Alors que la conférence au Bürgenstock approche
«Les propriétaires veulent me chasser!» Ce restaurateur part en guerre contre de puissants Qataris

Le gérant d'un restaurant de montagne est en conflit avec les propriétaires qataris d'un complexe de luxe. Au cœur de l'affaire: des factures impayées et les rénovations d'un funiculaire qui bloquent l'activité de son établissement.
Publié: 02.06.2024 à 10:13 heures
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Dernière mise à jour: 02.06.2024 à 10:31 heures
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Au sommet des Alpes uranaises, deux toilettes mobiles trônent majestueusement. Elles sont là parce que 150 mètres plus haut, le restaurant de montagne Hammetschwand a fermé temporairement.
Photo: Thomas Meier
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Peter Aeschlimann et Thomas Meier

Au bout du Felsenweg, au sommet des Alpes uranaises, deux toilettes mobiles trônent majestueusement. Elles sont là parce que 150 mètres plus haut, le restaurant de montagne Hammetschwand a fermé temporairement à cause d'un conflit qui fait rage depuis des années au Bürgenstock.

«Les propriétaires qataris veulent me chasser de la montagne», explique d'entrée de jeu Alois Amstalden, gérant du restaurant depuis douze saisons. L'ambiance autour de lui, où un brouillard épais colle aux parois rocheuses environnantes, est aussi morose que les pensées du restaurateur: «C'est vraiment triste», se plaint-il, malgré la majesté des alentours et une vue de rêve sur le lac des Quatre-Cantons, le Rigi et le Stanserhorn.

Pour l'instant, l'entrepreneur de 63 ans ne voit, lui, que les volets de son restaurant. Seul un distributeur de friandises ou du cidre doux est à disposition des clients.

Alois Amstalden loue le restaurant aux exploitants du Bürgenstock Resort, lesquels seraient responsables de la situation, explique le gérant. Et un funiculaire est au centre du conflit. Il relie deux mondes: celui des randonneurs en haut, et plus bas, celui du luxe et des ambiances feutrées.

Aujourd'hui, son restaurant n'est plus rentable

Tout comme le restaurant de montagne, le funiculaire qui relie ces deux mondes fait partie du Bürgenstock Resort. L'entretien de cette installation est complexe et coûteux. Or pendant les contrôles et les travaux de révision, le restaurant a été mis à l'arrêt quatre fois au cours des cinq dernières années. Conséquences: le chiffre d'affaires de l'établissement a chuté.

Sur son site Internet, le restaurateur parle de «problèmes persistants». Le fonctionnement peu fiable du funiculaire a fini par rendre impossible toute activité économique. Depuis, le restaurant est fermé jusqu'à nouvel ordre.

La situation s'est même aggravée l'année dernière. En effet, un hélicoptère a livré comme d'habitude les boissons en altitude pour le début de saison. Mais à peine un jour plus tard, les travaux de sécurisation de la roche ont commencé. L'exploitation a donc été suspendue pour trois mois.

Avec un cinquième des visiteurs, le restaurant n'est aujourd'hui plus du tout rentable. Le personnel a même dû ravitailler l'établissement à pied: «Une aberration!» lance Alois Amstalden.

Le restaurant de montagne est aujourd'hui resté fermé pendant toute la durée des travaux de remise en état. Les produits dont la date de péremption était proche ont dû être éliminés, mais les salaires du personnel ont tout de même été versés.

Alois Amstalden affirme par ailleurs n'avoir jamais reçu de dédommagement ou de réduction de loyer. Il ne comprend pas pourquoi cet entretien n'est pas effectué pendant l'intersaison, comme pour toutes les remontées mécaniques.

Une conférence de paix au coeur d'une guerre

Alois Amstalden ne voit pas non plus d'un bon œil la conférence de paix qui se tiendra dans deux semaines au Bürgenstock, car toute la montagne sera fermée pendant l'événement. Lorsqu'il a appris les projets de la Confédération, il a tenté de s'y opposer. Mais son avocate l'en a dissuadé, car il n'avait aucune chance de voir sa demande aboutir.

Le gérant est aujourd'hui convaincu que les propriétaires qataris du Bürgenstock Resort veulent se débarrasser de lui: «On me fait fuir et on me mène la vie dure depuis des années.» L'offre du restaurant ne correspondrait pas au concept de luxe attendu du Bürgenstock.

Et le bras de fer entre les deux parties fait actuellement rage au tribunal au sujet d'une éventuelle indemnisation. Si un accord est trouvé, Alois Amstalden remettra les clés de l'établissement. Toutefois, un accord doit encore être trouvé concernant plusieurs centaines de milliers de francs.

Ces batailles juridiques coûtent cher et beaucoup auraient sans doute abandonné depuis longtemps. Mais Alois Amstalden ne se laisse pas démoraliser: «Si les Qataris pensent pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement, ils ont vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué.»

Le Bürgenstock Resort n'a pas souhaité s'exprimer en raison de la procédure en cours. Une porte-parole a simplement fait savoir qu'il y avait des «échanges permanents» avec le restaurateur et que l'on cherchait une solution qui soit dans l'intérêt de toutes les parties.

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