Musique, jeux de lumière, choeur d'enfants, discours: la société Nant de Drance a voulu sortir le grand jeu pour marquer la fin du colossal chantier officiellement lancé le 8 septembre 2008. «J'ai un sentiment de mission accomplie», a déclaré Michael Wider, président du conseil d'administration de Nant de Drance SA devant un parterre de quelque quatre cents invités réunis dans la caverne des machines.
L'ouvrage se situe 600 mètres sous terre, entre le barrage du Vieux-Emosson en amont et celui d'Emosson en aval, sur la commune de Finhaut. Il donne le tournis au visiteur avec ses 18 kilomètres de galeries percées et son énorme caverne, appelée cathédrale en raison de ses dimensions: 52 mètres de haut, 32 mètres de large et 194 mètres de long.
Travaux en souterrain
«Jusqu'à 650 personnes ont oeuvré au plus fort du chantier dans des conditions souvent difficiles», a précisé devant la presse Michael Wider. Les ouvriers étaient issus de nombreux corps de métier et sont venus de toute l'Europe et même d'Asie.
«La plupart des travaux se sont déroulés en souterrain. La solidarité entre travailleurs a été fantastique», a poursuivi Alain Sauthier, directeur de Nant de Drance SA. Les mineurs ont extrait quelque 1,5 million de mètres cubes de roches de la montagne pour percer les cavernes et les tunnels qui constituent l'aménagement hydroélectrique.
A l'extérieur, les travaux de rehaussement de 21,5 mètres du barrage du Vieux-Emosson à 2200 mètres d'altitude ont été marqués par les rudes conditions alpines: «Le chantier se déroulait sous l'oeil attentif des guides de montagne qui contrôlaient le manteau neigeux et décidaient d'éventuels déclenchements d'avalanches», a détaillé Michael Wider.
Durant ce chantier hors du commun, aucun accident grave ne s'est produit. «Sainte-Barbe, placée à l'entrée des tunnels, a veillé sur les mineurs et les autres corps de métiers».
Stockage équivalent à 400'000 batteries de voitures électriques
Nant de Drance utilise la différence de 300 mètres environ entre les barrages du Vieux-Emossion et d'Emosson pour produire de l'énergie. Elle fait office de batterie avec une capacité de stockage de 20 millions de kWh dans le lac supérieur, soit l'équivalent de 400'000 batteries de voitures électriques, a précisé Alain Sauthier.
La puissance de la centrale a été portée en cours de construction de 600 à 900 MW; «de quoi alimenter quelque 200 village de 4000 habitants» illustrait pour Keystone-ATS un ingénieur de la centrale lors d'un reportage en 2019. Cette augmentation de la puissance permet une plus grande flexibilité.
La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, qui avait déjà fait le déplacement à la mi-juin, a participé à l'inauguration de la centrale. «Je sens beaucoup d’émotion aujourd’hui devant le travail accompli», a-t-elle déclaré.
Pour la «sécurité de l'approvisionnement de la Suisse»
«Un ouvrage comme celui de Nant de Drance joue et jouera un rôle essentiel pour stabiliser le réseau électrique suisse et européen. Par sa capacité de stockage et de production rapide, il est une contribution majeure à la sécurité de l’approvisionnement de la Suisse», a estimé la conseillère fédérale qui a rappelé «l’urgence climatique» à laquelle «est venue s’ajouter la crise énergétique mondiale, avec l’Europe comme épicentre».
«Notre dépendance aux énergies fossiles est toxique; elle nous rend vulnérables (...) Inspirons-nous de l’esprit de Nant de Drance!», a conclu la cheffe du département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication.
Nant de Drance est en exploitation depuis le 1er juillet dernier. Son inauguration est aussi «l'occasion de marquer le passage de témoin aux actionnaires de Nant de Drance», a noté Michael Wider, soit Alpiq (39%), les CFF (36%), IWB (15%) et FMV (10%). Le coût de l'ensemble du chantier s'élève à 2 milliards de francs environ.
(ATS)