Agression pro-russe à Zurich
«Même en Suisse, nous ne sommes pas en sécurité en tant qu'Ukrainiens»

Trois étudiants ukrainiens se promenaient au centre-ville de Zurich samedi dernier, au soir de la Street Parade. Ils ont été agressés par un Russe et un Biélorusse. Une enquête a été ouverte.
Publié: 18.08.2022 à 12:06 heures
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Dernière mise à jour: 18.08.2022 à 21:10 heures
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Dans la nuit de samedi à dimanche, Sofia Sukach, Denys Sharlai et Yana Sonchkivska (de gauche à droite) sont agressés dans le quartier de Niederdörfli, en plein coeur de Zurich.
Photo: Sebastian Babic
Nicolas Lurati, Sebastian Babic

Le drame s'est produit en pleine ville de Zurich, le soir de la Street Parade. Sofia Sukach, Denys Sharlai et Yana Sonchkivska, tous trois âgés de 20 ans, se promènent dans le quartier du Niederdörfli. Ils y seront agressés.

Ces Ukrainiens étudient le journalisme à l'université de Zurich, dans le cadre d'un programme d'échange. Le trio n'est en Suisse que depuis le printemps. Auparavant, ils vivaient tous à Kiev avant de quitter leur capitale pour la Suisse en raison de la guerre. Ils pensaient y être en sécurité. Jusqu'à cette soirée qu'ils n'oublieront pas.

Avant leur terrible expérience, ce samedi soir, ils préparaient des muffins chez Yana Sonchkivska et regardaient un film. «Nous avons ensuite décidé d'aller en ville, raconte Sofia Sukach. Nous voulions nous faire une idée de ce que serait Zurich après la Street Parade.»

Une mauvaise rencontre avec un duo russo-biélorusse

Plus tard dans la soirée, le trio rencontre deux hommes. «Nous parlions tous les trois ukrainien, raconte Sofia. Les deux hommes parlaient entre eux en russe ou en biélorusse, nous n'étions pas tout à fait sûrs.» Puis les deux ont rejoint le trio afin de leur préciser dans leur langue qu'ils parlaient bien le russe.

Les deux hommes demandent alors si les trois compères s'expriment en ukrainien. «Nous avons répondu par l'affirmative», poursuivent-ils. L'un des deux hommes aurait affirmé qu'il venait de Moscou et l'autre de Biélorussie.

Dans un premier temps, une discussion objective et pacifique a cours entre les deux groupes. Il est question de la guerre. Alors que Sofia est engagée dans une conversation avec le Biélorusse, une phrase clé est soudain prononcée: «J'ai dit que je faisais des études de journalisme pour diffuser la vérité, au contraire de la propagande russe. Cela les a mis très en colère», rapporte-t-elle.

La victime a un trou de mémoire

Soudain, tout s'accélère. «Il m'a poussée contre un mur, raconte l'Ukrainienne, je tremblais de peur.» La suite n'est plus claire: «Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé.»

Ses amis lui racontent plus tard qu'elle s'est tenue contre le mur et qu'elle pleurait en demandant à son agresseur de s'en aller. Ils se sont alors précipités à son secours. «Le Biélorusse était très agressif», raconte Yana Sonchkivska. Il aurait ensuite demandé à Denys s'il était aussi ukrainien avant de le frapper à l'épaule.

Afin de conserver des preuves de l'agression, Yana filme la scène. «Je l'ai dit aux deux homme, assure-t-elle, je ne leur ai pas caché que j'allais alerter la police et que tout le monde sur Internet pourrait voir l'agression qu'ils menaient.»

«Allez crever»

Cet enregistrement vidéo n'est alors pas du tout apprécié par l'agresseur. «Il a essayé de casser mon téléphone. Il m'a dit de reculer et d'aller crever.» Denys aurait aussi été frappé au visage à ce moment-là.

Après cet incident traumatisant, le groupe rentre chez lui, les agresseurs ayant pris la fuite. «Nous avions une vidéo en guise de preuve et nous avons décidé d'attendre le lendemain avant de savoir ce que nous allions faire.»

Le lundi, le trio se rend au poste de la police cantonale à la gare de Zurich. «Les policiers ont été très gentils avec nous», raconte Sofia Sukach. «Ils nous ont dit que que c'était une bonne chose de signaler ce cas à la police.» Interrogée par Blick, la police cantonale zurichoise confirme qu'une plainte a été déposée et qu'elle est également en possession de la vidéo. Une enquête est en cours.

Malgré tout, les trois étudiants ne sentent pas rassurés. «Même en Suisse, nous ne sommes pas en sécurité en tant qu'Ukrainiens», déplorent-ils.

(Adaptation par Thibault Gilgen)

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