Elles étaient 2000 à Lausanne
Les femmes dans la rue: une répétition générale pour le 14 juin

Ce 8 mars a ressemblé à la «répétition générale» de la Grève féministe du 14 juin. L’appel à une mobilisation massive pour cette date a été lancé par les manifestants et manifestantes dans plusieurs villes en Suisse mercredi.
Publié: 08.03.2023 à 20:00 heures
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Dernière mise à jour: 08.03.2023 à 22:16 heures
Photo: keystone-sda.ch

Le mauve s'est à nouveau affiché dans les villes suisses ce 8 mars, malgré une météo maussade. En l'absence d'une manifestation nationale, différentes actions décentralisées étaient organisées, notamment à, Lausanne, Genève, Fribourg, Neuchâtel, Delémont ou encore Berne, St-Gall, Schaffhouse et Winterthour côté alémanique.

Le mauve s'est à nouveau affiché dans les villes suisses ce 8 mars, malgré une météo maussade. En l'absence d'une manifestation nationale, différentes actions décentralisées étaient organisées, notamment à, Lausanne, Genève, Fribourg, Neuchâtel, Delémont ou encore Berne, St-Gall, Schaffhouse et Winterthour côté alémanique.

Côté romand, le Collectif de la grève féministe Vaud s'est notamment mobilisé. Elles étaient environ 2000 en soirée sur la place de la Riponne. A Genève, quelque 1200 personnes ont aussi bruyamment manifesté en fin de journée. «La lutte sera encore longue, partout les droits des femmes sont remis en question. Nous nous mobilisons pour faire bouger les choses», a déclaré une des organisatrices.

Pour la coordination romande de la Grève féministe, la journée a été l'occasion de protester contre les injustices, les inégalités et les discriminations, mais surtout de lancer «haut et fort l'appel à une nouvelle grande grève féministe le 14 juin», écrit l'organisation sur son site en ligne.

Cette date marque l’inscription de l’égalité femme-homme dans la Constitution en 1981, ainsi que les grandes grèves des femmes de 1991 et 2019, années où un demi-million de manifestantes sont descendues dans la rue en Suisse.

Dix revendications

À l’échelle nationale, le collectif a tenu ses assises samedi. Le manifeste qui en a éclos développe dix revendications, notamment la refonte de l’AVS via un système à un seul pilier, le renforcement de la loi sur l’égalité, un congé parental d’au moins un an par personne et par enfant, des mesures systématiques de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ou encore le droit à l’avortement libre et gratuit.

La veille, pour son premier discours au Conseil de sécurité de l'ONU à New York, le président de la Confédération Alain Berset a rappelé que les femmes sont incontournables pour une paix durable.

«La paix durable sera construite par et avec les femmes, ou n'existera simplement pas», a-t-il affirmé lors d'un débat pour anticiper les 25 ans, dans deux ans, de la résolution «Femmes, paix et sécurité.»

«La parole s'est libérée»

La nouvelle conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider ne trouve elle pas triste qu'il faille revenir chaque année sur la situation des femmes. «La première fois que j’ai pris part à une grève féministe, c’était en 1991. Cela paraissait presque un peu exotique. Depuis lors, la parole s’est libérée, par rapport aux parcours de vie, mais aussi pour dénoncer des souffrances, que ce soit avec le mouvement #MeToo, le travail d’introspection au sein de l’Eglise ou ailleurs. Il faut maintenir cette journée», a -t-elle affirmé.

La ministre de la justice n'exclut d'ailleurs pas de participer à la prochaine grève des femmes. «Je ne sais pas encore, mais possiblement, si ma participation a du sens et qu’elle peut être utile à la cause, justement», a-t-elle déclaré.

«Beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire – restons dans le coup!», a tweeté pour sa part sa collègue, la ministre de la Défense Viola Amherd.

Femmes au Parlement suisse

Pour la première fois en Suisse, la présidence du Conseil des Etats est entièrement féminine, a salué mercredi Brigitte Häberli-Koller (Centre/TG). «Cette constellation est une première dans notre pays», a-t-elle déclaré, faisant référence à ses vice-présidentes Eva Herzog (PS/BS) et Lisa Mazzone (Vert-e-s/GE).

Si la part de femmes au National est de 42%, elle ne s'élève qu'à 28% au Conseil des Etats, a noté la présidente. Elle espère que de nombreuses femmes vont être candidates et élues lors des élections fédérales de cet automne.

Le canton de Neuchâtel fait mieux également: la part des femmes représentées dans les commissions, sous-commissions, conseils, organes et groupes de travail nommées par le Conseil d'Etat progresse. A la fin 2022, la représentation féminine atteignait 41%, soit une progression de 10 points par rapport à la précédente législature.

Utilisation de balles en caoutchouc à Bâle

Des affrontements avec la police ont eu lieu Bâle lors de la manifestation qui a mobilisé environ 150 personnes. La police a fait usage de balles en caoutchouc.

La manifestation, dédiée la «Journée de lutte féministe queer», n'avait pas été autorisée par les autorités. La police s'est d'abord rendue avec un grand nombre d'agents au point de départ prévu, la Barfüsserplatz, et l'a bouclée, a observé une journaliste de l'agence de presse Keystone-ATS sur place.

Les manifestants ont toutefois évité la Barfüsserplatz et se sont regroupés à la place Saint-Pierre. La police y a encerclé les participants, avant que des débordements ne produisent, entraînant l'usage de balles en caoutchouc. La police a procédé à des contrôles d'identité.

Spray au poivre à Winterthour

Des rassemblements non autorisés se sont aussi produits à Winterthour (ZH) et Berne. Dans la Ville fédérale, quelque 500 personnes ont manifesté. Aucun incident n'avait été signalé vers 22h.

A Winterthour, environ 200 personnes, en majorité des femmes, ont manifesté pacifiquement, avant que quelques individus tentent de forcer un barrage des forces de l'ordre, a annoncé la police municipale. Celle-ci a fait usage de spray au poivre, et le rassemblement a fini par se disperser. Les dégâts sont mineurs.

Vaud, action en rouge

L'antenne vaudoise du Syndicat suisse des services publics (SSP-Vaud) a profité du 8 mars pour relancer sa campagne «#encolèretantquilfaudra». Les enseignantes et enseignants étaient invités à s'habiller en rouge pour dire stop aux inégalités dans les écoles et ailleurs. Cette action se répétera chaque mercredi au moins jusqu'au 14 juin.

C'est dans l'enseignement primaire, où les femmes représentent 90% du corps enseignant, que les salaires sont les plus bas. Le travail à temps partiel reste en outre plus répandu chez les femmes, ce qui a un impact important non seulement sur le salaire, mais aussi sur les retraites.

Le syndicat Unia a soutenu pour sa part les actions dans les entreprises. «Les femmes sont prêtes pour la grève du 14 juin, car ces dernières années, les choses ont reculé pour ce qui est des salaires, des rentes et de la répartition du travail rémunéré et non rémunéré», ajoute encore Unia.

Une étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montre que les revendications salariales des syndicats ne sont de loin pas dénuées de fondement. La Suisse a perdu six places en un an dans un classement international de l'égalité professionnelle et se retrouve au 20e rang des 33 pays évalués par l'OCDE.

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