De l’huile s’écoule sur la chaussée, des morceaux de tôle et des éclats de verre parsèment le goudron du tunnel du Gothard. Le bus du club Torpedo Ladenburg est complètement détruit. Les images de l’accident survenu lundi dans le tunnel du Gothard et qui a provoqué un long bouchon sont choquantes. «Et au milieu de ce chaos, il y avait des personnes lourdement handicapées que personne ne pouvait aider», assène Paul Emmering.
Il est le président du Torpedo Ladenburg, une équipe de powerchair hockey de Heidelberg, une discipline de handisport où les athlètes sont sur des fauteuils électriques. Ces derniers ont été huit fois champions d’Allemagne. Le club de Torpedo a remporté plus de 30 titres.
Lundi dernier, l’équipe entamait un voyage vers la Toscane pour un tournage vidéo avec des sponsors. L’équipe avait également prévu quelques jours de vacances.
Une collision frontale évitée de justesse
Sur le chemin de l’Italie, le bus de l’équipe doit passer par le tunnel du Gothard. «Notre chauffeur a soudain remarqué qu’une voiture circulant sur la voie opposée se déportait de plus en plus de notre côté», raconte le président dans un entretien avec Blick. Le chauffeur de bus commence alors à klaxonner, mais l’automobiliste ne réagit pas assez vite. Ce n’est qu’au dernier moment qu’il tourne le volant, évitant ainsi une collision frontale. Mais le choc est tout de même violent.
En très peu de temps, la police et les pompiers arrivent sur le lieu de l’accident: «Mais, nous avons rapidement rencontré les premiers problèmes, car les fonctionnaires tessinois ne parlaient qu’italien.» Heureusement, la rampe pour fauteuils roulants fonctionne encore. Les victimes peuvent ainsi descendre du bus.
Pas de transport adapté
Mais personne ne sait comment les personnes en situation de handicap pourront sortir du tunnel. Impossible de trouver un bus adapté. «Nous avons dû expliquer à maintes reprises que nous ne pouvions pas quitter nos fauteuils roulants et qu’il n’était pas possible de les soulever facilement – un tel fauteuil pèse environ 250 kilos», explique Paul Emmering. En cas d’urgence, les pompiers mettent généralement à disposition un véhicule avec grue hydraulique afin de pouvoir soulever les personnes et les installer dans une camionnette.
Le service de secours Tre Valli Soccorso, appelé lors de l’intervention, fait savoir à Blick qu’il ne dispose pas de tels véhicules. C’est pourquoi, pour des raisons de sécurité, il a été décidé d’évacuer les victimes avec l’aide des pompiers.
Des amis ramènent le groupe à la maison
L’équipe de hockey a été emmenée du côté tessinois. Par hasard, un véhicule adapté aux personnes en situation de handicap se trouve à proximité et permet de transporter les deux blessés à l’hôpital. Pour les autres, il n’y a pas de solution. «Les agents ont dit qu’ils pouvaient nous emmener à l’hôtel. Pour le reste, nous avons dû nous organiser nous-mêmes. J’ai eu l’impression qu’ils étaient dépassés par la situation», explique le président de l’équipe. Les personnes en fauteuil roulant électrique sont certes une minorité, mais sont bien présentes dans notre société. «Que personne ne se sente responsable, je trouve cela choquant.»
Finalement, Paul Emmering contacte des amis dans son pays d’origine. Ceux-ci partent de Heidelberg pour le Tessin avec deux bus équipés et viennent y chercher l’équipe. Les deux personnes hospitalisées peuvent également prendre le chemin du retour. «Ils n’étaient heureusement que légèrement blessés – mais imaginez qu’ils aient été gravement blessés. Je ne sais pas comment les autorités auraient alors réagi», souligne le président.
Les autorités ont-elles été dépassées?
Le service de secours compétent affirme avoir essayé de trouver des solutions. Mais de nombreuses demandes auprès de services partenaires seraient restées sans résultat. «A ce moment-là, notre officier sanitaire en chef s’est efforcé, avec l’officier des pompiers, de trouver une possibilité d’hébergement pour la nuit et d’y accompagner les personnes.»
Habituellement, les personnes en fauteuil roulant peuvent être transportées sans problème, poursuit le service de secours. «Le fait qu’un patient, selon ses propres indications, ne puisse être transporté que dans son fauteuil et ne puisse pas être placé sur une civière n’est encore jamais arrivé au cours des 22 dernières années d’activité», précise le service de sauvetage.
La mission première consiste à sauver des vies. «Bien sûr, nous essayons aussi de tenir compte des besoins – mais nos moyens sont limités.» Après ce grave accident, l’avenir immédiat de l’association est en suspens. L’équipe devra probablement annuler sa participation à un tournoi prévu en Italie.