sécurité ferroviaire en Suisse. Les dispositifs avaient enregistré la présence des machines de chantier sur les voies. Sur les moniteurs de la centrale des CFF, le tronçon était rouge, signifiant que le passage était interdit. De plus, le responsable de la circulation ferroviaire a contacté le chef de la sécurité du chantier depuis la centrale. Celui-ci lui a assuré qu'il n'y avait plus d'obstacle sur les voies. Le responsable de circulation ferroviaire a alors ouvert la voie alors que les engins de chantier étaient, en réalité, toujours présents.
Selon le syndicat des mécaniciens de locomotive, il est courant que des voies soient annoncées comme libres après des travaux, alors que des véhicules ou machines se trouvent encore sur les rails. Les raisons sont multiples: parfois des malentendus, mais aussi une charge de travail élevée et une forte pression sur les chantiers. La plupart du temps, tout se passe bien, mais le risque est tout de même élevé, explique-t-on à l'association.
Une collision frontale entre un train et un engin de chantier à grande vitesse serait dévastatrice: de nombreuses personnes pourraient y perdre la vie. En 2019, à Thalwil, dans le canton de Zurich, un train rapide des CFF a failli entrer en collision avec un véhicule de chantier oublié sur la voie ferrée. Lorsque le conducteur de la locomotive a vu le véhicule, il a freiné juste à temps. En 2016, près de la gare de Sihlbrugg entre le canton de Zoug et de Zurich, une locomotive à vapeur est entrée en collision avec un wagon qui dépassait sur la voie. Deux conducteurs de locomotive et 18 voyageurs ont été blessés.
«Les clarifications et analyses nécessaires sont encore en cours»
Du point de vue du syndicat des mécaniciens de locomotive, un appel sur le chantier ne suffit pas. Le risque d'erreur est trop grand, comme l'ont montré les incidents précédents. Si le dispositif technique indique qu'une voie est occupée, des règles plus strictes doivent être appliquées. Dans de tels cas, les conducteurs de locomotive devraient en principe rouler «à vue». En d'autres termes, ils doivent ralentir de manière à pouvoir freiner à temps en cas d'urgence. Selon le syndicat, cela ne prend qu'une dizaine de minutes de plus, mais la sécurité pourrait être considérablement renforcée. Ces règles plus strictes doivent être plus particulièrement appliquées lors du premier trajet sur un tronçon nouvellement ouvert à la circulation.
Interrogé par Blick, l'Office fédéral des transports écrit qu'ils sont en train de «réexaminer la situation suite à l'intervention du VSLF». L'office ne veut pas s'exprimer en détail sur l'exigence d'une conduite à vue: «Les clarifications et analyses nécessaires sont encore en cours.» Les CFF font preuve d'ouverture: «Nous saluons toute proposition permettant d'augmenter la sécurité.» La demande est actuellement examinée «de manière intensive».