La Cour suprême du canton de Zurich a condamné vendredi un boulanger pour discrimination envers les juifs. Il écope d'une peine pécuniaire avec sursis de 60 jours-amende à 50 francs (3000 francs). En première instance en 2023, il avait été acquitté par le tribunal de district de Winterthour (ZH).
Le boulanger âgé de 62 ans avait mis à disposition sur son site internet une série de vidéos dans lesquelles il était dit que les juifs sacrifient leurs enfants et boivent leur sang. Il y était aussi affirmé qu'ils aspirent à la domination du monde et qu'ils sont responsables de la Seconde Guerre mondiale.
Le prévenu a fait valoir qu'il avait voulu inciter à la réflexion et non pas mettre en garde contre une conspiration mondiale juive. «C'est en toute bonne foi que j'ai publié ces vidéos afin que les gens puissent s'informer», a-t-il déclaré pendant l'audience.
Discrimination et diffamation
Pour la Cour suprême du canton de Zurich, la publication de ces vidéos constitue un acte malfaisant. En les diffusant, le prévenu a accepté la discrimination et la diffamation des juifs.
Les vidéos traitent aussi de sujets conspirationnistes comme les chemtrails, la 5G et la finance, a fait valoir le boulanger. Ce sont des sujets dont les médias ne parlent pas, a-t-il ajouté.
Pour l'avocat de la défense, il s'agit d'un procès politique dans le sillage de la pandémie. Son client a voulu contredire la «pensée assistée de l'État» et inciter à la réflexion. Il n'y a pas de dénigrement systématique des juifs. Il a plaidé l'acquittement.
Acquittement incompréhensible
Pour le procureur, aucun spectateur visionnant ces vidéos ne peut douter qu'une société secrète juive est rendue responsable de nombreuses souffrances. Pour l'accusation, l'acquittement en première instance est incompréhensible et indéfendable. «L'antisémitisme n'a pas sa place dans notre société», a déclaré le procureur.
La Cour suprême a pris en compte que le prévenu n'est pas raciste. Il est entré dans un tunnel pendant la pandémie et est devenu réceptif à toutes sortes d'idées conspirationnistes. Le président du tribunal a parlé d'un «besoin d'éclaircissement mal orienté».