Pour Daniela Liebi, 52 ans, rien n’est plus comme avant. Portant un masque à oxygène, elle est assise, dépitée, dans son pub de Schwanden (BE) et au bord des larmes. «Cela fait des mois que je me bats avec les conséquences de mon infection au coronavirus, dit-elle. Personne ne peut m’aider et je n’en peux plus!»
En décembre dernier, la tenancière a contracté le virus. «Soudain, je ne pouvais plus rien goûter ni sentir», se souvient-elle. Elle a immédiatement fait un test, qui s’est avéré positif. En dehors de cela, elle n’a pratiquement ressenti aucun effet lié à la maladie: «J’étais juste très fatiguée, mais c’est tout.»
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Une frondeuse malade du Covid
L’histoire de Daniela Liebi prend une tout autre tournure quand on sait que la tenancière a fait partie du mouvement des restaurants frondeurs «Wir machen auf» («Nous restons ouverts», ndlr), qui avaient gardé leur établissement ouvert lors du deuxième semi-confinement.
À l’époque, elle n’avait alors peur ni de la prison, ni du coronavirus. Elle avait déclaré à Blick: «Impossible de faire autrement. Nos caisses sont vides, comme celles de nombreux collègues, d’ailleurs. J’ai décidé de prendre position!»
Toujours pas de goût ni d’odorat
Dans les semaines qui ont suivi son diagnostic, elle ne s’est pas inquiétée de voir les symptômes rester. Elle pensait justement qu’ils étaient liés à toute l’agitation qui avait entouré son action.
«J’ai pensé que je n’étais pas en forme à cause de tout ce stress», explique la restauratrice. «Mais après que nous avons été autorisés à rouvrir le restaurant et que toute cette histoire est retombée, je ne me suis pas sentie mieux.»
Daniela Liebi fait part de ses symptômes à Blick: «Aujourd’hui encore, je ne peux plus rien goûter ni sentir. Je pourrais manger un bol de piments comme si c’était des flocons d’avoine. En tant que cuisinière, c’est juste horrible.» Mais ce n’est pas tout.
Étourdissements et pertes de mémoire
«Je tousse, j’ai un rhume et j’ai du mal à me concentrer. Avant, j’arrivais à me souvenir de toutes les commandes dans ma tête, mais maintenant je dois tout écrire», explique la restauratrice bernoise. Faire l’addition de tête est également beaucoup plus difficile qu’avant.
Elle souffre aussi de fatigue chronique, une de celles qui ressemblent au décalage horaire. «J’ai besoin de dix à douze heures de sommeil par nuit, et je fais tout de même des siestes dans la journée. Un jour, je suis tombée alors que je travaillais, à cause des vertiges. J’ai tellement peu d’énergie que je dois travailler assise, autant que possible.»
«Les gens pensent que je suis folle»
Au début, dit-elle, elle se croyait devenue paresseuse à cause du trop-plein de temps libre qu’elle avait à disposition pendant le semi-confinement. Mais les médecins n’étaient pas de cet avis. «On m’a confirmé qu’il s’agissait de conséquences du Covid.»
«Les gens pensent que je suis folle et ne me prennent pas au sérieux. C’est juste qu’il est impossible de voir que je suis malade.» La disparition de son odorat et le manque de compréhension des autres l’ont durement touchée. «Je pleure beaucoup», nous confie-t-elle.
Elle veut donner du courage aux autres personnes concernées
Elle dit ne pas encore avoir trouvé de remède. «J’ai rendez-vous à l’Hôpital de l’Île, à Berne, pour des tests neurologiques et je veux essayer la médecine alternative.» En attendant, elle a acheté une bouteille d’oxygène portable, ce qui lui donne un regain d’énergie temporaire de temps à autre.
En s’exprimant publiquement, la tenancière, qui ne veut pas se faire vacciner par crainte de nouveaux symptômes, veut maintenant encourager les autres: «Personne n’ose parler du Covid long. Mais je veux montrer aux personnes concernées qu’elles ne sont pas seules.»