Aglaë Strachwitz, la boss des McDo suisses
«Nous ne sommes pas responsables des kilos Covid»

Les Suisses ont pris en moyenne 3,3 kilos pendant la pandémie. En tant que plus grand traiteur et fournisseur de fast-food du pays, McDonald's est peut-être aussi responsable de cette situation. La patronne nationale Aglaë Strachwitz accorde une interview à Blick.
Publié: 20.09.2021 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 21.09.2021 à 19:26 heures
Aglaë Strachwitz est directrice générale de McDonald's Suisse depuis un peu plus d'un an.
Photo: Philippe Rossier
Sarah Frattaroli (interview), Daniella Gorbunova (adaptation)

Les restaurants McDonald's connaissent eux aussi leur lot de difficultés avec la pandémie. Au niveau mondial, les ventes ont chuté de 10% et les bénéfices de 20%. La Suisse a cependant été moins touchée par ces baisses puisque les confinements ont été plus courts qu'à l'étranger. Mais les problèmes continuent.

Le dernier en date? L'extension du certificat Covid. Ainsi, quiconque n'est pas vacciné, guéri ou testé doit se passer de son burger, confirme Aglaë Strachwitz dans une interview accordée à Blick. La directrice suisse de McDonald's est responsable de 170 restaurants et drive-in en Suisse, emploie près de 8000 personnes et en nourrit 300'000 chaque jour.

«Sommes-nous heureux que l'obligation du certificat ait été introduite? demande rhétoriquement la patronne du plus grand fast-food du pays. Bien sûr que non.» Car McDonald's craint également que le certificat ne fasse fuir ses clients, tout en admettant volontiers la responsabilité qui incombe à la chaîne: «Nous sommes un élément important de la gastronomie en Suisse. Par conséquent, nous devons jouer un rôle dans la lutte contre le virus.»

Des «videurs Covid» et des files d'attente

Depuis lundi dernier, la chaîne a posté des employés à l'entrée de ses restaurants pour contrôler les certificats. Mais la directrice ne veut pas parler de «videurs Covid»: «Je parlerais plutôt d'un accueil.» Comme seules les personnes mangeant sur place doivent disposer d'un certificat, le code QR est uniquement scanné uniquement aux places assises.

McDonald's s'attribue donc un rôle crucial dans la politique actuelle de lutte contre la pandémie, non seulement en tant que restaurateur, mais aussi en tant qu'employeur. Ses quelque 8000 employés sont de 125 nationalités différentes. Or, le taux de vaccination est plus faible chez les personnes issues de l'immigration, comme on le sait.

Mais Aglaë Strachwitz refuse de mettre la pression sur son personnel: «Nous ne pointons pas les individus du doigt.» Elle ne pense pas devoir encourager ses employés à se faire vacciner. Cependant, ceux qui le souhaitent peuvent le faire pendant les heures de travail. «Tous les employeurs n'offrent pas cela», se targue-t-elle.

Elle défend les employés qui doivent demander le certificat Covid aux clients. Aux heures de pointe, à midi et après le travail, des files d'attente se forment souvent à l'entrée des établissements de restauration rapide. La grande patronne nationale demande de faire preuve de compréhension. «L'employé qui vérifie les certificats n'est pas responsable de la pandémie, martèle-t-elle. Mon souhait est que nous nous traitions tous mutuellement avec respect.»

Elle refuse ainsi qu'on accuse le McDonald's des problèmes liés à la pandémie. Si les Suisses ont pris en moyenne 3,3 kilos pendant la pandémie, Aglaë Strachwitz se montre très claire: elle tient à réfuter le rôle des fast foods dans ce phénomène et à rappeler qu'ils sont un acteur important de la gastronomie suisse, malgré les changements d'habitudes liés au Covid.

Vous servez des hamburgers dès le petit-déjeuner. Maintenant qu'il y a de plus de plus en plus de home office, avez-vous supprimé ce premier repas?
Non, en aucun cas! Mais bien sûr, nous ressentons le changement d'habitudes. Les personnes qui travaillent à domicile sont moins susceptibles de prendre un café à emporter. Mais je ne crois pas que les gens ne veuillent plus prendre le petit-déjeuner à l'extérieur sur le long terme. À l'avenir, nous nous déplacerons simplement de manière plus hybride entre notre domicile, le bureau et le restaurant.

McDelivery fonctionne toujours très bien. Dans quelle mesure le service de livraison contribue-t-il aux ventes?
Nous ne divulguons pas nos chiffres d'affaires en Suisse. Mais c'est vrai: nous avons connu un boom. Lorsque la pandémie a éclaté, 45 de nos 170 restaurants proposaient la livraison. Aujourd'hui, il y en a 100. L'offre de livraison nous amène de nouveaux clients: des personnes qui, autrement, n'auraient jamais croqué dans un Big Mac. Désormais, les gens commandent plus facilement des frites et des hamburgers au lieu d'une pizza.

Vous voulez passer de 170 à 200 restaurants en Suisse dans les dix ans. Votre concurrent Burger King désire également s'étendre, passant de 60 à 100 restaurants. Y a-t-il de la place pour autant de fast-food en Suisse?
Absolument! La population augmente et devient plus mobile: nous avons besoin de plus de nourriture rapide et de qualité. La gastronomie se mue de plus en plus vers des services de vente à l'emporter et de livraison. L'offre augmente rapidement. Et c'est une bonne nouvelle pour les Suisses, car ils auront plus de choix!

Le fast-food est-il censé être de la nourriture de qualité, comme vous l'affirmez? Car plus de restauration rapide signifie aussi plus de calories à portée de main. Nous avons pris en moyenne 3,3 kilos pendant la pandémie...
En tant que marque de restaurants la plus populaire de Suisse, nous avons naturellement une responsabilité sociale. Mais nous ne sommes pas responsables des kilos Covid.

Cette affirmation n'est-elle pas paradoxale?
Notre responsabilité première est celle d'offrir du plaisir et de communiquer de manière transparente sur ce que contiennent nos produits. C'est à chacun d'entre nous de l'intégrer convenablement dans sa propre vie. J'adore manger de la fondue et de la raclette. Mais je ne tiens pas l'industrie du fromage pour responsable si je dois faire plus de sport à cause de cela.

Et comment gérez-vous les montagnes de déchets produits dans vos restaurants?
Notre restaurant pilote environnemental à Hendschiken (AG) sert d'exemple. Nous y réduisons les emballages et surtout le plastique qu'ils contiennent. Par exemple, nous n'offrons plus de pailles avec les boissons. L'année prochaine, nous étendrons ce programme à tous nos restaurants. Et d'ici 2025, le plastique neuf disparaîtra complètement des Happy Meal.

Attendez. Ça veut dire qu'il n'y aura plus de jouets pour enfants?
Si, bien sûr! Mais uniquement à partir de matériaux durables ou recyclés. Récemment, par exemple, nous avons offert des cartes Pokémon, qui ont eu un succès absolu auprès de mes neveux! Ne vous inquiétez pas, le Happy Meal restera amusant.

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