Accès à la propriété, épargne, pouvoir d'achat...
Le rêve d'une vie prospère s'effrite à vue d'œil pour les Suisses

La Suisse fait partie des pays les plus riches du monde et ceux qui y travaillent sont censés profiter d'une vie prospère. Du moins, en théorie. En pratique, ce mythe s'est brisé au fil des ans. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui souffrent financièrement.
Publié: 06.03.2024 à 10:54 heures
1/7
Pour les ménages aux revenus les plus bas, il est de plus en plus difficile de mettre de l'argent de côté.
Photo: Keystone
RMS_Portrait_AUTOR_377.JPG
Martin Schmidt

De nombreuses personnes en Suisse gagnent aujourd'hui moins qu'il y a quelques années. Les augmentations de salaire dans de nombreux secteurs sont à la traîne par rapport à l'inflation. Et les primes d'assurance maladie ne sont même pas prises en compte dans les chiffres de l'inflation.

Le mythe de la prospérité en Suisse vacille plus que jamais. Et considérablement, comme le montrent toute une série de chiffres. Il n'est donc pas surprenant que les personnes à très bas revenus aient majoritairement voté en faveur d'une 13e rente AVS.

Le pouvoir d'achat a fondu

Si l'on inclut les augmentations de primes dans l'assurance de base, l'évolution est particulièrement brutale. Ainsi, selon les calculs effectués l'automne dernier par l'économiste Fabio Canet, un ménage moyen en Suisse a perdu 6,1% de son pouvoir d'achat depuis 2001. Cette année, les primes ont même encore augmenté, en moyenne de 8,7%. Pour les revenus plus faibles, la hausse des primes d'assurance maladie – et des loyers – est particulièrement importante.

Le taux d'épargne s'est effrité

Pour les ménages aux revenus les plus bas, il est de plus en plus difficile de mettre de l'argent de côté. Leur taux d'épargne a continuellement baissé au cours des 15 dernières années. Pour beaucoup, les vacances, l'achat d'une voiture ou d'autres dépenses importantes deviennent donc de plus en plus inaccessibles.

Mais cela passe volontiers inaperçu lorsqu'on regarde le taux d'épargne, tous niveaux de revenus confondus. Celui-ci augmente la plupart du temps avec la hausse des salaires dans les ménages à hauts revenus.

Le rêve de devenir propriétaire s'est envolé

Autre preuve que la prospérité helvétique, autrefois flamboyante, est désormais chancelante: le taux de logements en propriété. Alors que les Suisses étaient nombreux à être propriétaire de leur logement jusqu'en 2015, ce taux a chuté depuis, passant de 38,4% à un peu plus de 36%.

Cette régression s'explique par les prix de l'immobilier, qui augmentent nettement plus vite que les salaires. Désormais, seuls environ 3% de la population gagnent aujourd'hui suffisamment pour pouvoir acheter une propriété d'une valeur moyenne de 1,1 million de francs. Cela montre que même pour les ménages à hauts revenus, le rêve de devenir propriétaire devient de moins en moins réaliste.

Le fossé entre les classes s'est creusé

La fortune moyenne par habitant, déduction faite des dettes, est estimée à 606'000 francs. La fortune médiane est, elle, estimée à 148'000 francs par habitant. Ce sont donc les plus riches du pays qui distancent de plus en plus rapidement les citoyens ordinaires.

Les 1% les plus fortunés réunissent donc près de 45% de l'ensemble des biens. La moitié la plus pauvre de la population ne possède, elle, que 4% de la richesse nette du pays.

L'accès aux études supérieures reste inégal

En matière de mobilité sociale, la Suisse fait plutôt pâle figure en comparaison internationale, comme le montrent les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS). À peine 27% des enfants issus de familles peu instruites font des études. À titre de comparaison, ils sont 70% dans les familles d'universitaires. La sélection précoce dans les écoles suisses est considérée comme l'une des raisons.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la