Accidents et décès sur les voies
Les cheminots exigent plus de mesures de sécurité des CFF

Les accidents graves ou mortels sur les voies des CFF continuent de se produire et inquiètent les travailleurs. Le Syndicat du personnel des transports (SEV) exige désormais des mesures concrètes de la part des dirigeants pour améliorer la sécurité du personnel.
Publié: 30.10.2022 à 10:57 heures
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Dernière mise à jour: 30.10.2022 à 11:15 heures
De nouveaux accidents continuent de se produire sur les chemins de fer suisses. Le Syndicat du personnel des transports exige désormais que des mesures concrètes soient prises.
Photo: Keystone
Thomas Schlittler

C’est un triste bilan pour les CFF: de janvier à septembre de cette année, trois personnes sont mortes à la suite d’accidents sur des chantiers ferroviaires, trois autres ont été grièvement blessées et un homme a perdu la vie lors d’une manœuvre.

Début octobre, le directeur général des CFF, Vincent Ducrot, s’était adressé aux 4000 employés qui travaillent sur et à côté des voies ferrées: «J’ai attiré l’attention sur le fait qu’il est extrêmement important de ne jamais relâcher son attention et perdre de vue les potentiels dangers – même si l’on travaille depuis de nombreuses années à proximité des voies.»

Depuis cette prise de parole, les accidents n’ont toutefois pas cessé.

Les cheminots en ont assez

Ces deux dernières semaines, quatre accidents graves se sont à nouveau produits lors de travaux à proximité des voies. Sur un chantier des CFF dans le canton de Neuchâtel, deux employés d’une entreprise tierce travaillant pour les CFF ont dû être hospitalisés en l’espace de quelques jours. À Altdorf, dans le canton d’Uri, un technicien a dû être héliporté à l’hôpital après avoir été gravement brûlé lors d’un contact avec une ligne à haute tension. À Bienne, un grave accident s’est produit à la gare de triage.

Cette fois-ci, les cheminots en ont assez. Fini la compassion et les avertissements auprès de leurs supérieurs: les travailleurs exigent désormais une discussion immédiate avec la direction des CFF. Cette semaine, le Syndicat du personnel des transports (SEV) a d’ailleurs envoyé une lettre à Peter Kummer, responsable de l’infrastructure aux Chemins de fer fédéraux. Dans ce courrier, que Blick a pu se procurer, les représentants du personnel listent de possibles causes de ces problèmes de sécurité.

Vincent Ducrot, directeur des CFF, a appelé les collaborateurs travaillant à proximité des voies de rester vigilants malgré leur expérience.
Photo: Keystone

Un meilleur contrôle des entreprises tierces

Le SEV relève deux problèmes majeurs: le fait que les entreprises tierces travaillent souvent «de manière totalement incontrôlée» sur les chantiers des CFF, et que les «entreprises sans expérience dans le domaine ferroviaire» sont autorisées à travailler sur et à côté des voies avec trop peu de directives.

Les syndicalistes exigent donc un «contrôle immédiat» des appels d’offres et des adjudications liés au thème de la sécurité. «Il est inadmissible que des entreprises qui n’ont pas de personnel qualifié ou d’expérience dans le domaine ferroviaire concerné obtiennent des contrats», peut-on lire dans la lettre des travailleurs.

Les cheminots critiquent en outre le fait que les collaborateurs des CFF soient toujours plus chargés de systèmes, d’outils de travail, de processus et de formulaires supplémentaires. «Ce qui est important et ce qui ne l’est pas devient de plus en plus flou, écrit encore le SEV. Nous partons du principe que la situation actuelle peut nuire à l’attention en matière de sécurité.»

Les CFF sont prêts à discuter

Pour obtenir gain de cause, les syndicalistes demandent une réunion de crise avec les responsables des CFF. «Il ne s’agit pas de rejeter la faute, mais d’améliorer le plus rapidement possible la sécurité pour tous les collègues.»

Interrogés par Blick à propos de cette lettre, les CFF se disent prêts à discuter: «Nous rencontrerons le SEV le 1er novembre 2022 et discuterons également du contenu de la lettre reçue», assure le service de presse.

L’entreprise rejette toutefois catégoriquement le reproche selon lequel les CFF n’assumeraient pas leur devoir de diligence auprès d’entreprises tierces. «Nous investissons énormément dans la sécurité de nos chantiers.» La compagnie ferroviaire précise encore qu’elle continue à former et à sensibiliser le personnel, y compris celui des entreprises tierces. Les CFF expliquent la multiplication des accidents par le fait que l’on construit beaucoup en ce moment.

Urs Huber, responsable du secteur Infrastructure du syndicat des cheminots attend davantage de la part de la direction.
Photo: Keystone

Pour les syndicalistes, ces explications ne suffisent plus. «Cela ne peut pas continuer ainsi», rouspète Urs Huber, responsable du secteur Infrastructure au SEV. Après la survenue de ces lourds événements, ces justifications ne suffisent plus.

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